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Jean et le judaïsme de son temps (1/4)
 

Foi en Dieu, crise et rupture

 

Les évangiles témoignent des relations controversées entre les autorités religieuses juives et Jésus. Dans les synoptiques, les autorités juives sont représentées par les scribes, les docteurs de la Loi et les pharisiens. Par contre, l’évangile de Jean se distingue des synoptiques en mettant l’accent sur le nœud du problème qui est de nature théologique : la reconnaissance de Jésus comme Messie et Fils de Dieu. Le ton est polémique et les propos souvent acerbes. Nous aurons l’occasion dans le prochain article de nous interroger sur l’identité des Juifs dans l’évangile johannique.

Le judaïsme du 1er siècle

     Comme les Synoptiques, l’évangile de Jean s’enracine dans le judaïsme palestinien du 1er siècle tant au niveau de la géographie que de la sociologie, des institutions et de la littérature biblique. Par contre, le rapport de Jean avec le judaïsme se distingue par une situation particulière: le conflit avec le monde juif qui aboutit à l’exclusion des chrétiens de la synagogue, tel que le montrent Jean 9 et 10.

     Le judaïsme du 1er siècle puise ses racines à l’époque du retour de l’exil qui débute en 537 avant Jésus Christ. Au temps de la résistance contre la conquête hellénistique, conduite par les Maccabées, on voit apparaître divers regroupements, comme les Esséniens et les Pharisiens, dont l’objectif est de protéger et promouvoir la foi juive et les institutions religieuses.

L’Académie de Yabneh et la redéfinition du judaïsme

     Ces regroupements, surtout le pharisaïsme, vont définir le visage du judaïsme palestinien. Après la chute de Jérusalem en 70, l’élite juive se réfugie dans la ville de Yabneh (ou Jamnia), près de la côte de la Méditerranée et se joint à l’Académie des Sages qui y exerçaient déjà une activité théologique et spirituelle. Ces Sages prendront la relève du mouvement pharisien et se livreront à un travail de restructuration de la religion juive autour des institutions qui pouvaient survivre à la destruction de Jérusalem, du Temple et de ses pratiques liturgiques. L’Académie hérite de l’autorité morale de leurs ancêtres pharisiens et prend un nouvel essor sous la direction de Rabban Yohanan ben Zakkay.

     Le judaïsme ne peut se limiter toutefois à sa forme palestinienne. On doit tenir compte de l’apport et de l’influence du judaïsme alexandrin et de l’apocalyptique palestinienne. Tout cela constitue l’arrière-fond de l’évangile johannique. Derrière les Pharisiens de l’évangile, il faut sans doute reconnaître la présence des Sages de l’Académie avec lesquels la communauté johannique se trouve aux prises. Pharisiens et Sages de Yabneh se confondent dans leur vigilance doctrinale et leurs sanctions contre leurs coreligionnaires qui croient en Jésus.

     Dans les Synoptiques, on pouvait déceler les menaces des Juifs contre les chrétiens : Méfiez-vous des hommes : ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues (Mt 10, 17). Chez Jean, ces menaces se traduisent par des mesures concrètes contre les Juifs qui croient que Jésus est le Fils de Dieu (Jn 7, 13; 12, 42-43). Certaines notations de Jean, clairsemées dans le récit évangélique, laissent transparaître la situation complexe des judéo-chrétiens de la communauté johannique, tels que :

1. la crainte pour des Juifs de se dire ouvertement disciples de Jésus : Même parmi les chefs du peuple, beaucoup crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils ne le déclaraient pas publiquement, de peur d’être exclus de la synagogue. En effet, ils ont davantage aimé la gloire humaine que la gloire de Dieu (Jn 12, 42; 19, 38);

2. leurs dissensions au sujet de son enseignement : Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui‑là peut-il nous donner sa chair à manger ? » (Jn 6, 52);

3. l’abandon de la foi chrétienne par nombre d’entre eux : À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ?» Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 66-68; cf. 8, 31; 12, 42).

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2319. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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L'Évangile selon saint Jean - Un talent d'érivain au service de la révélation (7/8)

 

 

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