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Symbole biblique
  montagne
Imprimer LA PIERRE (3/3)
 

Chemin vers le ciel

 

Nous avons vu jusqu'ici l'utilisation du symbole de la pierre dans la Bible sous l'angle de la féminité, de la matrice utérine, de la protection. L'élément rocheux est alors considéré principalement dans une position horizontale. Quand la pierre est dressée, le symbolisme prend, a un premier niveau, une connotation masculine. À un deuxième niveau, une structure pierreuse qui s'élève vers le ciel symbolise le lien avec les réalités supérieures, divines.

     La littérature biblique ne comporte aucun exemple clair où la pierre est en lien avec la masculinité. La foi israélite nourrit une méfiance extrême à l'égard de l'idolâtrie qui caractérisait les voisins du peuple élu. Il n'est alors pas étonnant que jamais la pierre dressée n'apparaît avec une quelconque connotation génitale. La verticalité de la pierre évoque plutôt, dans la Bible, le lien qui unit terre et ciel.

     De tous les éléments rocheux qui grimpent vers les cieux, le plus familier c'est, évidemment, la montagne. C'est l'endroit privilégié où Dieu se manifeste. Dans l'Ancien Testament, plusieurs montagnes sont reconnues comme lieu de la présence divine. Les deux plus connues sont les monts Sinaï et Sion. Mais les monts Moriyya, Ébal, Garizim et Carmel ont aussi été le théâtre de rencontres entre Dieu et l'être humain. C'est pourquoi quelques grands personnages bibliques font de la montagne un lieu de ressourcement spirituel Élie (2 Rois 1, 9) Élisée (2 Rois 4, 27) s'y installent. Jésus se retire à plusieurs occasions pour prier (Marc 6, 46).

     Les évangélistes font de la montagne le décor de deux moments cruciaux de la vie de Jésus : la transfiguration (Matthieu 17, 1) et le discours contenant les béatitudes (Matthieu 5, 1). Dans le cas des béatitudes, le contact avec la divinité n'est pas explicite. Il n'empêche que la présence de Jésus enseignant à la foule n'est pas sans évoquer le Seigneur communiquant sa Loi à Moïse au Sinaï.

     Les êtres humains ont intégré à leur pratique cultuelle le symbolisme de la pierre verticale, chemin vers le ciel. Les autels étaient construits de roches non taillées, afin d'en préserver le caractère sacré (Exode 20, 25). Les sacrifices sont offerts sur des hauts lieux, la fumée produite se rendant plus rapidement et efficacement aux narines de la divinité. Le temple de Jérusalem était situé sur le point culminant de la région. Dans la Bible, les références aux hauts lieux ont surtout pour but de dénoncer les pratiques idolâtriques (Isaïe 65, 7).

     «Et lorsque vous aurez passé le Jourdain, vous dresserez ces pierres sur le mon Ébal, comme je vous l'ordonne aujourd'hui, et vous les enduirez de chaux. Tu y édifieras pour Yahvé ton Dieu un autel, avec des pierres que le fer n'aura pas travaillées. C'est de pierres brutes que tu édifieras l'autel de Yahvé ton Dieu» (Nombres 27, 4-6).

Jean Grou
Bibliste, Sainte-Foy

Pour lire la Bible... sur le roc

• Dieu se manifeste sur la montagne : 1 Rois 18, 20-40

• Jésus prie sur la montagne : Luc 6, 12-15

• Jésus enseigne sur la montagne : Luc 6, 17-26

• L'autel construit de pierres : Josué 8, 30-31

• Le rocher utilisé comme autel : Juges 6, 19-24

 

Chronique précédente :
Sein maternel et protection divine