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Le livre de Job (6/6)
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Les deux autres cycles du discoursAprès l’apologie de Job qui se termine par le colophon fin des paroles de Job (31, 40b) on pourrait croire que tout a été dit. Le livre se poursuit encore par deux cycles de discours, ceux d’Élihu (chapitres 32 à 37, répartis en quatre discours : 32-33; 34; 35; 36-37) et ceux de Yahvé (38,1 – 40,2 et 40,6 – 41,26) avec deux brèves réponses de Job (40, 3-5 et 42, 1-6). L’appartenance des discours d’Élihu à l’édition originale du livre est improbable. Élihu et ses discours ne sont pas très appréciés des commentateurs. On qualifie souvent le personnage de pédant ou de prétentieux, ses discours de bavardage insipide. Il est vrai que le style de ces chapitres n’est pas à la hauteur de celui du reste du livre. Il est vrai aussi que l’éloge que le personnage fait de lui-même (32, 6-22) ne le rend pas particulièrement sympathique. Il faut pourtant lui reconnaître le mérite de raisonner avec logique; ses discours ont plus de rigueur que ceux de Job et de ses autres interlocuteurs. Il défend la théologie traditionnelle contre laquelle Job s’insurge. Il ne croit pas à ses déclarations d’innocence puisque, pour lui, il est impossible que Dieu ait tort ou puisse se tromper (cf. 36, 2-21). Son hymne à la toute-puissance divine (36, 22 – 37, 24) ne manque pas de souffle poétique et anticipe, d’une certaine manière, les discours de Yahvé. Ce dernier cycle de discours représente incontestablement le sommet littéraire du livre. Sur le plan théologique, il ajoute un élément important à ce qui a déjà été exprimé par Job et ses compagnons, y compris Élihu, mais on ne peut pas dire que la solution du problème de la souffrance s’y trouve. Celui-ci avait envisagé, un moment, pouvoir soutenir avec Dieu un débat de caractère juridique Voici, je vais procéder en justice
Le discours se poursuit par un poème grandiose où défilent tous les éléments de la création que pouvait connaître un auteur de l’Antiquité : les astres et les étoiles, la mer, les phénomènes météorologiques, les animaux sauvages et domestiques et même les bêtes plus ou moins imaginaires que sont Béhémoth et Léviathan. Certes, Job connaissait déjà le pouvoir créateur de Dieu (cf. 9, 5-13); il en avait conclu qu’il était inutile de vouloir se défendre contre un adversaire trop puissant pour s’intéresser à sa cause (cf. 9, 14-20). Le point de vue exprimé dans les discours divins est différent. On peut le résumer ainsi : le monde est rempli de mystères dont Job ne connaît pas l’explication ni la raison d’être. Dieu seul peut embrasser du regard tout l’univers et il le gouverne selon une Sagesse qui échappe à l’homme. Le cas de Job entre dans cette catégorie des choses incompréhensibles parce que réservées à la science de Dieu. Devant une telle immensité Job est réduit à reconnaître sa petitesse et à croire, malgré tout, en ce Dieu tout-puissant qui gouverne le monde. J’étais celui qui voile tes plans Sur le plan intellectuel, cette finale n’est pas entièrement satisfaisante. Dieu a amené Job à la capitulation en lui faisant prendre conscience de sa petitesse et de sa fragilité. Sur le plan spirituel, Job a vécu une expérience de transformation intérieure. Sa souffrance lui a permis de rencontrer Dieu : maintenant mes yeux t’ont vu (42, 5b). Il a découvert que son malheur n’est pas un abandon de la part de Dieu mais un chemin nouveau qui s’offre à lui pour le connaître autrement que par ouï-dire. C’est là peut-être l’héritage le plus précieux de Job : dire à tous les souffrants que Dieu ne les rejette pas et que ce qu’ils vivent fait mystérieusement partie du plan divin qui ne peut pas ne pas être un acte d’amour.
Source: Le Feuillet biblique, no 2260. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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