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2- L'origine et la caractéristique du sabbat
Il est très probable que le sabbat ait une origine en dehors d’Israël, car l’épisode de la manne (Ex 16, 22-30) le suppose préexistant à la législation du Sinaï. Malgré de larges débats au sein des commentateurs, l’institution sabbatique reste toujours sans solution. En dépit des hypothèses émises qui ne permettent pas de prouver l’origine pré-mosaïque du sabbat, la littérature biblique fournit des données à ce sujet. Dans sa loi, le Décalogue, Moïse établit un parallélisme entre ce qu’Israël doit faire et ce que Dieu a fait lors de la création : Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier […] car en six jours le Seigneur a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a consacré (Ex 20,8.11). Ce texte rattache l’obligation du repos sabbatique au récit du livre de la Genèse où l'on voit Dieu satisfait de son œuvre, se reposer le septième jour de la création (Gn 2,1-3). Dans cette version du Décalogue, l’institution du sabbat remonte donc à Dieu lors de la création de l’univers et de l’être humain.
Ce qui caractérise le sabbat, c’est qu’il est sanctifié par sa relation avec le Dieu de l’alliance et qu’il est un élément de cette alliance (Ex 23,12). C’est ce sens particulier qui en fait une institution proprement israélite. Le sabbat est le « signe de l’alliance » entre Dieu et Israël (Ex 31,13-17) qui met Israël à part. Le sabbat est un jour saint, un jour « consacré à Dieu », une dîme sur le temps, comme les premiers-nés du troupeau (Dt 14,23) et les prémices de la récolte (Lv 27,30; Dt 14,22) sont une dîme sur le travail des autres jours. C’est pourquoi le sabbat apparaît comme une clause des différents pactes de l’alliance : le pacte primitif du Sinaï, le Décalogue ; le pacte de la fédération des tribus, le Code de l’alliance (Ex 23,12; 31,12-17; 34,21), dans la Loi de sainteté (Lv 19,3.30; 23,3; 26,2) et dans le Code sacerdotal (Ex 31,12-17; Nb 28,9-10). Le sabbat synthétise d’une certaine manière l’alliance. Le septième jour est l’obligation de Yahvé envers son peuple et de ce dernier envers son Dieu. Par son travail, l’Israélite imite l’activité du Dieu créateur. Par le chômage du septième jour, il imite le repos sacré de Dieu. Ce temps d’arrêt divin propose à chaque membre de la communauté d’Israël d’accueillir ce moment comme un lieu de rencontre et d’alliance avec le Seigneur son Dieu et avec les autres. Le sabbat est un contrat pour toujours (Ex 31,16; Is 24,2).
Après la destruction du Temple et pendant l’Exil, des prophètes reviennent sur le thème du sabbat. Ézéchiel rappelle qu’il est le signe d’alliance entre Dieu et son peuple (20,12.20), qu’il appartient à Dieu (20,12-13.20-21.24; 22,26; 23,38; 44,24) et qu’il doit être sanctifié/béni (20,20; 44,24). Quant au Troisième Isaïe, ce prophète lie l’observation du sabbat à l’alliance (56,4.6).
Après le départ de Jésus, quoique les chrétiens aient été enracinés dans l’ancien peuple de Dieu et alliés à lui, ils ont fait du « huitième jour » le premier de tous les jours (Ac 20,7; Ap 1,10), le jour du Seigneur. Dans cette perspective nouvelle, l’ancien sabbat juif acquiert une signification figurative. Ainsi, comme le relate saint Thomas d’Aquin, « le sabbat qui représente la première création a été remplacé par le dimanche, qui rappelle la nouvelle création inaugurée par la résurrection du Christ » (S. Th. IIa-IIae, 103,3). Quant au sabbat, notre samedi, il ne contient plus qu’une valeur figurative, celle du repos céleste (He 4,1-11 ; voir Ap 14,13).
Source: Le Feuillet biblique, no 2473. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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Début de la série :
Le sabbat
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