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L'Évangile selon saint Luc (2/7)
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La fiche d'identité de LucLe nom de Luc n’apparaît pas dans les évangiles ni dans la liste des apôtres. Il n’est donc pas un disciple de la première heure. Il a cependant fait la rencontre du Christ par l’entremise de l’annonce de l’Évangile du Christ Jésus, cet Évangile de la grâce de Dieu, comme Paul le dit si bien dans son discours d’adieu (Actes 20, 24). Absente des évangiles, la figure de Luc apparaît ailleurs dans le Nouveau Testament, notamment dans l’entourage de Paul. Celui-ci mentionne le nom de Luc à trois reprises, en le désignant comme « le cher médecin » (Colossiens 4, 14) et l'un de ses collaborateurs (Philémon 24). Dans la Seconde lettre à Timothée, Paul écrit que Luc est seul avec lui (4, 11). Luc est également l'auteur des Actes des Apôtres. Or, dans certains passages de ce livre (16, 10-17; 20, 5-15; 21, 1-18; 27, 1-28, 16), Luc utilise le pronom « nous ». Ce procédé littéraire laisse croire qu'il était un des compagnons de voyage de Paul : Prenant la mer à Troas, nous avons mis le cap directement sur Samothrace (Ac 16, 11). La qualité et la maîtrise du grec commun (la koinè), le style élégant des passages qui lui sont propres, l’art de raconter, l’emprunt de certains procédés aux historiens et écrivains grecs sont autant d’indices attestant que Luc appartient à la culture hellénistique, c'est-à-dire la civilisation grecque postérieure à Alexandre le Grand. De ce fait, Luc est un témoin de l’inculturation de l’Évangile dans le monde grec. Son évangile reflète le souci de transmettre et de rendre le message du Christ intelligible et crédible pour des gens qui ne sont pas familiers de l’univers biblique dans lequel Dieu s’est révélé. Il était important pour lui de bien inscrire dans le cours de l’histoire les événements qu’il rapporte pour en montrer la réalité et la vérité. À cet effet, il choisit d’écrire à la manière des historiens grecs, comme il l’annonce dans le prologue de l’évangile. Il précise sa méthode, donne ses sources, choisit ses matériaux et fixe son objectif pour produire un récit ordonné. Cet ordre toutefois est davantage didactique que chronologique, car l’auteur veut transmettre l’enseignement de Jésus et tracer le portrait du disciple authentique. La même méthode sera également appliquée dans les Actes des Apôtres où Luc raconte l’expansion de l’évangélisation depuis Jérusalem jusqu’à Rome, au cœur de l’empire. Certains pensent que Luc aurait été un sympathisant de la religion juive, un craignant-Dieu, à l’instar d’autres païens qui étaient insatisfaits du vide religieux véhiculé par le polythéisme et ses mythologies discréditées par les philosophes, ainsi que par la religion officielle qui divinisait l’empereur. Les craignant-Dieu étaient attirés par la foi monothéiste et les valeurs morales de la religion juive. Mais ils n’allaient pas jusqu’à se convertir, car cela impliquait la circoncision. Ils la refusaient non seulement parce qu’elle était considérée comme une mutilation dégradante mais aussi parce qu’elle impliquait un changement d’appartenance nationale. La prédication des apôtres remporta un certain succès auprès des craignant-Dieu, de même qu’auprès des païens. Ces gens accueillirent l’Évangile avec bonheur car la personne et le message de Jésus comblaient leurs aspirations religieuses et morales. La religion chrétienne jouissait d’un atout précieux : son universalité. La communauté chrétienne faisait bon accueil aux personnes de toutes cultures, langues, origines ethniques et appartenances nationales. Il suffit de penser à la triple mention de centurions dans l’ensemble de son œuvre. Enfin, la tradition chrétienne des premiers siècles apporte quelques témoignages au sujet de Luc. En 180, l'évêque de Lyon, Irénée, est le premier à affirmer que Luc est l'auteur du troisième évangile : « Luc, le compagnon de Paul, a consigné en un livre l'évangile que celui-ci prêchait. » À la même époque, le Canon de Muratori le confirme également : « Le troisième évangile est selon Luc. Luc est ce médecin qui, après l'ascension du Christ, fut emmené par Paul comme compagnon de ses voyages et qui écrivit en son nom. Cependant, il n'a pas vu lui-même le Seigneur durant sa vie terrestre. Il commence son récit à partir de la naissance de Jean». Tertullien et Origène (3e siècle), Eusèbe de Césarée et Jérôme (4e siècle) abondent dans le même sens.
Source: Le Feuillet biblique, no 2324. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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