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chronique du 25 décembre 2017
 

Jacques, témoin de la naissance virginale?

Salomé, la sage-femme et l’Enfant Jésus

Salomé, la sage-femme et l’Enfant Jésus
Fresque de la nativité avec Salomé (à droite) baignant l’enfant Jésus
Parc national de Göreme, Cappadoce, fin du XIe siècle (photo : Wikipedia)

Ah Noël! Au milieu des parties de bureau, rassemblements familiaux, dépenses folles... c’est aussi la commémoration d’un geste à la fois profondément humain et potentiellement divin : une femme donne la vie à un enfant. Cet événement mystérieux a été raconté dans les évangiles de Matthieu et de Luc, mais le récit d’un apocryphe attribué à Jacques a profondément marqué notre conception de la naissance de Jésus.

Une tradition en expansion

Les textes les plus anciens, comme les lettres de Paul ou l’Évangile selon Marc, ne parlent pas du tout de la naissance de Jésus. Ainsi, les premiers chrétiens ne célébraient pas Noël et ils ne partageaient même pas de récit à ce sujet.

Les premiers textes qui traitent de la naissance de Jésus sont les premiers chapitres des évangiles selon Matthieu et selon Luc. Ces deux récits très différents sont d’ailleurs impossibles à amalgamer. Par exemple, en Matthieu Jésus naît dans la maison du couple qui habite à Bethléem alors qu’en Luc, il naît dans un endroit où mange les animaux parce que le couple habitant Nazareth est en voyage à Bethléem.  

Le Protévangile de Jacques

Ces deux récits évangéliques ont fasciné leur lecteur. Une première réponse à ces textes se trouve dans le Protévangile de Jacques. Un texte composé au 2e siècle pour combler les vides narratifs des évangiles de Matthieu et de Luc qui n’a pas été retenu dans la Bible (on parle d’un écrit apocryphe). Il est associé à Jacques, qui selon ce texte, est le demi-frère de Jésus par un mariage précédent de Joseph.

Plusieurs éléments de ce récit fantastique autour de la naissance de Jésus sont passés dans la tradition chrétienne. C’est ici qu’on retrouve les noms Anne et Joachim pour les parents de Marie. Ce texte est aussi le premier à raconter la naissance de Jésus dans une grotte au lieu de la maison du couple en Matthieu ou de la crèche en Luc. La basilique de la nativité à Bethléem perpétue encore aujourd’hui cette idée de naissance dans une grotte qu’on peut encore visiter aujourd’hui.

Le lieu de la naissance de Jésus dans la grotte sous la basilique de la Nativité

Le lieu de la naissance de Jésus dans la grotte sous la basilique de la Nativité.
(photo :  Sébastien Doane)

Enfin, le Protévangile de Jacques accorde beaucoup d’importance à la pureté et à la virginité de Marie. Elle est consacrée au Seigneur dès sa naissance. Alors que la conception virginale de Jésus dans les évangiles de Matthieu et de Luc laisse place à l’interprétation, le protévangile de Jacques rend explicite cette virginité. Il raconte même comment Marie est restée vierge après l’accouchement. Ce texte extrabiblique est donc la base du dogme de la virginité perpétuelle de Marie promulgué au premier concile de Latran en 649. Voici un extrait assez curieux à cet effet :

La sage-femme sortant de la grotte, rencontra Salomé et elle lui dit : Salomé, Salomé, j’ai une étonnante nouvelle à t’annoncer : une vierge a enfanté, contre la loi de la nature. » Et Salomé répondit : Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si je ne mets mon doigt et si je n’examine son corps, je ne croirai jamais que la vierge a enfanté. Et la sage-femme entra et dit : Marie, prépare-toi car ce n’est pas un petit débat qui s’élève à ton sujet. À ces mots, Marie se disposa. Et Salomé mit son doigt dans sa nature et poussant un cri, elle dit : Malheur à mon impiété et à mon incrédulité, disait-elle, j’ai tenté le Dieu vivant ! Et voici que ma main se défait, sous l’action d’un feu… Et voici qu’un ange du Seigneur parut, qui lui dit : Salomé, Salomé, le Maître de toute chose a entendu ta prière. Étends ta main sur le petit enfant, prends-le. Il sera ton salut et ta joie. Et Salomé, tout émue, s’approcha de l’enfant, le prit dans ses bras, disant : Je l’adorerai. Il est né un roi à Israël et c’est lui.  Aussitôt Salomé fut guérie. (Protévangile de Jacques)

Attention, les spécialistes sont quasi unanimes, ce texte du 2e siècle n’a probablement aucune valeur si l’on cherche ce qui s’est passé historiquement lors de la naissance de Jésus. Par contre, il est très intéressant pour voir l’expansion littéraire à ce sujet dès les premiers siècles.

Sébastien Doane

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