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L'enfance du Christ selon saint Luc (3/6)
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Des cousins « siamois »Des frères siamois, d’accord! Mais des cousins siamois, voyons, ce n’est pas possible! C’est vrai, mais le titre veut tout simplement montrer l’intention de Luc de présenter les rôles complémentaires de Jean et de Jésus dans l’histoire du salut. Les cycles de Jean et de Jésus sont certes parallèles, mais ils ne sont pas en tous points similaires, à l’image même de leurs missions qui sont différentes. Les éléments communs sont l’annonce de la venue des enfants, leur naissance, l’attribution de leur nom respectif, leur circoncision, la mention de leur croissance physique et spirituelle. Les deux cycles se croisent dans la scène de la Visitation de Marie chez Élisabeth (Lc 1, 39-56). Marie est porteuse de l’Évangile auprès de celle qui porte le précurseur de l’Évangile. Les deux cousins pressentent leur présence en tressaillant dans le sein de leur mère. Mais ils ne se rencontreront vraiment que le jour où Jésus demandera à Jean de le baptiser. En réalité, ils se sont peut-être amusés ensemble lors de rencontres familiales, mais ces jeux n’intéressent pas vraiment l’évangéliste. L’annonce à Zacharie (1, 5-25)Le couple de Zacharie et d’Élisabeth ressemble à celui d’Abraham et de Sara. Tous sont avancés en âge et les deux épouses sont stériles. Tous sont qualifiés de justes devant Dieu. Zacharie et Élisabeth suivent les commandements du Seigneur comme Abraham et Sara marchent dans la foi en Yahvé. Contrairement à Abraham, Zacharie appartient à l’une des 24 classes sacerdotales. On a dit d’Abraham qu’il serait le père d’un peuple nombreux; or une partie de ce peuple se tient en prière à l’extérieur du sanctuaire, annonçant le peuple qui viendra auprès de Jean pour se faire baptiser. Encore un peu plus tard, le même peuple de Jérusalem sera rassemblé devant la maison des apôtres le jour de la Pentecôte pour entendre la première annonce publique de l’Évangile du Christ ressuscité et l’invitation à la conversion. Malgré qu’il ait été qualifié de juste, Zacharie a une foi fragile. S’il est frappé de mutisme, c’est parce qu’il doute que Dieu puise accomplir l’impossible, qu’Élisabeth puisse enfanter. Il demande un signe. Sa faiblesse, c’est de ne pas avoir fait le lien avec le cas d’Abraham qui a cru à la promesse de la naissance d’Isaac, mais aussi avec d’autres enfants miraculeux nés de parents stériles : Jacob et Esaü (de Rebecca), Joseph et Benjamin (de Rachel), Samson (mère anonyme), Samuel (de Anne). ����� ����� �����Marie aussi posera à l’ange Gabriel une question qui sera comprise non comme un doute mais comme l’expression de son désir de connaître comment se réalisera la promesse. Dans la tradition biblique, il n’y avait jamais eu de cas où une femme ait enfanté en dehors de toute relation sexuelle. On reviendra sur l’annonce à Marie dans la prochaine chronique. Le prophète du Très-Haut et le Fils du Très-HautIl est intéressant de comparer le contenu des deux annonces car on y trouve une révélation de l’identité et de la mission qui attend les deux enfants. Jean y est présenté comme un prophète consacré au Seigneur qui apportera la joie à son peuple (la joie est un thème cher à Luc). Il mènera une vie ascétique. Sa mission, exercée avec la puissance de l’Esprit, sera de ramener le peuple vers son Dieu comme autrefois le prophète Élie s’était fait le défenseur de la foi yahviste contre les cultes païens de Canaan. Le cantique de Zacharie est en fait un psaume de louange (1, 67-79) qui reprend en les amplifiant certains éléments de l’annonce. On y proclame que Jean est le prophète du Très-Haut alors que l’ange Gabriel annonce à Marie que son enfant est le Fils du Très-Haut. Dans la première partie (vv. 68-75), on se réjouit que Dieu visite son peuple et lui manifeste ainsi sa grâce (c’est le sens du nom de Jean, Yahvé fait grâce). Il se montre fidèle à son amour et aux engagements pris envers son peuple depuis le temps d’Abraham et celui de David. La seconde partie (vv. 76-79) annonce la mission prophétique de Jean qui, par une invitation à la conversion, fera entrer le peuple de Dieu dans les temps nouveaux qu’inaugurera le cousin Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu, l’Astre levant venu d’en haut.
Source: Le Feuillet biblique, no 2337. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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