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Le pur et l'impur (6/6)
 

6- Jésus et la pureté

 

 

Dans la controverse relative au pur et à l'impur (Mt 15,1-20; Mc 7,1-23), Jésus expose sa doctrine en matière de pureté et d'impureté. Dans l'extrait Rien qui pénètre de l’extérieur dans l’homme ne peut le rendre impur, puisque cela ne pénètre pas dans son cœur, mais dans son ventre, puis s'en va dans la fosse (Mt 15,17; Mc 7,18b-19a)], Jésus explique clairement, mais crûment, que les aliments non utilisés par l’organisme sont éliminés. Ces paroles évoquent évidemment les matières fécales qui, selon l’écrit deutéronomique (Dt 23,13-15) et selon certains auteurs de l’Ancien Testament (Pr 30,12; Ez 4,12-15), sont considérées comme une source d’impureté rituelle Au verset suivant, Jésus poursuit son enseignement en déclarant : C’est ce qui sort de l’homme qui le rend impur (Mt 15,18a; Mc 7,20)].D’après le contenu de la suite du verset en Matthieu (18b) et du verset suivant en Marc (21a), le verbe « sortir » fait allusion à ce qui provient du cœur et non à ce qui est évacué par l’appareil digestif. Ici, Jésus met l’accent sur le cœur en faisant allusion au passage d’Isaïe (29,13; voir 59,13) qui emploie une formule que l’on retrouve également en Dt 6,5.

La pureté du cœur

     Le cœur dans le monde juif représente le dedans de l’homme. Dans l’anthropologie concrète et globale de la Bible, le cœur est le siège de la pensée (Si 17,6), des sentiments (2 S 15,13; Ps 21,3; Is 65,14), des souvenirs et des idées, des projets et des décisions. Le cœur est la source même de la personnalité consciente, intelligente et libre, le centre des choix décisifs, des actions et de l’inaction de l’homme. Les vraies questions de la vie reposent sur le cœur. Il est aussi la source du péché, la racine du mal, le lieu de l’impureté véritable d’où émergent les mauvaises conduites. L’impureté réelle provient de la bouche quand elle exprime des pensées perverses. De fait, c’est du cœur de l’homme que sort le mal véritable, tout ce qui nuit aux autres, qui sépare un individu de ses frères et qui l’éloigne de Dieu. Les propos médisants, les jugements hâtifs, les calomnies, bref, toutes ces dépravations souillent une personne, salissent et blessent autrui, puis représentent une offense à Dieu parce que l’auteur de ces crimes entretient à l’intérieur de lui-même une rupture multiforme avec la loi d’amour que Dieu a mise en lui (Mt 22,36-40). À l’instar des prophètes vétérotestamentaires (Amos, Osée, Isaïe, Ézéchiel), Jésus donne priorité aux dispositions intérieures désirées par Dieu et non à la tradition des anciens qui est en conflit avec la Torah écrite. Aux précautions rituelles juives destinées à préserver l’homme de souillures venant de l’extérieur, Jésus oppose une conception nouvelle. C’est de l’intérieur, du cœur des hommes, que sourdent toutes les mauvaises intentions détaillées dans la suite de la déclaration (Mt 15,19; Mc 7,21-23). Le mal qui est dans le cœur de l’homme, ce qu’il dit (paroles blessantes ou mensongères) ou ce qu’il fait contre son prochain, tous ces vices souillent l’auteur de ces méfaits et portent atteinte à autrui. La pureté personnelle s’exprime donc dans les relations avec les autres.

     Dans la liste des travers en Mc 7,22, Jésus traite non seulement des actions telles que les inconduites, les vols, les meurtres et l’adultère, mais aussi des dispositions immorales, c’est-à-dire les cupidités, les méchancetés, la ruse (dolos), la débauche ou la luxure, l’œil mauvais les injures, l’orgueil et la déraison ou la sottise. Ces vices qui souillent une personne correspondent aux prescriptions du Décalogue (Ex 20,13-17) dans lesquelles est exprimée la volonté de Dieu. Bien que Matthieu ait synthétisé cette longue liste de vices pour sa communauté (Mt 15,19), les débauches et les perversions énumérées correspondent aux commandements de la Loi divine.

     Ce que Marc 7 et Matthieu 15 attribuent à Jésus est l’idée que l’attention à la pureté des sentiments que les individus nourrissent à l’endroit du prochain (Mt 25,31-46) importe plus que la pureté rituelle. Non pas que Jésus délaisse les lois rituelles prescrites dans la Torah, loin de là! Divers passages évangéliques présentent avec évidence que ces prescriptions sont importantes à ses yeux : observer la Loi dans ses plus minimes détails (Mt 5,18), consacrer les victimes des sacrifices et s’en remettre à l’examen des prêtres (Mt 8,4; Mc 1,44; Lc 5,14), etc.

 

Béatrice Bérubé, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2483. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.


Début de la série :
Le pur et l'impur

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5- L'impureté morale

 


 

 

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