Le livre de Ruth (6/8)
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Les épousailles de Booz et de RuthL’histoire de Ruth, la Moabite, trouve son dénouement dans le quatrième et dernier tableau où Booz exerce son droit de rachat. Ayant auparavant laissé entendre qu’un plus proche parent avait préséance, Booz se rend à la porte de la ville, là où se règle tout acte de justice, pour l’y rencontrer. L’auteur du récit a le souci d’expliquer le sens de la démarche du rachat des biens du défunt, en l’occurrence une terre que Noémi met en vente. Mais la terre ne vient pas seule : le racheteur, ou le go’el, doit aussi prendre en mariage la belle-fille de Noémi, l’épouse de son fils Malhôn, afin de lui assurer une descendance. Le rachat se fera ainsi en appliquant le droit coutumier du lévirat. Booz prend soin de bien exposer la double démarche du rachat : Booz reprit : « Le jour où, de la main de Noémi, tu prends possession du champ, tu prends également possession de Ruth la Moabite, la femme de celui qui est mort, afin que le nom du mort reste attaché à son héritage. » Alors, celui qui avait droit de rachat dit : « Je ne pourrais pas exercer mon droit de rachat sans détruire mon propre héritage. Toi, exerce donc le droit de rachat, puisque je ne le peux pas » (4, 5-6). Alors que le parent était prêt à acquérir la terre, il déclare forfait à l’idée d’épouser Ruth et d’assurer la pérennité de la famille de Noémie. Il ne se voit pas exploiter la terre et ne jamais bénéficier de ses fruits, car elle reviendra un jour à l’enfant de Ruth. L’engagement de BoozLe refus du proche parent d’exercer son droit de rachat donne le champ libre à Booz qui avait préparé le terrain en montrant la double implication du rachat. C’est lui qui pourra exercer son droit de rachat. Il prend soin de nommer tous les membres de la famille afin que leurs noms ne disparaissent pas de la terre d’Israël.
Les témoins de la scène reconnaissent que l’acte de Booz se situe dans le sillage des anciens et inscrivent Ruth l’étrangère parmi les mères du peuple que sont Rachel et Léa, les deux épouses de Jacob.
Si le geste de Booz est acclamé, c’est parce qu’il relève de la pure gratuité. Celle-ci a d’ailleurs été mise en lumière par le refus de l’autre parent qui avait estimé qu’il avait trop à perdre. Il est vrai que Booz ne tire aucun profit matériel de l’acte de rachat; mais il s’est comporté en homme juste qui conforme sa vie à la Loi du Seigneur. Le récit se conclut par le chœur des femmes de Bethléem qui bénissent le Seigneur Dieu qui s’est montré fidèle à sa promesse d’être le sauveur des pauvres de son peuple, en assurant une descendance à Noémi par la naissance d’Oved, le fils de Ruth.
Un auteur tardif a ajouté au récit la généalogie de David où Oved apparaît comme le grand-père de David le roi messianique. En ouvrant son évangile par une généalogie où Booz et Ruth ont leur place, Matthieu voit dans ce couple, qui s’est distingué par sa piété et sa fidélité à la Loi de Dieu, les prémices de la nouvelle alliance conclue en Jésus le Messie.
Source: Le Feuillet biblique, no 2205. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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