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Les mots pour le dire
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chronique du 27 janvier 2012

 

Frère

Hébreu : âh
Grec : adolphos

Tout comme aujourd’hui, le mot frère dans la Bible a un sens strict et plusieurs sens larges. Ainsi dans l’Ancien Testament, on désigne par « frère » les fils de mêmes parents (Gn 4,2), un cousin (Gn 29,15), un proche parent (Gn 9,25), un ami intime ou un allié (Ne 5,10), un membre d’une même tribu (Jg 9,18) ou d’un même peuple (Ex 2,11).

     Dans le Nouveau Testament, presque tous les auteurs parlent des frères et sœurs de Jésus [1]. Alors qu’on ne connait pas le nom des sœurs de Jésus, les noms de ses frères nous sont transmis : Jacques, Joseph, Jude et Simon. La famille de Jésus semble avoir été opposée à son ministère. Lorsque sa mère et ses frères viennent pour lui demander d’arrêter et de revenir à la maison, Jésus dit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères? Montrant ses disciples, il dit : “Voici ma mère et mes frères; quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère.” » (Mt 12,48-50)

     On voit très bien par cet extrait que Jésus veut proposer un nouveau rapport entre humains. La famille biologique n’est plus le lien le plus important. Ce qui compte vraiment, c’est le lien de fraternité entre ceux qui se reconnaissent comme fils du Père céleste. D’ailleurs, le mot frère est employé environ 160 fois dans le Nouveau Testament pour désigner les membres de communautés chrétiennes. La tradition chrétienne va garder cet usage. Bien qu’avec le temps ce sont surtout dans les communautés religieuses qu’on va s’appeler frère au point d’en faire un titre.

     À l’opposé, on retrouve aussi des « faux-frères » dans les lettres de Paul (2 Co 11,26; Ga 2,4). Cette expression désigne des prédicateurs itinérants pouvant se glisser dans la communauté avec un message jugé hérétique.

     Au Moyen-âge, François d’Assise dans son Cantique des créatures va étendre la qualité de frère à toutes les créatures de Dieu : « Mon frère de soleil… » Avec le temps, l’idéal de fraternité va sortir du cadre spécifiquement chrétien pour devenir un élément clé de la Révolution française et des droits humains.

[1] Mt 12,46; 15,55; Mc 3,31; 6,3; Lc 8,19; Jn 2,12; 7,3; 20,17; Ac 1,14; 1 Co 9,5; 10,33; 2 Co 1,8; Ga 1,1, etc.

Sébastien Doane

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