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Les Actes des Apôtres (4/5)
 

Les ministères et les fonctions

La croissance des premières communautés chrétiennes et la diversité des o­rigines de leurs membres ont tôt fait d’obliger les responsables à faire face à des situations inédites. Une des conséquences fut la création de ministères et de services qui devaient répondre autant à un souci d’organisation qu’à des besoins pressants de la communauté. De notre point de vue, on pourrait y voir une amorce d’institutionnalisation. Mais, au regard des premiers chrétiens, il s’agissait d’assurer le bon fonctionnement des communautés en respectant les personnes qui les composaient.

     D’entrée de jeu, précisons que les ordres de ministres que nous connaissons aujourd’hui n’existaient pas au 1er siècle. Les diacres, prêtres et évêques sont apparus au cours du 2e siècle. Les communautés chrétiennes naissantes ne donnent pas le nom de prêtre (kohen, en hébreu, hiereus, en grec) à une personne qui exerce un ministère ou un service. Les communautés chrétiennes issues du judaïsme continuent d’utiliser le titre traditionnel « Ancien » (zaqen, « vieux, âgé » en hébreu) pour désigner leur responsable. Le terme sera traduit par son équivalent grec presbyteros. Dans les communautés d’origine grecque, les ministres sont plutôt désignés par les    termes « épiscopes » et « diacres ». Les premiers auteurs chrétiens (Ignace d’Antioche, Clément de Rome, Hippolyte, Tertullien, aux 1er-3e siècles) appliqueront le vocabulaire sacerdotal traditionnel aux ministres de l’Église naissante mentionnés dans le Nouveau Testament. Le terme presbyteros (presbytre) passera ainsi dans le latin chrétien et sera traduit par « prêtre ».
 
     En parcourant les Actes, on se rend vite compte que toutes les personnes qui remplissent une fonction ou un ministère exercent toutes une diaconie, un service rendu à la communauté. Une première approche passe par trois chiffres. Dans la communauté de Jérusalem, il y avait les 12 apôtres et les 7 responsables propres au groupe gréco-romain. À Antioche de Pisidie, il y avait les prophètes et les docteurs au nombre de 5. Dans toutes les communautés, il y avait les Anciens (ou presbytres, en langue grecque).

     Même si les titres varient, les fonctions sont à peu près les mêmes pour répondre à deux nécessités fondamentales : la transmission de l’Évangile et l’animation des communautés.

     Les Apôtres, ou les Douze, se distinguent des autres ministres du fait qu’ils ont été choisis par Jésus, qu’ils l’on accompagnés durant ses années de mission et qu’ils ont été témoins de sa résurrection. Ce sont les critères que l’on invoquera pour choisir un remplaçant à Judas (Ac 1, 15-26). Quant à leurs tâches, ils assurent la prédication de l’Évangile, la prière, la gestion économique et le souci des autres églises. On se réfère aux apôtres pour demeurer fidèles au Christ et aussi pour assurer les liens de l’unité et de la charité.

     Les Sept sont les dirigeants à la fois matériels et spirituels de la communauté chrétienne des hellénistes de Jérusalem (Ac 6, 1-6). Institués d’abord pour régler un problème d’équité, les veuves hellénistes étant défavorisées par rapport aux veuves hébraïques, les Sept ont exercé autant la diaconie de la Parole que celle de la charité. Ils étaient toutefois subordonnés aux Douze.

     Les Cinq de la communauté d’Antioche exercent principalement des ministères rattachés à la Parole (Ac 13, 1-3). On les désigne en effet comme des prophètes et des docteurs. L’un d’eux, Barnabé, est surnommé « fils de l’exhortation » (Ac 4, 36). Quand Paul séjournera à Antioche de Pisidie, on lui demandera d’adresser une parole d’exhortation (13, 15), Il semble bien qu’il s’agit là d’un terme technique qui désigne une interprétation des Écritures. Les Apôtres aussi exerçaient ce ministère. Selon E. Cothenet, les prophètes auraient assuré la prédication, l’homélie, dans le cadre de l’assemblée liturgique, d’une façon un peu plus spontanée que les docteurs. Ceux-ci auraient plutôt été des maîtres qui livraient un enseignement plus systématique pour ceux qui voulaient approfondir leurs connaissances.

     Quant aux Anciens ou presbytres, il s’agit des responsables des églises locales. Par exemple à Jérusalem, Pierre présidait le collège des Douze tandis que Jacques présidait le collège des Anciens. Dans le discours d’adieu de Paul aux Anciens d’Éphèse, on apprend que ceux-ci étaient les gardiens (episcopoi) du troupeau de Dieu et avaient le devoir d’assurer la fidélité à la tradition évangélique reçue des apôtres.

     Comme le rappelle saint Paul, tous ces ministères ont leur source dans le Christ: C’est lui qui a donné certains comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres  encore comme évangélistes, d’autres enfin comme pasteurs et chargés de l’enseignement, afin de mettre les saints en état d’accomplir le ministère pour bâtir le corps du Corps  (Éphésiens 4, 11-12)

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2333. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Les Actes des Apôtres : Aux sources de notre foi (3/5)

 

 

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