chronique du 28 septembre 2001
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Alliance
Le sens primitif du terme hébreu b°rit était « entre-deux ». On retrouve ce sens dans l'expression « conclure une alliance » qui, en hébreu, se dit: « couper entre deux » (karat b°rit). Cette expression tire son origine du rite qui, a une époque ancienne, accompagnait la conclusion d'une alliance. Après avoir sacrifié un animal et l'avoir coupé en deux sections, les deux partenaires passaient entre les moitiés de l'animal en appelant sur eux le même sort, en cas de transgression de l'alliance. On retrouve ce rite dans le livre de la Genèse, au chapitre 15: Yahweh conclut une alliance avec Abraham et, pour signifier son engagement, passe seul entre les victimes animales. Ce rite permet de comprendre que l'alliance implique une relation de solidarité entre les deux partenaires. L'alliance appartient à l'expérience sociale et juridique des êtres humains, qu'il s'agisse d'un pacte d'amitié entre deux individus, d'une alliance de paix ou de coopération entre deux clans, ou d'un mariage. Dans les affaires courantes, elle se traduit par des pactes et des contrats. Chacun des partenaires doit respecter les droits et les devoirs qui découlent de l'alliance en faisant preuve de loyauté et de fidélité. Le traité de vassalité est un type d'alliance qui se distingue des autres. Il peut être considéré comme l'ancêtre de nos traites internationaux modernes. Le traité de vassalité est établi la plupart du temps entre le roi d'une nation puissante (la partie suzeraine) et celui d'une petite nation (la partie vassale). La partie supérieure s'engage à protéger la nation plus faible. Mais celle-ci doit faire montre de loyauté envers la puissance alliée, notamment en ne faisant pas alliance avec les ennemis de son suzerain. C'est sur cet arrière-fond de contrats individuels et sociaux, et de traités de vassalité, que se développe la notion biblique d'alliance pour exprimer la relation privilégiée qui unit Israël à Yahweh. Nous avons ici un cas unique dans tout le Proche-Orient ancien. Comme dans les traités de vassalité, Yahweh exige d'Israël une allégeance exclusive et une fidélité absolue: « Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face », lit-on dans le Décalogue. Le respect des exigences, que l'on retrouve dans le Décalogue, montrera à toutes les nations qu'Israël est le peuple qui appartient à Yahweh. Ces exigences ne sont pas limités au seul domaine religieux. C'est dans toutes les sphères de la vie qu'Israël doit se comporter comme le peuple qui appartient à Dieu. On comprend alors un peu mieux l'ardeur avec laquelle certains prophètes ont combattu, mais en vain, les projets d'alliance avec des nations voisines, plus puissantes, pour se défendre contre les agresseurs. Les prophètes considéraient que ces pactes étaient ni plus ni moins que la rupture de l'alliance avec Yahweh, le seul protecteur d'lsraël. C'était en réalité revenir à l'esclavage que les pères avaient connu jadis en Égypte et duquel Yahweh les avait libérés. L'enseignement des prophètes ouvre la notion d'alliance à une dimension plus humaine, jusque là fort juridique. En comparant l'alliance à la relation conjugale, ils introduisent l'amour comme base de l'alliance ou de la relation entre Dieu et Israël. C'est par un acte d'amour, libre, gratuit et généreux, que Yahweh a choisi Israël parmi toutes les nations pour être témoin de son agir dans le monde. En retour, Israël doit répondre par un amour tout aussi généreux et total. Cet approfondissement de la notion d'alliance prépare la voie à la nouvelle alliance conclue en Jésus Christ. Ainsi s'accomplit ce que Ézéchiel n'avait fait qu'entrevoir: un peuple nouveau est recréé dans le don que Jésus fait de sa vie. Jésus ressuscité réalise l'union irréversible que Dieu a voulu établir entre lui et l'humanité. Yves Guillemette, ptre Pour lire la Bible sur le rite ancien de la conclusion d'une alliance: Gn 15
Chair/Corps
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