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Le messianisme (5/6)
 

5- Le messianisme dans les mouvements populaires

 

 

Le messianisme purement eschatologique et idéologique a exercé sur les esprits du 1er siècle de notre ère tous les pouvoirs qu’une idéologie cultive. L’imaginaire social cherche à matérialiser l’idéologie : des mouvements messianiques populaires se développent. Le souvenir des traditions du passé (onction royale conférée par le peuple, origine populaire de certains rois, etc.) et la restauration de la justice sociale ont sans doute joué un rôle assez important dans le déclenchement de ces mouvements et les ont motivés par la suite. 

     Contrairement à l’attente idéalisée par les différents mouvements religieux, le messianisme dans les classes populaires détient une forte coloration politique et nationaliste. Les classes populaires concrétisent l’idée de libération promue dans la littérature par les groupes religieux au sujet d’une délivrance future par l’intervention de Dieu ou d’un jugement divin. Contrairement aux Pharisiens et aux Esséniens, les classes populaires n’attendent pas un Messie. Elles s’en choisissent un, ou en suivent un, avec lequel les suppôts entreprennent des luttes libératrices.

     Après la mort d'Hérode, on vit se lever ça et là dans le pays des candidats à la royauté. En Galilée, il y eut Juda, fils d'un chef de bande, Ézéchias, jadis capturé et mis à mort par le jeune Hérode (A.J XVII,271-272). Autour de Jéricho et en Pérée, ce fut Simon, un ancien esclave d'Hérode, qui s'est fait proclamer roi par ses troupes (A.J XVII,273-276). Parallèlement, un simple berger du nom d'Athrongès, confiant en sa prestance et en l'appui de ses quatre frères, qui étaient forts de bras, se couronna d'un diadème, tint un conseil à propos des tâches à effectuer, mais agit selon son vouloir (A.J XVII,278-281).

     L’image du héros ou du roi fort, celle que l’on se fait de David (1 S 16,18), est omniprésente dans la mémoire du peuple. C’est pourquoi, les meneurs de ces mouvements messianiques populaires sont des chefs de bandes et des pillards comme le fut David lui-même. Ces prétendants messianiques, qui prennent ou reçoivent le titre de roi par des partisans désespérés par la situation économique désastreuse dans laquelle ils se trouvent, et indubitablement motivés par les grandes valeurs religieuses traditionnelles, forment la force combattante la plus puissante contre la reconquête romaine de Jérusalem. Si la motivation religieuse de ces mouvements populaires n’est pas claire, leur idéal messianique se rapproche de celui que les lettrés se font du «fils de David» selon le Ps Sal 17 : libérer le peuple de la domination romaine et hérodienne, et rétablir l’égalité sociale. Au sein de ces mouvements populaires, le Messie est à la fois le libérateur national et politique du peuple, et le chef spirituel et religieux. Il existe bel et bien un lien réel entre l’idéologie nationaliste, politique et religieuse véhiculée dans les textes susdits et celle prônée dans les mouvements messianiques populaires.

 

Béatrice Bérubé, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2513. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Début de la série :
Le messianisme : 1- L'espérance messianique

Article précédent :
La Bible et la science : 4- Le messianisme dans les mouvements religieux

 

 

 

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