(photo : Matt Collamer / Unsplash)

Mort

Sylvain CampeauSylvain Campeau | 12 novembre 2018

Hébreu : mawet
Grec : thanatos

Au mois de novembre, les arbres sont dépouillés de leurs feuilles et la lumière décline à un tel point que c’est la période de l’année où l’on enregistre les plus faibles taux d’ensoleillement. Au niveau symbolique, ce passage vers l’hiver est associé à la mort, une réalité qui n’épargne personne. Dans notre tradition, novembre est d’ailleurs souvent présenté comme le « mois des morts » et commence avec deux solennités qui justifient cette expression : la Toussaint (1er novembre) et la commémoration des défunts (2 novembre).

Les Israélites de la période biblique ne connaissent pas ce genre de fêtes car la mort est comprise comme une perte de toute vitalité où le défunt continue à mener une vie sans joie au « séjour des morts ». La perte du souffle vital, don de Dieu, réduit le défunt à survivre comme une ombre, dans un genre de léthargie complète, dans un sommeil sans rêves.

Cet état du défunt se caractérise aussi par l’absence de toute relation personnelle avec Dieu : après la mort, l’Israélite ne pense plus à Yahvé ni à ses actions éclatantes (Ps 6,6; 88,13), il n’a plus la capacité de louer sa bonté et sa fidélité (Ps 30,10; 88,12; 115,17; Is 38,18). On comprend alors que la mort était une réalité terrible pour la personne pieuse.

Cette manière d’envisager la mort est liée à la conception selon laquelle Yahvé est le Dieu Vivant, la source de la vie (Ps 36,10). La mort est par conséquent absence de Dieu. D’autre part, la bienveillance de Yahvé envers son peuple laissait peu de place à l’individu. L’Israélite bénéficiait de la bienveillance de son Dieu parce qu’il était membre du peuple choisi. La mort l’arrachant à cette communauté, le défunt était aussi écarté de la bienveillance divine.

Cette conception communautaire va toutefois évoluer car on voit dans le Ps 73,26 l’espérance d’une union avec Dieu après la mort : « Si ma chair et mon cœur sont usés, ma part, le roc de mon cœur, c’est Dieu pour toujours. » On ne peut pas parler ici de la genèse de la croyance en la résurrection. Cette croyance ne viendra qu’à l’époque hellénistique et caractérisera l’espérance des sadducéens à l’époque de Jésus.

Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.

Les mots pour le dire

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