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Le livre de Job (4/6)
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Le coeur du drameLe nœud du problème est évidemment la souffrance d’un homme qui se considère innocent. Implicitement Job accepte la notion traditionnelle de la souffrance comme sanction du péché. S’il se savait coupable de quelque crime il accepterait son sort. Mais il ne veut pas faire semblant; la vérité exige qu’on reconnaisse sa justice. Tout le chapitre 31 est une protestation d’innocence étonnamment moderne où les problèmes sociaux occupent la première place alors que les questions strictement religieuses et cultuelles sont curieusement absentes. Puisque Job ne trouve pas en lui la cause de ses malheurs, il faut que le mal qui le frappe vienne de Dieu. Telle est, me semble-t-il, la question fondamentale : qui est Dieu pour permettre que le juste souffre? Il s’agit donc d’un problème essentiellement théologique. Les aspects psychologiques et anthropologiques du drame ne peuvent se comprendre que dans une perspective religieuse. Il ne s’agit pas seulement d’un homme qui souffre mais d’un croyant qui ne peut envisager de solution à son problème en dehors de l’horizon de sa foi. Je dirais à Dieu : ne me condamne pas Il y a des dizaines de versets qu’on pourrait citer sans jamais trouver le passage qui résume tout l’enjeu du débat. Car le livre n’est pas un traité systématique où on explorerait à fond chaque aspect d’un problème avant de passer au suivant. Les idées vont et viennent, d’un discours à l’autre, sans qu’on enregistre de véritable progrès. Pour Job, la situation est aussi obscure à la fin du chapitre 31 qu’au début du chapitre 3. Les interventions des amis ne sont pas de véritables réponses aux questions de Job, et même si celui-ci reprend quelques-unes de leurs idées, il n’entreprend pas de les réfuter systématiquement. En simplifiant, on peut résumer ainsi la thèse soutenue par les amis : puisque Dieu est juste, ce qui arrive à Job doit être soit une correction, soit la punition d’une faute cachée que lui-même a peut-être oubliée. Il n’a qu’à revenir humblement à Dieu qui lui accordera son pardon : Si tu reviens à Shaddai en humilié De son côté Job reste convaincu de son innocence. Puisque Dieu, qui est juste, le traite en coupable, il lui doit au moins une explication. Job ne réclame pas le rétablissement de sa fortune d’autrefois; il veut d’abord comprendre pourquoi les faits contredisent ce que la foi enseigne. Oh! si je savais comment l’atteindre, Il est persuadé que si Dieu se prêtait à cette rencontre, il ne pourrait que reconnaître son innocence. Il reste jusqu’à la fin dans cette position de défi (cf. 31, 35-37).
Source: Le Feuillet biblique, no 2258. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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