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Chemins de Carême à la rencontre de Dieu (1/7)
 

Une brève histoire du Carême

Dans quelques jours, avec le mercredi des Cendres, nous débuterons le temps du Carême qui nous prépare à la célébration du mystère pascal qui se situe au cœur de notre foi puisque nous sommes baptisés dans la mort et la résurrection du Christ. Pour l’occasion, la chronique adopte un genre différent en vous proposant une démarche spirituelle qui vous conduira sur les chemins du désert à la rencontre de Dieu. Mais avant de nous y engager, question de nous mettre en forme, je vous transporte dans les premiers siècles de l’Église pour y voir comment le Carême est né.

     Le carême n’apparaît qu’entre les années 300 et 325. Mais dans les siècles précédents, quelle était la pratique chrétienne?

     Aux 2e et 3e siècles, un jeûne de deux jours tenait lieu de préparation immédiate à la fête de Pâques. Les chanceux! se diront ceux qui s'astreignent à certaines privations durant les 40 jours de carême. Un philosophe romain devenu chrétien, saint Justin, écrit que les candidats au baptême « sont instruits à prier et à implorer de Dieu, en jeûnant, la rémission de tous péchés passés, tandis que nous prions et jeûnons avec eux ». Vers 195, une lettre de saint Irénée, évêque de Lyon en Gaule (France), adressée au pape Victor, révèle que les chrétiens étaient tenus à un jeûne obligatoire les vendredi et samedi saints pour commémorer dans la tristesse le départ de leur Époux, le Christ. Aux pharisiens qui reprochaient à ses disciples de ne pas jeûner, Jésus avait répondu qu’ils jeûneraient le jour où l’Époux leur serait enlevé (Marc 2, 19-20).

     À partir du 4e siècle, le carême s'organise autour de la préparation des catéchumènes au baptême. Solidarité chrétienne oblige, on demande alors aux baptisés d'accompagner les catéchumènes en priant, en jeûnant et en participant aux catéchèses sur le Credo. Le carême devient alors pour les chrétiens un temps de renouvellement de leur vie de foi, en puisant à la source vive de la mort et de la résurrection du Christ. Eusèbe, évêque de Césarée, est le premier témoin de l'existence du carême. Il écrit dans son histoire de l'Église : « Avant la fête (de Pâques), pour nous préparer, nous nous exerçons pendant quarante jours en imitant le zèle des saints Moïse et Élie ».

     Dès ses débuts, le carême a mis l’accent sur la pratique du jeûne, de la prière et des gestes de partage. À l’origine, le jeûne était prépondérant, car l’ascèse physique permettait de progresser dans la vie intérieure. Pour stimuler la pratique du jeûne par les fidèles, on faisait référence aux grands modèles fournis par l’Écriture : le séjour de Jésus au désert durant 40 jours, celui de Moïse sur le Sinaï avant de recevoir la Loi divine, la prédication de Jonas aux gens de Ninive durant 40 jours. Mais c’est surtout le Christ qui apprend à ses disciples à jeûner durant 40 jours.

     Les effets du jeûne sont bénéfiques. Saint Basile en énumère plusieurs. Il est un remède et une éducation spirituelle; il aide à combattre le mal, il permet de combattre le péché, répare la gourmandise. Mais on ne conçoit pas le jeûne comme une performance. On l’associe en particulier à l’eucharistie. L’un et l’autre sont des remèdes contre le péché, en ce sens qu’ils favorisent un attachement plus étroit au Christ et une disposition plus généreuse à vivre sa vocation de fils et de fille de Dieu. L’un et l’autre ont pour effet de sanctifier la vie du baptisé et de l’engager à faire de sa vie une offrande spirituelle à Dieu.

     En s’inspirant de l’enseignement de Jésus rapporté dans le Discours sur la montagne, le jeûne ne peut se concevoir sans ses liens avec la prière et les gestes de miséricorde, telle la visite des malades, des prisonniers, l’aide aux pauvres. Ces trois pratiques doivent être perçues comme un entraînement spirituel qui accroît l’attachement au Christ, orientent vers une intimité plus grande avec Dieu et ouvrent l’horizon de sa vie personnel sur le prochain. Elles créent un espace de liberté dans l’environnement matériel où nous vivons. Elles font du carême un temps incomparable pour approfondir les valeurs essentielles de la vie chrétienne.

 

Yves Guillemette, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2304. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
L'Exortation apostolique Verbum Domini -La mission de l'Église : annoncer la Parole (6/6)

 

 

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