LE DÉSERT (2/2) | |||||
Sous le signe de la conversion
Bien installé en terre sainte, Israël se remémore les jours passés au désert et essaie d'en comprendre la portée. Il fait des comparaisons avec sa situation actuelle et prend conscience du caractère simple et dénudé du culte à cette époque. En devenant sédentaire, le peuple s'adonne à des cérémonies de plus en plus élaborées, avec tous les excès que cela suppose. Le prophète Amos dénonce ces excès en ces termes : « Des sacrifices et des oblations, m'en avez-vous présentés au désert, pendant quarante ans, maison d'lsraël? » (5, 25). Le désert est devenu le symbole de la pureté cultuelle. Les prophètes l'intègrent à leurs appels à la conversion en rappelant le sens véritable du culte : celui-ci doit refléter la paix et la justice régnant dans la société. Un deuxième motif en lien avec le désert sert de base pour l'appel à la conversion. La désobéissance, le doute du peuple au désert doit servir d'exemple pour le présent. Le peuple a bien failli être anéanti en gardant la nuque raide et en se détournant de Dieu au profit d'idoles (Exode 32, 1-14). N'eut été de l'intervention de Moïse, qui sait ce qui serait advenu d'lsraël? Alors, pas question de recommencer et de se laisser aller à la tentation! Jésus, au désert, vivra une expérience semblable. Faisant une synthèse des récits de la traversé du désert, les évangélistes montrent le Messie repoussant les tentations pour les vaincre. Le souvenir de la relation privilégiée de Dieu avec son peuple au désert a engendré une idéalisation de cette époque. Le prophète Élie, craignant tomber dans le désespoir, se rend a l'Horeb, là même où la Loi fut donnée à Moïse. Comme le peuple, il reçoit de Dieu sa nourriture et marche quarante jours et quarante nuits, rappelant les quarante années de la traversée du désert. Il rencontre alors Yahvé qui le confirme dans sa mission (1 Rois 19, 1-18). Le prophète Osée va même plus loin et parle du désert comme du lieu des fiançailles de Dieu avec son peuple. L'infidélité de celui-ci est tellement profonde qu'il faudra le ramener au désert, seul endroit de parfaite intimité avec Dieu (Osée 2). Autre signe d'idéalisation, la manne, que les Israélites mangeaient en regrettant les bon mets égyptiens (Exode 11, 4-6), devient le « froment du ciel, le pain des Forts » (Psaume 78, 24-25) ou même « un pain capable de procurer tous les délices et de satisfaire tous les goût » (Sagesse 16, 20). Même si cette idéalisation a connu des excès, le symbole du désert a gardé dans une part de la tradition biblique une connotation positive. Le désert est un lieu réjouissant car il conduit à la terre promise. Le trajet menant de Babylone à Jérusalem lors du retour de l'Exil est parcouru sur un air de fête, car il sonne un nouveau départ pour Israël (Isaïe 43, 19-20). Il est même considéré comme un nouvel Exode (Isaïe 52, 12). Le salut attendu pour la fin des temps est parfois décrit comme un désert qui devient fertile (Isaïe 41, 18). Le désert et la terre de la soif, qu'ils se réjouissent! Le pays aride, qu'il exulte et fleurisse, qu'il se couvre de fleur des champs, qu'il exulte et crie de joie! La gloire du Liban lui est donné, la splendeur du Carmel et de Sarône. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu (Isaïe 35, 1-2). Jean Grou Pour lire la Bible sur le désert... Appel à la conversion : Actes 7, 35-54 Les tentations au désert : Exode 32, 1-14 Les leçons du passé: Deutéronome 8, 1-4 Le désert qui fleurit : Isaïe 35, 1 Le lieu des fiançailles : Osée 2, 4-22
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