LA TERRE (4/4) | |||||
Témoignage, protection et sainteté
Le symbolisme religieux païen a laissé plus d'une trace dans la littérature biblique. Certaines se rapportent à la terre. En Isaïe 62, 4, Yahvé épouse la terre. Une telle image se rapproche beaucoup des récits mythologiques des peuples voisins d'lsraël. Mais ici, le contexte est fort différent. Il ne pourrait pas s'agir d'un mariage sacré entre Yahvé et la terre puisque jamais celle-ci n'est reconnue comme déesse dans la Bible. Le passage n'est pas une allusion à un quelconque rite de fertilité mettant en vedette Dieu et la terre. Il exprime simplement le renouveau de l'Alliance en le comparant à des épousailles. D'autres passages mettent en scène la terre dans un contexte rappelant les récits mythologiques. Lorsque Dieu intervient auprès des humains de façon plus solennelle ou marquante, il arrive que la terre soit prise à témoin. En Deutéronome 30, 15-20, Dieu expose à son peuple les conditions de son Alliance. Pour donner à cette démarche un maximum d'autorité, il prend à témoin la terre et le ciel. Dans un autre contexte, lorsque Dieu pose un jugement envers Israël, ses ennemis, ou toute autre personne en faute, la terre est à nouveau présente (Isaïe 34, 1). En quelques occasions, la terre abrite ou engloutit les forces du mal. Ces représentations se retrouvent surtout dans le courant apocalyptique. Daniel parle de bêtes énormes au nombre de quatre qui se lèveront de la terre (7, 17). Jean parle aussi d'une Bête surgissant du sol (Apocalypse 13, 11). Un peu plus tôt, (12, 16), le même auteur décrit comment une femme est sauvée par la terre. Celle-ci s'ouvre pour engloutir un fort courant d'eau craché par un Serpent qui la poursuit. Quelques rares passages accordent à la terre une valeur négative, l'associant aux forces du mal. Dieu maudit le serpent en le forçant à ramper sur le sol et à manger de la terre (Genèse 3, 14). A l'autre extrémité de la Bible, l'Apôtre Jacques dénonce l'hypocrisie en disant : Pareille sagesse ne descend pas d'en haut : elle est terrestre, animale, démoniaque (3, 15). Le parallélisme des trois qualificatifs est assez révélateur... Pour terminer, voyons brièvement un thème typiquement biblique, celui de « terre sainte ». La symbolique ici ne réfère pas vraiment au caractère sacré du sol en tant que tel mais à la sainteté de Dieu. De fait, la terre n'est pas tant « sainte » que « sanctifiée » rendue sainte par la présence du Seigneur. On le voit dans le récit de la vocation de Moïse (Exode 3, 5). Si le sol est saint, ce n'est pas à cause de ce qu'il est, mais de celui qui le foule. Ceci dit, Dieu « transmet » sa sainteté de façon bien réelle, presque matérielle, comme le démontre 2 Rois 5, 17. Naaman, chef militaire, retourne chez lui en emportant un peu de terre du pays d'lsraël parce qu'il désire garder Yahvé auprès de lui. Je prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t'attachant à lui; car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre que Yahvé a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner (Dt 30, 19-20). Jean Grou Pour lire la Bible... déterrée
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