chronique du 24 mai 2002
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Miracle Prodige L'idée de prodige est souvent associée à notre conception du miracle: il y a miracle quand le cours naturel des choses est changé. La guérison d'une maladie ou d'une infirmité permanente est considérée comme un miracle, un défi aux lois naturelles. L'homme étant ce qu'il est, il sera toujours attiré par le merveilleux. Il en verra parfois là où il n'y en a même pas. On ne sera pas étonné de la tendance à accentuer les passages de la Bible qui racontent des prodiges, comme s'ils étaient à eux seuls la preuve de l'existence et de l'agir de Dieu. Si on compile les attestations de miracles ou de gestes merveilleux dans la Bible, on remarque qu'ils n'apparaissent nombreux que dans les récits relatifs à l'exode et à la conquête de la terre promise et dans les traditions entourant Élie et Élisée qui ont restauré l'alliance mosaïque. Il faut reconnaître que, dans ces deux cas, la transmissions des souvenirs a connu une amplification populaire proportionnée à l'importance des événements racontés de génération en génération. Le récit des événements fondateur d'Israël a pris l'allure d'une épopée. C'est le même phénomène que celui de la Chanson de Rolland, dans la littérature française, qui raconte la lutte épique des Francs contre les conquérants arabes, à l'époque de Charlemagne. Les gens de la Bible reconnaissent la signature de Dieu dans la création et le déroulement de l'histoire. L'univers leur apparaît comme une merveille et un signe de la majesté de Dieu. Il en est de même pour les interventions de Dieu dans l'histoire de son peuple. Il faut surtout retenir, au-delà de l'amplification que ces interventions ont connue, que l'on a voulu montrer la présence protectrice de Dieu se servant souvent de phénomènes naturels courants. La quantité tout de même assez limitée de miracles indique jusqu'à quel point certains prodiges ou certaines merveilles sont retenus pour leur valeur de signes de l'efficacité du salut. Les prodiges qui accompagnent l'exode ou la conquête sont considérés comme des exploits et des hauts faits de Dieu. Par exemple les plaies d'Égypte sont à peu près toutes des phénomènes naturels. L'invasion de sauterelles n'a rien de surnaturel mais elle devient, dans un contexte de libération, un signe de la puissance de Dieu qui sauve son peuple. C'est la même chose pour le vent qui refoule l'eau de la mer. Dans le Nouveau Testament, les Évangiles racontent des miracles accomplis par Jésus. Dans les récits qu'on en fait, on notera l'exclusion de tout sensationalisme qui ferait croire à de la magie. Les récits se distinguent par une sobriété désarmante pour les assoiffés de merveilleux. Cette sobriété laisse toute la place à la valeur de signe de l'efficacité du salut que les chrétiens y ont découvert. Par exemple, la guérison du paralytique est le geste par lequel Jésus annonce le pardon des péchés et la réconciliation de l'être humain avec Dieu (Marc 2,5-12). Sans le miracle, cette réalité du salut serait passée inaperçue pour beaucoup de gens. Les Évangiles montrent aussi que les miracles accomplis par Jésus sont le signe que Dieu agit par lui, ou que Jésus ne pourrait agir s'il n'était pas en communion avec Dieu. Ils indiquent aussi que la guérison n'est pas un geste magique et automatique. La guérison n'est rendue possible que par la reconnaissance de la foi. Seule la foi conduit les gens à la rencontre de Jésus pour accueillir en lui la source du salut. Jésus invite toujours les personnes qu'il a guéries a poursuivre leur vie sur la lancée de leur foi naissante. Yves Guillemette
Pour lire la Bible sur les miracles... Les plaies d'Égypte: Exode 7,8-10,29; 12,29-34;
Esprit
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