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Le livre de Tobie (5/7)
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L'heureux mariage de Tobie et SaraLe dénouement de l’histoire de Tobie n’est pas dépourvu d’humour. Accueillis chez Ragouël selon les règles de l’hospitalité antique, Tobie trépigne cependant d’impatience pendant le repas. Il veut se marier sur le champ. Ragouël obtempèrera et lui accordera la main de sa fille Sara, non sans le prévenir du sort étrange dont elle est affligée : Pourtant, je te dois toute la vérité : Je l'ai déjà donnée en mariage successivement à sept de nos frères israélites, et ils sont tous morts durant la nuit de noces quand ils ont voulu s'approcher d'elle. Quoi qu'il en soit, mon enfant, mange et bois : le Seigneur interviendra en votre faveur (Tb 7,10-11). Le chapitre 7 procure d’intéressants détails sur l’institution et la cérémonie du mariage dans le milieu juif de l’Antiquité, mariage que le père de la jeune fille présidait au cours d’un repas : Ragouël appela ensuite sa fille Sara. Quand elle arriva, il la prit par la main et l'amena à Tobie en lui disant : « Reçois-la comme épouse, conformément aux prescriptions de la loi de Moïse ! Emmène-la avec toi pour la conduire en toute sécurité dans la maison de ton père. Que le Dieu du ciel vous guide et vous accorde le bonheur ! » (Tb 7,13) Lorsque les deux époux se retrouvent seuls pour la nuit de noces, Tobie exécute tout de suite le rite de fumigation qui chassera le démon, Asmodée, au bout du monde (représenté par l’Égypte) où il sera enchaîné par Raphaël 1. Une fois Sara délivrée, c’est par une prière de louanges et de bénédictions que les deux jeunes époux, en juifs pieux, débuteront leur vie conjugale. Comble d’ironie, pendant ce temps, Ragouël et ses serviteurs iront déjà creuser la tombe de Tobie, croyant qu’il subirait le même sort que les sept premiers maris. On va même jusqu’à envoyer une servante espionner dans la chambre nuptiale pour constater le décès! Le rapport de celle-ci est cependant une bonne nouvelle qui provoque une autre hymne de louanges et bénédictions au Seigneur, cette fois, de la part de la maisonnée de Ragouël. Cloué à la maison de Ragouël pour des festivités de noces particulièrement solennelles 2, Tobie enverra Raphaël (alias Azarias) récupérer, à sa place, l’argent de son père, ce dont il s’acquittera diligemment (comme on s’attendrait de la part d’un ange!). La prière de Sara ayant été exaucée, la providence verra, dans la suite et fin de l’histoire, à guérir Tobit de sa cécité. Revenant finalement avec son épouse et Raphaël chez ses parents - qui le croient mort tant il a tardé à rentrer –, Tobie s’empresse en revoyant son père de lui appliquer le fiel du poisson sur les yeux, ce qui le guérit, donnant lieu à de touchantes retrouvailles. C’est ici que les deux histoires, celle de Tobit et celle de Sara, au départ parallèles, se rejoignent enfin lorsque l’aveugle guéri fera la connaissance de sa belle-fille délivrée et l’accueillera dans sa maison. Quand il arriva près de Sara, la femme de son fils Tobie, il la bénit en disant : « Sois la bienvenue, ma fille ! Et loué soit ton Dieu qui t'a fait venir chez nous ! (Tb 11,17) Ayant mené à bien sa mission, Raphaël se retire d’auprès de Tobit et de son fils, disparaissant à leur yeux, mais non sans avoir révélé sa vraie identité, provoquant encore une fois bénédictions et louanges dans le célèbre cantique de Tobit, aux allures du Magnificat de Marie de l’évangile de Luc3. Le livre se termine sur un deuxième « testament » de Tobit (Tb 14,2-11) - cette fois-ci, plus vraisemblablement posté dans l’histoire, à la veille de sa mort – où il révèle à son fils les événements à venir et donne ses dernières consignes en matière de morale et de piété.
Source: Le Feuillet biblique, no 2234. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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