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Les mots pour le dire
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chronique du 15 mai 2015

 

Ascension

Ascension du Christ

Ascension du Christ
Giotto di Bondone (c. 1267-1337)
Fresque de la chapelle des Scrovegni
Padoue, Italie


Grec : anapherō, epairō, hypsoō

La fête de l’Ascension met l’accent sur le récit des Actes des Apôtres (1,9) qui indique que Jésus a été élevé vers le ciel. Comment comprendre cette ascension? Le sens des mots est assez clair. En grec, anapherō, epairō, hypsoō désignent l’action de monter, d’élever. Regardons les divers contextes d’utilisation de ces mots pour mieux comprendre l’ascension de Jésus.

L’ascension d’Hénoch et d’Élie

     Jésus n’est pas le seul personnage à s’élever vers le ciel. Les récits au sujet de l’ascension de Jésus reprennent un thème développé dans l’Ancien Testament pour les personnages d’Hénoch (Gn 5,24) et d’Élie (2 R 2,1) qui s’élèvent au ciel à la fin de leur vie. À cause de leur ascension, ces deux personnages jouent un rôle important dans les discours au sujet de la fin des temps.

Les ascensions de Jésus

     Les seuls documents du Nouveau Testament qui font référence à la montée au ciel de Jésus comme un événement sont l’Évangile de Luc et les Actes des Apôtres. Même s’ils sont écrits par le même auteur, ils présentent deux ascensions différentes.

     L’Évangile de Luc (24,51) se termine par une scène d’ascension au soir même de la résurrection de Jésus. Après une apparition aux disciples dans laquelle le ressuscité promet une puissance d’en haut promis par le Père, il est emporté (anapherō) au ciel.

     Les Actes des Apôtres commencent par une autre scène d’ascension qui est située 40 jours après la résurrection. Le chiffre 40 est un symbole biblique qui désigne un temps de maturation. En Ac 1,9, à la fin d’un repas avec les apôtres, le ressuscité fut élevé (epairō) dans une nuée vers le ciel après leur avoir promis la venue de l’Esprit Saint.

     Dans ces récits, l’ascension de Jésus au ciel est un symbole montrant d’une part que Jésus entre dans la gloire de Dieu et d’autre part que la présence du ressuscité auprès des disciples ne sera plus la même. Son corps est absent, mais son esprit demeure avec eux.

D’autres élévations de Jésus

     Luc est le seul auteur du Nouveau Testament qui raconte l’ascension de Jésus comme un (ou deux!) événement. Les évangiles de Marc et de Matthieu ne s’intéressent pas à cette représentation. Par ailleurs, l’Évangile de Jean et la lettre aux Philippiens utilisent le thème de l’élévation pour décrire l’identité profonde du ressuscité.

     En Jean, Jésus est élevé (hypsoō) sur la croix (Jn 3,14; 8,28; 12,34). En utilisant ce mot, la méthode d’exécution devient le lieu de révélation de la glorification de celui qui est élevé, exalté, vers Dieu.

     La lettre aux Philippiens joue sur l’opposition entre l’abaissement et l’élévation pour décrire la mort et la résurrection de Jésus. « Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé… » (Ph 2,8-9)

L’ascension, événement ou symbole?

     La fête de l’ascension commémore la montée au ciel de Jésus ressuscité raconté dans les Actes des Apôtres. Il est intéressant de noter que la liturgie catholique évite de faire des liens avec les ascensions d’Hénoch et d’Élie. Elle évite aussi l’autre récit de l’ascension en Luc 24,51 ainsi que les textes de Jean ou Paul qui développe le symbole théologique de l’élévation de Jésus. Pourtant, ces divers textes permettent de mieux saisir ce qui est relié à l’ascension de Jésus.

Sébastien Doane

Lire aussi :
L’Ascension : quand l’archéologie laisse la place à l’exégèse (Robert David)

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Commandement