INTERBIBLE
Les Écritures
les évangiles de l'ACÉBACla Bible en français courantexplorationglossairesymboles
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Exploration
  outils

Imprimer

La violence dans la Bible (2/6)
 

La guerre sacrée

 

La notion de guerre sacrée est indispensable pour saisir le rôle actif de YHWH dans les guerres livrées par Israël à l'époque de la conquête et de l'installation en Terre promise. Il ne faut pas confondre la guerre sacrée et la guerre de religion ou la guerre sainte dont l'intention est de propager et d'imposer sa foi. On ne retrouve pas une telle intention en Israël.

     Quand Israël combat, il le fait pour défendre son droit à l'existence, selon une conception commune à tous les peuples de l'antiquité. Pour eux, la guerre a un caractère sacré ou sacral, tout comme la monarchie. La guerre est liée à des actes religieux: elle débute sur l'ordre des dieux, elle s'accompagne de sacrifices, et, pour la mener, on compte sur l'aide des dieux auxquels on offre des sacrifices en reconnaissance de leur support. Israël a adapté cette conception à sa foi.

     La relation particulière qui unit Israël à YHWH influence la conduite de la guerre. Quand Israël entre en guerre, il a la conviction de défendre les droits de YHWH sur son peuple et sur la terre qu'il lui a donnée. On désigne le peuple en armes comme les troupes de YHWH (Jg 5, 13); les guerres d'Israël sont les guerres de YHWH (1 S 18, 17); les ennemis d'Israël sont ceux de YHWH (Jg 5, 31). On pourra lire à cet effet en 1 Rois 22, 1-38 le récit d’une guerre contre les Araméens décidée par Achab, roi d’Israël, à laquelle il veut associer Josaphat, le roi de Juda.

     Le caractère sacré de la guerre apparaît dans les conditions exigées des combattants et les rites entourant les combats. Les combattants devront être en état de pureté rituelle (Jos 3, 5) et astreints à la continence, car Dieu campe au milieu de son peuple, un peu comme si le champ de bataille devenait un temple (Dt 23, 10-15). Avant de partir, on offre un sacrifice (1 S 7, 9), on consulte YHWH (Jg 20, 23), par les sorts sacrés (1 S 23, 9-10) ou par les oracles prophétiques, sur l'opportunité d'engager le combat. On apporte aussi l'arche d'alliance, le signe visible de la présence de YHWH au milieu des combattants (2 S 11, 11). La foi est une condition essentielle pour partir à la guerre. Les invitations à ne pas craindre font partie de tous les préludes aux combats. On écarte ceux qui ont peur. Il faut partir avec la certitude que Dieu a déjà livré l'ennemi (Jos 6, 2).

     Une fois la guerre terminée, le vainqueur voue les vaincus et leurs biens à l'anathème ou à l'interdit (Jos 6, 18-24). C'est sans doute la pratique qui nous heurte le plus. Elle consiste à abandonner à YHWH les profits de la victoire, puisque cette victoire, c'est la sienne. L'anathème doit être total: les hommes et les bêtes doivent être massacrés, les villes et les biens brûlés et les objets de métal consacrés à YHWH. Il est difficile de savoir si l'anathème était vraiment appliqué. Les règles qui le régissent sont formulées dans le Deutéronome et les récits qui en traitent appartiennent au livre des Juges. Ces deux livres datent d'une époque où la pratique de la guerre sacrée est révolue.

     Ces rites n'apparaissent pas dans tous les récits. Mais ils donnent aux batailles des allures liturgiques. Lors de la prise de Jéricho, les prêtres jouent le rôle prépondérant: ils défilent en procession autour de la ville au son de la trompette et avec l'arche d'alliance. Tout le peuple fait partie de la procession et c'est par sa clameur qu'il fait tomber les murailles de la ville... inoccupée.

     Dans toutes ces guerres, c'est YHWH qui combat pour Israël et non pas le peuple qui combat pour YHWH. Les narrateurs de ces récits veulent montrer à leurs descendants que YHWH demeure le sauveur de son peuple en raison de sa fidélité aux engagements de l'alliance. Même si ces récits avaient une valeur catéchétique pour les Israélites, nous ne sommes pas tenus de leur accorder un rôle de premier plan dans notre lecture de la Bible.

(Source : Parabole, janvier-février 1998).

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2430. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Début de la série :
La violence dans la Bible

Article précédent :
La violence dans la Bible - 1- Les guerres d'Israël

Article suivant :
La violence dans la Bible - 3-Prophètes de malheur, prophètes de bonheur

 

 

www.interbible.org