Connaissances de base (4/6)
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Selon les ÉcrituresLa volonté de connaître et de comprendre les textes bibliques n’est pas apparue à l’époque moderne; elle a toujours fait partie de la tradition biblique. Par exemple, le clergé israélite exilé à Babylone s’est engagé, après la chute de Jérusalem en 587 avant Jésus Christ, dans une relecture de l’histoire de l’alliance rendue nécessaire par la crise provoquée par la destruction du Temple et la disparition des institutions civiles et religieuses. Ils ont ainsi produit ce que nous appelons « l’histoire sacerdotale » qui débute majestueusement avec le récit de création de Genèse 1, 1-2, 4a. L’auteur du livre de la Sagesse, issu de la diaspora juive d’Alexandrie, s’est lui aussi livré à une relecture de la tradition religieuse d’Israël. Cet auteur de la fin du 1er siècle avant Jésus Christ se distingue par son intention de montrer que la foi israélite, fondée sur la Loi divine, n’est pas dénuée de sens philosophique et qu’elle peut entrer en dialogue avec la pensée philosophique grecque sans pour autant renier ses racines. Une partie du livre est consacrée à une relecture de l’histoire d’Israël : l’auteur s’applique à montrer que la Sagesse divine, personnifiée, y est à l’œuvre. L’intelligence des ÉcrituresArrêtons-nous toutefois à une autre entreprise de relecture de l’histoire du salut, réalisée cette fois par la première génération chrétienne. Ici aussi, on peut parler d’une entreprise provoquée par une crise, celle de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus. Le récit des disciples d’Emmaüs en est sans doute l’exemple le plus éclairant (Luc 24, 13-35). Après avoir écouté Cléophas et son compagnon raconter les événements de la passion et de la mort de Jésus, et surtout leur déception devant la fin brutale des espoirs de libération politique qu’ils avaient placés en lui, le marcheur inconnu (que Luc nous avait révélé être Jésus lui-même), entreprend de relire toute l’histoire de l’alliance en fonction de lui : « Ô cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu'ont annoncé les Prophètes! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire?» Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait (Luc 24, 25-27). Jésus répétera la même « leçon d’histoire » avec les apôtres après le retour à Jérusalem de ces deux disciples : « Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous: il faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures, et il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et qu'en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem » (Luc 24, 44-47). Le livre des Actes des Apôtres témoigne de ce même travail d’interprétation des Écritures, réalisé cette fois par les apôtres. Leur but était de comprendre le dessein salvifique de Dieu révélé à travers l’histoire de son peuple et de confesser leur foi en Jésus, Christ et Seigneur, que Dieu, en le ressuscitant des morts, a désigné comme le Saint, le Juste, le Vivant. Cet extrait du discours de Pierre où il proclame la mort et la résurrection de Jésus Christ offre un bel exemple de ce travail d’interprétation du projet de Dieu : Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus que vous, vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, alors qu'il était décidé à le relâcher. Mais vous, vous avez chargé le Saint et le juste; vous avez réclamé la grâce d'un assassin, tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l'a ressuscité des morts: nous en sommes témoins. (Actes 3, 13-15) Par ce travail de relecture des Écritures, les premiers chrétiens ont pu situer l’œuvre et le message de Jésus dans un espace historique plus vaste que le segment espace-temps où il avait vécu. Ils ont également reconnu que l’histoire du salut avait atteint son plein accomplissement par le don que Jésus avait fait de sa vie dans une obéissance fidèle et créatrice à l’amour du Père pour l’humanité. Les Écritures apparaissent alors comme le chemin qui conduit à l’ensemble de la personne de Jésus.
Source: Le Feuillet biblique, no 2197. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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