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Le pur et l'impur (3/6)
 

3- L'impureté rituelle

 

 

Lévitique 11—15 et Nombres 19 décrivent une forme de souillure, dont l'individu doit se protéger en s'en écartant ou se libérer en se purifiant. Cette souillure, qui relève d'un « état », est qualifiée d’ « impureté rituelle ». Contractée involontairement (Lv 12,2.5) ou inconsciemment (Nb 19,14-15) ou encore par obligation (enterrer les morts, se reproduire), l'impureté rituelle provient d'un contact direct ou indirect avec différents éléments d'origine naturelle tels que les animaux et leurs cadavres (Lv 11,1-47), l'accouchement (Lv 12,1-8), les affections cutanées (Lv 13,1-14,32), les écoulements provenant des organes génitaux (Lv 15,1-33) et les dépouilles mortelles des humains (Nb 19,11-22).

     De par sa nature, l'impureté rituelle n'indique pas de qualification morale, mais un état d'inaptitude au culte et à la vie de la communauté cultuelle : elle oblige plus ou moins l'impur à s'isoler de la société (Lv 7,27; 13,4-5.21.31.33), elle lui interdit de toucher des objets consacrés et de manger des aliments consacrés (Lv 12,4; 22,3-7), et de fréquenter des lieux saints (Lv 15,31; Nb 19,20) parce que Yahvé, le Saint par excellence, n'admet en sa présence que les individus dont la pureté et, corrélativement, la sainteté sont suffisantes. La personne impure exclue de toute assemblée cultuelle n'est toutefois pas pour autant coupée de Dieu : elle peut prier puisque cette impureté n'est pas un péché.  

     L'impureté rituelle en soi n'est pas considérée comme un péché. Mais, c'en serait un de ne pas essayer de se débarrasser de cette souillure ou de ne pas respecter les interdits qu'elle entraîne. En plus de ceux qui sont énumérés au paragraphe précédent, Lv 11,43 recommande au peuple d’Israël de ne pas se souiller avec les animaux impurs et la Loi de sainteté défend les relations sexuelles avec une femme lors de ses hémorragies menstruelles (Lv 18,19; 20,18), acte qui est vu comme une source très grave de souillure. L'individu qui fait fi volontairement de ces ordonnances ou qui ne se purifie pas après avoir touché un cadavre commet un péché et doit être retranché de la communauté, car cette personne souillerait le sanctuaire (Nb 19,13.20). La question ici ne réside pas dans le fait que l'individu impur rituellement souillerait rituellement le sanctuaire, mais se situe au niveau de la décision délibérée de refuser la purification dictée par la Loi. Cette transgression volontaire souille le sanctuaire moralement, même à distance.

     À l'instar des maladies, l'impureté rituelle est contagieuse : elle affecte aussi bien les lieux, les choses, les animaux que les personnes. Dans certains cas, les êtres impurs peuvent modifier l'état des individus ou des objets qui les entourent. Néanmoins, les formes d'impuretés rituelles sont considérées comme éphémères. L'individu, qui touche à un homme affligé d'un écoulement séminal irrégulier, à une femme ayant ses menstrues ou encore à un objet qui a servi à ces personnes, est frappé d'une souillure qui dure jusqu'au coucher du soleil (Lv 15,2-21). Le contact avec des formes d'impuretés plus sévères, par exemple avec un cadavre, peut durer une semaine (Nb 19,11), voire plus longtemps dans le cas des naissances. Les menstrues persistent grosso modo une semaine, mais l'état de souillure après l'accouchement d'un garçon est 33 jours et après celui d'une fille, 66 jours (Lv 12).

     Quelle que soit la forme de l'impureté rituelle, différents rites de purification sont offerts pour recouvrer la pureté. Pour les impuretés majeures, ce sont les sacrifices expiatoires : le sacrifice pour le péché ou de purification (Lv 5,4-13) et le sacrifice de réparation (Lv 5,14-26). Pour les impuretés mineures, ce sont les ablutions (Nb 19,12) et les bains (Nb 19,19; Lv 14,8; 15,27; 17,15). Cependant, pour certains cas, les rites ne sont pas toujours suffisants : même après le rite de purification, une personne peut rester impure jusqu'au soir (Lv 15,5) et, pour d'autres situations, par exemple une personne atteinte d’affections cutanées, l'individu doit vivre à l'extérieur de la communauté et des rites de deuil sont prescrits afin d'avertir les autres de se tenir à l'écart de cet être impur (Lv 13,46).                                              

     À ces différents sacrifices, s'ajoute le rituel annuel du Jour des Expiations, le Yom Kippour (Lv 16), qui correspond à une grande purification du Temple et à celle du personnel cultuel, à commencer par le grand prêtre, ensuite les prêtres, puis la communauté toute entière. Ce rite obtient pour tous les Israélites l'absolution de leurs transgressions connues ou inconnues et les dégage des impuretés de toutes sortes, contractées du fait des nécessités de la vie ou par ignorance. Ce rite rétablit la consécration du peuple.

 

Béatrice Bérubé, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2480. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.


Début de la série :
Le pur et l'impur

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2- La nourriture sacrée et les interdits alimentaires

 

 


 

 

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