chronique du 23 août 2002
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Enfers/séjour
des morts Hébreu: (sheol) La question du sort des défunts est omniprésente chez tous les peuples. Chacun a sa façon de se représenter ou d'expliquer l'au-delà après la vie terrestre. Dans la tradition chrétienne, il est question du ciel et de l'enfer. On affirme dans le Credo que le Christ est descendu aux enfers pour y libérer ceux qui y séjournaient mais que les portes de l'Hadès ne l'ont pas retenu. L'Ancien Testament désigne le séjour des morts du nom de « sheol », tandis que le Nouveau Testament emprunte à l'occasion le mot grec « Hadès » qui correspond à la même réalité chez les Grecs. Notre intention n'est pas de discuter de la notion théologique du sort des croyants après leur mort (bien que la chose ait une valeur importante) mais d'aborder la représentation que l'on se faisait du séjour des morts. Selon certains experts en langues anciennes, le mot hébreu « sheol » provient probablement de la racine « sha'al » qui signifie « réclamer ». D'autres origines sont également proposées. Mais celle-ci a l'intérêt de nous faire saisir de façon imagée que le « sheol » est ce lieu invisible qui « réclame » les êtres vivants; c'est le « rendez-vous » de tous les vivants, selon l'expression de Job (30, 23). Israël, comme beaucoup d'autres peuples de l'Antiquité, s'imagine la survie des morts comme une ombre d'existence, sans valeur et sans joie. On identifie souvent le « sheol » à la tombe, à une maison, à un trou ou à un puits au plus profond de la terre. Il y règne une obscurité profonde. Job affirme que même la clarté ressemble à la nuit sombre, ce qui n'est pas peu dire (Job 10, 21-22). Selon plusieurs textes, en particulier dans les Psaumes, les gens entrevoient le séjour des morts comme un endroit où il n'est plus possible de louer Dieu, d'espérer en sa justice ou en sa fidélité. D'où l'accablement et la tristesse qui envahissent les gens qui sont aux prises avec la maladie ou au seuil de la mort. Le séjour des morts est évidemment un lieu d'où on ne peut sortir. On affirme que seul le Seigneur a le pouvoir d'y faire descendre ou d'en faire remonter, car il est maître de la vie. Certains croient que toutes les inégalités y sont nivelées alors que d'autres s'imaginent que les hiérarchies terrestres sont conservées. Mais de toutes façons, le séjour des morts est en rupture avec le monde des vivants. Il a ses portes et ses verrous, sur le même modèle des villes de l'Antiquité. C'est le monde de la poussière à laquelle tous retournent, du silence, de l'absence, de l'oubli. Dans certains textes, le « sheol » est d'une sécheresse extrême alors que dans d'autres on y retrouve des eaux destructrices. Étant invisible aux yeux humains, toutes les représentations sont donc possibles. Mais toutes expriment la séparation radicale existant entre la vie sur terre et la vie de l'au-delà. Il est donc important de savoir que toutes les représentations que l'on peut se faire du séjour des morts sont relatives. La conception du « sheol » varie en fonction de l'évolution de la croyance en la résurrection des morts. Ainsi le « sheol » deviendra un séjour provisoire dans l'attente de la résurrection des morts et du jugement. Il est divisé en deux catégories: un lieu de bonheur pour les justes et un lieu de tourments pour les pécheurs. La conception de l'Hadès des Grecs ressemble en grande partie à celle des Hébreux. On compare l'Hadès à une ville avec ses murs et ses portes. Dans le Nouveau Testament, on dit que le Christ possède les clés de la mort et de l'Hadès et que, en conséquence, l'Hadès ne peut retenir ceux qui appartiennet au Christ et à la cité messianique. Quand le Nouveau Testament parle de la survie après la mort, il emprunte les images et les catégories communes aux chrétiens, qu'ils soient d'origine juive ou grecque. Il faut prendre Jésus au sérieux quand il parle de la vie après la mort. Il utilise le langage propre aux gens de son temps: géhenne (c'était une vallée qui servait de dépotoir à Jérusalem où l'on brûlait les déchets), pleurs et grincements de dents, abîme, etc. Toutes ces comparaisons veulent faire saisir la douleur d'être séparé de Dieu, de ne pas être en communion d'amour avec lui. D'autres comparaisons sont utilisées pour parler du ciel, comme celle du festin, de noce, etc. C'est une façon de faire comprendre que la survie est communion avec Dieu et joie parfaite. Yves Guillemette
Pour lire la Bible sur le séjour des morts... les représentations du séjour des morts : Psaume 30,10; 88,2; Job 17,13;
Crainte de Dieu
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