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1- Nom et étymologie
Notre mot « sabbat », transcription du terme hébreu šabbât désigne fréquemment le septième jour de la semaine (Gn 2,2), la semaine entière [Lv 23,15 (cas unique et douteux)] et par extension l’année sabbatique qui revient à tous les sept ans (Lv 25,2.6.8). Le terme šabbātôn, fête du sabbat, employé en Ex 16,23 et en 31,15, puis en Lv 23,24.39, semble être un dérivé du substantif šabbāt. La forme longue šabbâtôn est quelquefois associée à šabbât (Ex 31,15 ; Lv 23,3). Sous l’arrangement šabbāt šabbātôn ou employé seul, le mot šabbâtôn désigne le repos solennel prescrit pour le septième jour (Ex 31,15 ; Lv 23,3) et pour des fêtes qui ne tombent pas nécessairement un jour de sabbat : par exemple, le Jour du Pardon (Lv 16,31 ; 23,32.39), la fête des Trompettes (Lv 23,24) et l’année sabbatique (Lv 25,4). Quant au mot grec sábbaton,celui-ci est une traduction du terme hébreu šabbāt.
L’étymologie du mot šabbât est incertaine. Certains auteurs anciens, tels Théophile d’Antioche et Lactance, faisaient venir le vocable de šèba‘ « sept », mais la valeur du ‘ aïn comme consonne forte rend cette dérivation impossible. Divers philologues modernes ont émis l’hypothèse que le mot pouvait découler des mots akkadiens šibittu, terme qui signifie « septénaire, sept » et šapattu, vocable qui désigne le jour de la pleine lune. D’autres chercheurs ont suggéré que la forme akkadienne šab‘atâni, « deux fois sept », serait à l’origine de l’hébreu šabbâtôn, abrégé ensuite en šabbât. Ces théories sont difficilement acceptables, car il est peu probable que l’institution soit empruntée à la Mésopotamie.
Tournons notre regard vers la Bible. Dans le récit de la création (Gn 1,1—2,4a), Dieu a terminé son activité créatrice en six jours, puis au septième jour, il s'arrêta (šâbat), c’est-à-dire qu’il cessa son activité créatrice (2,2). Certes, il n'est pas question ici de repos comme dans d'autres textes, tels Ex 20,11 ; 31,17 et Lv 23,32, où le verbe šâbat signifie « chômer, cesser le travail », mais, bien que le mot šabbāt ne soit pas utilisé dans le récit de la création, le lien phonétique entre šabat et šabbāt est généralement perçu pour indiquer le repos sabbatique. Dans le Décalogue (Ex 20,9 ; Dt 5,13), le terme « sabbat » est associé au « septième jour » et ce « septième jour » s’oppose aux six autres comme en Ex 23,12 et 34,21, textes qui spécifient d’arrêter tout travail. Notre mot šabbât devrait signifier le « jour qui arrête, qui marque une limite, qui divise ». D’ailleurs, nous avons à nous demander si ce n’était pas le sens premier.
Or, les textes préexiliques (2 R 4,23 ; Is 1,13 ; 66,23 ; Os 2,13 ; Am 8,5) établissent une relation entre le sabbat et la nouvelle lune comme deux jours fériés. Ceci invite à penser qu’à l’origine le sabbat a peut-être été lié aux phases de la lune. Toutefois, ces témoignages ne suffisent pas à prouver le parallélisme entre sabbat et pleine lune, car au moins en Is 66,23, texte écrit après l’Exil, il s’agit certainement du sabbat hebdomadaire. Dans cet extrait et dans tous les autres, le rapprochement du sabbat et de la nouvelle lune s’explique suffisamment par le caractère festif que ces deux jours avaient en commun et par leur récurrence régulière et fréquente. De ces données, on peut conclure que, à l’époque préexilique, le sabbat et le septième jour constituaient deux réalités distinctes. Le premier était fêté une fois par mois, en coïncidence avec la peine lune, le deuxième était lié au rythme septénaire.
Source: Le Feuillet biblique, no 2472. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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