INTERBIBLE
Une source d'eau vive
la lampe de ma vie bible et culture coups de coeurau fémininjustice socialeRencontres de foi
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Coups de coeurs
  image
Imprimer

chronique du 5 février 2001

 

Et si Dieu aimait fêter ?

Si je vous disais : « Fermez les yeux, et imaginez que vous voyez Dieu », quelle est la première image qui vous viendrait? Quel est le « portrait de Dieu » qui vous vient spontanément à l'esprit?

     Ma suggestion vous fait peut-être sourire mais, croyez-moi, elle n'est pas loin de l'aspiration profonde de bien des gens. Mon expérience de cinq ans (1993-98) à la direction du Centre d'information sur les nouvelles religions m'a laissé quelques convictions sur la recherche spirituelle d'aujourd'hui. L'une d'elles est que beaucoup de personnes cherchent, sans trop savoir l'exprimer, à rencontrer ou à voir Dieu. Et elles cherchent dans toutes les directions, faisant confiance à toutes sortes d'auteurs ou de soi-disant maîtres, parfois imprudemment.

      Chaque fois que j'y pense, je ne peux faire autrement que me rappeler la demande de l'apôtre Philippe à Jésus, au soir du Jeudi Saint: « Seigneur, montre-nous le Père; cela nous suffit. » (Évangile selon saint Jean, chap. 14, verset 8). En côtoyant Jésus, Philippe avait appris où se situait l'essentiel: voir Dieu comblerait ses attentes. Mais, comme les autres, il n'avait pas encore compris comment Dieu se donnait à voir. Jésus lui répond: « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m'a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire 'Montre-nous le Père'? »

      Voir Jésus, c'est voir Dieu. C'est peut-être une des façons les plus succinctes de résumer cette « Bonne Nouvelle » qu'on annonce depuis 2000 ans. Pour trouver le visage de Dieu, nul besoin de chercher dans les doctrines cachées, dans les messages célestes ou dans les enseignements ésotériques; il n'est pas nécessaire de faire de longues études ou de passer à travers de dures épreuves ou de grandes ascèses. Non, Dieu a pris l'initiative de se montrer, « à visage découvert». Il nous suffit d'ouvrir l'Évangile pour commencer à le contempler.

      À mon avis, c'est saint Jean qui, dans son évangile et ses lettres, nous le dit de la façon la plus touchante: « Ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c'est le Verbe, la Parole de la vie. » (1ère lettre de Jean, ch. 1, v.1) « Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire. » (Évangile de Jean, ch. 1, v. 14).

      C'est ce même saint Jean qui termine en disant... qu'il ne nous a pas tout dit! « Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. (...) S'il fallait rapporter chacune d'elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l'on écrirait ainsi. » (Évangile de Jean, ch.20, v.30 et ch. 21, v.25) Jean nous assure cependant qu'il a choisi avec soin les épisodes qu'il a retenus; il les a sélectionnés, dit-il, « afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom » (ch.20, v.31).

      De fait, quand on lit l'évangile de Jean, on remarque vite qu'il contient beaucoup moins d'événements que les trois autres. Tout est choisi avec soin, bien préparé et bien commenté. On commence par un magnifique prologue: « Au commencement était le Verbe (la Parole de Dieu)... Et le Verbe s'est fait chair... Et nous avons vu sa gloire. » Et le premier chapitre se continue avec Jean Baptiste qui annonce que Jésus est l'Agneau de Dieu. Quelques-uns de ses disciples manifestent tout de suite de l'intérêt pour Jésus, qui leur lance l'invitation: « Venez et vous verrez. »

      Habile, ce saint Jean. Après ce premier chapitre, on a évidemment hâte de voir quel sera le premier événement qu'il a retenu pour nous montrer le vrai visage de Dieu, le Verbe incarné à l'oeuvre. Jésus sera-t-il au Temple, annonçant solennellement le Royaume de Dieu? Ou sera-t-il sur la montagne, devant une foule immense? Ou encore sur le bord de la mer ou du désert, pour proclamer le début d'une ère nouvelle?

      Surprise! Pour inaugurer la révélation du visage de Dieu à l'humanité, saint Jean choisit de montrer Jésus qui va aux noces avec sa famille et ses amis, à Cana, un petit village de Galilée, bien loin de Jérusalem et du Temple.

      Quelle image étonnante! Dieu qui fête! Dieu qui s'amuse! Dieu qui passe du bon temps avec sa famille et ses amis! Et même, Dieu qui « apporte son vin », qui intervient avec puissance et discrétion non pas pour faire cesser les réjouissances ou pour appeler à plus de sérieux, de modération et de retenue, mais qui fournit le meilleur vin pour permettre à la fête de continuer!

      Quel portrait de Dieu! Le Verbe éternel de Dieu s'incarne et le voilà qui chante, qui danse, qui rit et se réjouit du bonheur des siens! Le village est en fête et Dieu est venu à la fête!

      Bien sûr, la vie n'est pas toujours une fête et Jésus en fera vite l'expérience. Mais quand nous essayons de « voir Dieu » ou quand nous parlons de lui, n'oublions jamais ces noces de village, car « tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. » (Jean, ch.2 , v.11)

Bertrand Ouellet

Chronique précédente :
Recevoir le salut à bras ouverts