chronique du 16 juin 2006
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Le
chandelier La ménorah
placée devant la Knesset, à Jérusalem Face à la Knesset, le Parlement israélien, se dresse un imposant chandelier à sept branches (ménorah en hébreu). Il est très admiré. Cest pour le peuple juif un symbole de lumière, de foi et despérance (ainsi quil est écrit sur le piédestal du chandelier). Le chandelier est un traditionnel objet de culte. Au temps de Moïse, il était déjà présent dans la Tente de la Réunion, au désert (Ex 25,31-40). Il avait été confectionné, sur lordre de Dieu, afin de faire briller perpétuellement sa lumière dans le lieu saint (Lv 24,3-4). Mais sa présence navait pas seulement une utilité pratique. Il était avant tout un symbole, dont la signification se développera tout au long de lhistoire du peuple juif. La Bible décrit ce chandelier comme fabriqué en or pur. De sa base sélevait une tige verticale, dont sécartaient six branches, trois de chaque côté, le haut de la tige verticale constituant la septième branche. Chaque branche était ornée de représentations taillées de fleurs damandier et supportait une lampe. De lhuile dolive y était versée, que les prêtres renouvelaient chaque matin. Lorsque le peuple de Dieu sétablit
en Terre promise, le chandelier occupa une place privilégiée
voisine du lieu de la Présence de Dieu. Le Temple de Salomon, bâti
au Xe siècle avant J.-C., se composait de trois parties :
le vestibule extérieur, appelé « Ulam »;
un espace intermédiaire, le Saint, appelé « Hêkal »;
à lintérieur, le Saint des Saints, le « Débir »,
où lon situait la présence de Dieu. Or, cétait
dans le « Hêkal », sur le côté
sud, que se trouvait le chandelier, avec dautres objets du culte,
immédiatement devait le grand voile qui isolait le Saint des Saints.
Telle était encore la place du chandelier dans le Temple du temps
de Jésus. Ménorah
sculptée Un seul texte de la Bible, un passage du prophète Zacharie (4,1-14), évoque le symbolisme du chandelier : « Ces sept (lampes) sont les yeux de Dieu. Ils vont par toute la terre. » Les yeux de Dieu scrutent avec vigilance tout lunivers; mais, en même temps, le contexte fait allusion à la dépendance du peuple dIsraël à légard de Dieu, qui veille sur lui en toute circonstance. Naturellement Flavius Josèphe évoque lexcellence du chandelier, mais aussi les outrages et les vols dont il fut la victime, surtout de la part des Romains qui lemportèrent avec eux, ainsi que le montre encore actuellement le bas-relief de larc de Titus à Rome. Lauteur rapporte linterprétation symbolique qui avait cours à son époque : les sept lampes représentaient les planètes. Tandis que le soleil, la lampe du milieu, projette sa lumière dune manière directe, les autres planètes projettent la leur en dépendance du soleil. Cest le même symbolisme cosmique du chandelier que nous retrouvons chez Philon. Le même symbolisme apparaît aussi dans les écrits targumiques, qui sont une traduction paraphrasée des textes bibliques, et dont les commentaires rapportent des traditions anciennes. Ils y ajoutent toutefois des éléments nouveaux, tels que le symbolisme anthropologique : les sept lampes non seulement correspondent aux sept planètes, mais elles « sont comparables aux justes qui illuminent le monde de leurs vertus ». « Méditation »
ou « exposition » des Saintes Écritures,
la littérature midrashique approfondit ce symbolisme anthropologique :
elle affirme que le chandelier est comme le visage resplendissant des
justes, un objet pur qui brille devant la présence de Dieu. Représentation
de la ménorah Par ailleurs sy ajoute un élément fondamental : le chandelier témoigne de la présence de Yahveh au milieu de son peuple. Dans la Targum dOsée, le chandelier acquiert une interprétation nouvelle : il représente le peuple entier dIsraël, lequel croît comme une plante bien soignée et resplendit comme le chandelier du Temple. Après la destruction de Jérusalem en 70, les écrits rabbiniques ont proliféré, à commencer par la Mishna, dont le commentaire, le Talmud, apparaîtra aussi comme la codification écrite des traditions juives de la littérature midrashique. La littérature talmudique souligne le caractère sacré du chandelier et lui attribue une origine divine. Son interprétation symbolique cosmique est conservée : le chandelier est comparé au soleil. Mais, en outre, demeure la conviction quil est un symbole de la présence de Dieu, Lumière qui illumine constamment son peuple, comme il lavait illuminé pendant les quarante années de son cheminement à travers le désert. Pour Israël, mêlé aux autres peuples, le chandelier constitue une présence qui rassemble la communauté en une unité solide et la porte à reconnaître en Yahveh la lumière qui éclaire son chemin. Toute cette littérature forgée au cours des siècles, dans le déroulement de lexistence du peuple de Dieu, manifeste un désir profond daffirmer la présence de Dieu au milieu de son peuple. Pour symboliser cette présence, qui ne manifeste pas une présence passive mais une présence dynamique, puisquelle stimule une humanité faible à marcher sous la lumière divine. Le symbolisme cosmique transmis par ces textes juifs peut se résumer en une présence de Dieu-Lumière, omnisciente et universelle. Pour terminer, nous ne pouvons manquer de mettre en relief cette vision du chandelier comme figure du peuple dIsraël, parce quelle est importante pour linterprétation des versets 1,20 et 2,1-5 de lApocalypse, où les sept chandeliers dor sont explicitement identifiés avec les sept Églises dAsie, parties de lunique Église. Cette Église est le nouvel Israël : il continue à cheminer sous la présence de Dieu qui le protège et il vit sans cesse dans lespérance née dune foi qui lui donne lénergie pour surmonter les épreuves.
Texte adapté de lespagnol et abrégé.
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