INTERBIBLE
Les Écritures
les évangiles de l'ACÉBACla Bible en français courantexplorationglossairesymboles
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Exploration
  outils

Imprimer

Le messianisme (4/6)
 

4- Le messianisme dans les mouvements religieux

 

 

Au 1er siècle de notre ère, l’attente messianique est généralisée dans les classes religieuses de la Palestine. Bien que le messianisme d’allure surtout guerrière soit assez répandu, les idées et les images messianiques véhiculées dans les cercles religieux demeurent discordantes.

Les Sadducéens   

     Les Sadducéens ne reconnaissent pas la même valeur à tous les livres saints : ils privilégient le Pentateuque. Or, ce livre contient un matériel très maigre concernant le messianisme. Les seuls textes messianiques reconnus à l’époque sont la bénédiction de Jacob (Gn 49,10-12) et l’oracle de Balaam (Nb 24,17). Pour interpréter messianiquement ces deux textes, il fallait les rapprocher des promesses faites à David et à sa descendance, donc faire appel aux livres prophétiques et aux Psaumes. Or, les promesses messianiques contenues dans les livres prophétiques et les Psaumes ont, pour les Sadducéens, une autorité moindre que les promesses faites aux patriarches : promesses relatives à la terre sainte, à la prospérité matérielle d’Israël et à l’efficacité du culte pour obtenir celle-ci. Dans l’ensemble, ils ne semblent pas attendre de Messie, même si certains d’entre eux étaient directement compromis, au départ de la révolte contre Rome en 66 de notre ère, en refusant d’offrir des sacrifices à Dieu en faveur de César. Ce fait permet de dire que certains membres pouvaient attendre une manifestation future du Messie.

Les Pharisiens  

     Les Pharisiens fondent leur espérance messianique sur l’ensemble de l’Écriture. Leur messianisme exprimé particulièrement dans les Psaumes 17 et 18 de Salomon se prolonge dans les Targums et les traditions rabbiniques plus tardives. La conception du parti pharisaïque frappe au premier abord par ses connotations politiques et nationalistes. Le choix d’Israël et les promesses faites à la dynastie davidique fournissaient à la représentation du Règne de Dieu un support idéologique : la réalisation du Règne de Dieu dans l’histoire tournait autour de l’accomplissement de ces promesses. Mais cet accomplissement est impossible sans la fidélité d’Israël à la Torah. Même la restauration du pouvoir politique grâce à l’avènement du Messie n’a pas d’autre but que le retour intégral du peuple à cette fidélité. Le nationalisme religieux a comme but le service de Dieu par Israël et, finalement, par les autres nations qui le reconnaîtront à leur tour et lui seront soumises. L’idéal des Pharisiens étant le service de Dieu par l’observance intégrale de la Loi, ils attendent avant tout du Messie, la réalisation de cet idéal religieux dans tout le peuple. Pour atteindre cet objectif, il devra exterminer les pécheurs, poursuivre toute injustice et abolir la domination étrangère exercée par des impies il laissera cependant subsister tous ceux du peuple qui se convertiront et fera même bon accueil aux étrangers, à toutes les nations qui seront devant lui dans la crainte.

Les Esséniens 

     Les Esséniens basent leur messianisme sur les promesses prophétiques en vue de la libération d’Israël et de l’établissement d’un peuple idéal. L’attente du Messie, descendant de David désigné comme «Prince» ou «Germe de David», est conçue dans une ligne uniquement politique et nationaliste. La théorie des deux Messies, d’Aaron et d’Israël, marque le caractère sacerdotal du parti religieux connu par les textes de Qumrân. Le nationalisme religieux domine la pensée essénienne : le prêtre d’Aaron est priorisé par rapport au fils de David ou le Messie d’Israël (1 QS IX la Règle de la Communauté; 4 QTestimonia). Le rôle du Messie royal sera subordonné au prêtre eschatologique dans un peuple saint dont la vie sera centrée sur Jérusalem, son Temple et son culte (1 Qsa II,11-17). Le Germe de David, qui demande des directives aux prêtres, fils d’Aaron, pour soumettre sa conduite à la Loi, est toutefois réduit à une dimension politique (4 Qplsa II,27). Son rôle essentiel, d’après 1 QSb V,23-29, paraît être la guerre sainte qui doit libérer Israël du joug des païens et des impies au sein même d’Israël. Le messianisme royal, qui était dirigé d’abord contre les Hasmonéens, semble être orienté plus tard vers les Romains.

 

Béatrice Bérubé, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2512. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Début de la série :
Le messianisme : 1- L'espérance messianique

Article précédent :
La Bible et la science : 3- Le messianisme dans la littérature juive extrabiblique

 

 

 

www.interbible.org