Les miracles de Jésus (6/6)

Miracles de Jésus et proximité de Dieu

Au terme de ce trop court parcours sur un sujet aussi vaste que les miracles de Jésus, peut-être restons-nous avec plus de questions qu’au tout début ? Notamment celle-ci : Jésus a-t-il vraiment fait des miracles ? Même si je crois avoir apporté, au fil des lignes précédentes, quelques éléments pouvant aider à forger notre propre réponse à cette délicate question, je me permets de les résumer ici.

Tel qu’en témoignent les évangiles, Jésus de Nazareth a sûrement été, historiquement, un thaumaturge-exorciste connu de son temps, qui a fait courir les foules, qui a provoqué autour de lui un mouvement enthousiaste de disciples, émerveillés non seulement d’entendre sa prédication originale et nouvelle, mais également éblouis par des actes merveilleux qui accompagnaient son annonce du Royaume.

La prédication primitive de l’Église - ce qu’on appelle le kérygme ou première annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus – fait écho à cette réputation de thaumaturge qu’avait Jésus avant sa mort, auprès des Juifs : « Israélites, écoutez mes paroles : Jésus le Nazôréen, homme que Dieu avait accrédité auprès de vous en opérant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez, cet homme... Dieu l’a ressuscité. » (Ac 2,22.24) comme auprès des païens : Vous le savez. L’événement qui a gagné la Judée entière... ce Jésus issu de Nazareth, vous savez comment Dieu lui a conféré l’onction d’Esprit Saint et de puissance ; il est passé partout en bienfaiteur, il guérissait tous ceux que le diable tenait asservis, car Dieu était avec lui (Ac 10,37-39).

C’est toutefois sa mort-résurrection qui révélera Jésus aux disciples dans sa pleine identité de Christ et de Fils de Dieu. Toute sa vie – et donc ses miracles aussi - sera donc relue et racontée à cette lumière nouvelle par la prédication de l’Église naissante, passée dans nos évangiles.

Est-ce que la lumière de la résurrection a pu influencer la plume des évangélistes à enjoliver les récits de guérisons du Nazaréen qui, à l’origine, ont pu être beaucoup plus sobres, juste pour mieux faire « voir » son origine divine ? Sans doute. Est-ce qu’à des fins catéchétiques, pour mieux dire le mystère du Christ ressuscité et sa présence aux chrétiens d’après Pâque, des récits symboliques ont pu être forgés par les évangélistes - de toute pièce ou en partie à partir d’évènements plus banals – comme des petits chefs-d’oeuvre théologiques et christologiques. Sans doute aussi.

Il sera toujours difficile, voire impossible et surtout très hasardeux d’essayer de discerner, dans les évangiles, « le vrai du vrai » ! Le « vrai » de ce qui appartient au Jésus historique, du « vrai » de son identité pleine et entière révélée par sa résurrection. Pour le croyant, Jésus historique et Jésus de la foi ne font qu’un.

Miracles, prémices de Résurrection

Était-il important que Jésus ait fait des miracles ? Je crois que oui. Mais si les miracles de Jésus sont importants, c’est en raison de leur lien avec la résurrection, la sienne et la nôtre ! On ne peut séparer miracles et mystère pascal.

Si Jésus n’avait fait que des miracles, mais sans ressusciter d’entre les morts, son histoire ne serait pas plus racontée aujourd’hui que celle de ce thaumaturge de l’Antiquité grecque appelé Apollonios de Tyane (en avez-vous d’ailleurs déjà entendu parler de lui avant de lire cette chronique?). Son histoire n’aurait été que faits divers n’ayant aucune conséquence dans nos vies.

Si Jésus était ressuscité, mais sans avoir fait de miracles, peut-être que son message ne serait resté qu’une gnose, une connaissance désincarnée sur un Dieu censé nous aimer?

Les miracles de Jésus viennent incarner, donner chair, à son message d’un Dieu proche qui veut le bonheur et la libération de l’homme dans toutes les dimensions de son être. Ses guérisons, exorcismes, résurrections et même les miracles de Jésus sur la nature nous disent que, là où le Règne de Dieu approche, le mal recule. Le miracle ouvre une issue, annonce une résurrection à venir, ouvre à l’avenir absolu.

Patrice Bergeron, bibliste

Source: Le Feuillet biblique, no 2428. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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