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Les hauts et les bas de l'Alliance (6/6)
 

Le Serviteur souffrant
Isaïe 50, 4-7

 

La liturgie de la Semaine sainte nous offre l’un ou l’autre des poèmes du Serviteur auquel on ajoute le qualificatif de « souffrant ». En effet, sa condition n’est pas enviable tellement sa douleur est intense. Les premiers chrétiens ont vu en lui une figure du Christ, eux qui devaient chercher le sens de la mort scandaleuse d’un Juste. Le plus remarquable  de ces poèmes est sans doute le quatrième qu’on lit le Vendredi Saint. Du fonds d’archives du Feuillet biblique (No 1268 – 27 mars 1988), je vous propose cette réflexion de Jean-Louis D’Aragon, S.J. 

Le Serviteur

     Ce passage provient du 3e chant qui concerne l'énigmatique Serviteur de Dieu. Ce personnage mystérieux semble parfois un individu représentant Israël, tandis qu'il apparaît plus souvent comme une collectivité, le Peuple de Dieu. Cette double dimension, à la fois individuelle et collective, convient parfaitement au Christ Jésus, Seigneur ressuscité qui, non seulement représente l'Église, mais qui l'incorpore en lui-même.

     Dans le 1er chant (42, 1-7), le prophète insiste sur le silence et la discrétion du Serviteur, tandis que le 2e chant (49, 1-8) décrit son épuisement et son humiliation. Maintenant il apparaît maltraité (50, 6-7), mais justifié par le Seigneur Dieu (50, 8-9). Cet aspect douloureux de sa mission sera explicité et approfondi dans le 4e chant (52, 13 - 53, 12).

4 Le Seigneur mon Dieu m’a donné un langage de disciple,
pour que je puisse, d’une parole,
rendre des forces à l’homme épuisé.
Il éveille chaque matin,
il éveille mon oreille
pour qu’en disciple, j’écoute.
5 Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille,
et moi, je ne me suis pas révolté,
je ne me suis pas dérobé.
6 J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,
et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.
Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et des les crachats.
7 Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ;
c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,
c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre :
je sais que je ne serai pas confondu.

À l’écoute de la Parole

     Le Serviteur répète avec insistance qu'il « se laisse instruire » par la Parole (v. 4). Avant d'enseigner à des disciples, il doit être lui-même disponible, assoiffé de la Parole. Il ne pourra diriger et réconforter les autres, à moins que la Parole devienne vivante en lui et produise des fruits.

     Pourquoi cette Parole est-elle si importante? Le 1er chant la désigne par trois fois comme le Droit (42, 1.3.4), la sagesse qui oriente l'existence de l'homme vers le bonheur et la vie. Une telle lumière ne saurait être inventée par l'intelligence humaine; elle est révélée, donnée gratuitement par Dieu.

     Mais la Parole n'exprime pas seulement des vérités générales, valant pour tous les temps et tous les êtres humains. Le Serviteur est éveillé « chaque matin » par la Parole, qui l'accompagne à chaque instant. Non seulement elle explique et approfondit les valeurs qu'elle lui a déjà révélées, mais elle lui dévoile l'avenir que le Seigneur Dieu a voulu pour son Serviteur.

     Cette destinée pourrait provoquer la révolte. Le Seigneur est tenté de se dérober et de refuser la coupe que Dieu lui présente. Mais son amour de Dieu et sa disponibilité annonce celle de Jésus au jardin de l'agonie : Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux (Mc 14, 36). Malgré le non-sens apparent du sacrifice que Dieu demande, le Serviteur et le Christ Jésus accueillent avec une parfaite confiance le calice que le Seigneur leur propose.

Persécuté, mais protégé

     La souffrance est à la fois un défi au croyant et un stimulant. La disparition d'appuis terrestres accule la personne éprouvée au désespoir ou à la foi pure. Le Serviteur place sa confiance uniquement dans le Seigneur Dieu. Il ne sera «pas confondu», comme celui qui a cherché sa sécurité dans la vanité, dans ce qui paraissait brillant, mais qui, en fait, était vide. Sa foi lui permet de sentir le Seigneur qui, déjà « vient à son secours » (v. 7). Cette confiance du Serviteur présage celle de Jésus suppliant au jardin de l'agonie (He 5, 7).

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2440. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Début de la série :
Les hauts et les bas de l'Alliance

Article précédent :
Les hauts et les bas de l'Alliance
5- La nouvelle alliance (Jérémie 31, 31-34)

 

 

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