Le livre de Ruth (3/8)
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Ruth, sur les pas de NoémiLe premier des quatre tableaux du livre de Ruth raconte la décision de Noémi de retourner dans son pays d’origine après que le malheur se fut abattu sur sa famille. La mort de son mari Elimelek et de ses deux fils Mahlôn et Kilyôn laissent trois veuves dans une situation précaire. Noémi, déjà avancée en âge, est bien consciente qu’il n’y a plus d’avenir pour elle. Quel homme pourrait désormais s’intéresser à elle? De plus, elle ne peut même pas compter sur l’aîné de ses fils qui, selon la coutume, aurait pu l’accueillir chez lui et lui assurer une subsistance convenable. Ne voulant pas entraîner ses deux belles-filles dans sa misère, Noémi se montre magnanime et leur redonne leur liberté : elles pourront retourner dans leur famille et refaire leur vie.
Un attachement inconditionnelOrpa accepte à contrecœur l’offre de Noémi mais Ruth, malgré l’insistance de sa belle-mère à la décourager, décide de s’attacher à elle. Du coup, elle accepte de poursuivre sa vie dans le veuvage. Elle risque même d’accentuer son statut précaire car, en prenant le chemin de Bethléem, elle quitte son pays et sa famille pour devenir une étrangère. Il y a chez cette femme un détachement qui en fait une fille d’Abraham. Le choix de Ruth n’est pas motivé par la recherche de son propre intérêt, mais plutôt par un attachement inconditionnel à Noémi, un attachement viscéral, qui relève de la miséricorde. Ruth choisit librement de partager le destin de Noémi, d’être de sa terre, de s’intégrer à son peuple, d’épouser sa foi en YHWH. Devant une telle affection, Noémi ne peut qu’appeler Ruth « sa fille ».
La signification des noms des acteurs du récit
La situation précaire des veuvesLes veuves, avec les orphelins et les étrangers, comptent parmi les personnes les plus démunies de la société des temps bibliques. On peut penser à la veuve de Sarepta qui décrit son dénuement au prophète Élie (1 Rois 17, 12), à la veuve de Naïn qui enterre son fils unique (Luc 7, 11-17) ou à celle qui jette dans le Trésor du Temple les deux piécettes qui lui restent pour vivre (Luc 21, 1-4). La condition misérable des veuves est due à leur isolement. En effet, pour être considérée comme veuve, une femme doit répondre à certaines conditions : être sans fils, ni gendre adulte pour l’entretenir, ni beau-frère libre pour l’épouser et assurer une descendance à son frère décédé, selon la loi du lévirat. Une veuve peut envisager un retour chez ses parents, mais elle ne peut compter sur la famille de son mari décédé. Il lui est toutefois possible de se remarier. La Loi contient des prescriptions pour la protection des veuves (Deutéronome 14, 28-29; 24, 17-21), mais les rappels constants des prophètes indiquent que leur respect laissait à désirer (Isaïe 1, 17.23). À leurs yeux, seul le Seigneur Dieu se révèle leur défenseur.
Source: Le Feuillet biblique, no 2202. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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