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chronique du 25 novembre 2008
 

Moïse, prophète de l'Exode (1/6)

Histoire et historicité

« Paroles d'Évangile »?

Avez-vous déjà entendu l’une ou l’autre des expressions suivantes : « Les écrits de la Bible sont des inventions humaine. ». « Ce sont des paroles d’évangile, donc absolument vraies ! » « Les religions se servent d’écrits supposément inspirés pour mieux contrôler les gens ». « La Bible? Ce n’est qu’une légende parmi d’autres ». « Je ne jure que par la Bible mot à mot ». « On a aucune preuve scientifique du contenu de la Bible qui prétend être la Vérité ». « Qui nous prouvera que tel événement raconté dans la Bible est vraiment historique ? »

Historiquement parlant, nos connaissances sont limitées par rapport à certaines portions de la longue période de 2000 ans qui a précédé la venue du Christ. La Bible n’a pas été écrite pour alimenter notre curiosité. Tout cependant y a été consigné, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, pour nourrir et éclairer la foi de tout chercheur de Dieu. Connaître intimement Dieu ne relève pas d’une simple connaissance, mais de la fréquentation assidue des Écritures qui révèlent progressivement son projet de salut. L’intention des écrivains bibliques fut avant tout de permettre aux croyants de se situer par rapport à Dieu et à l’Alliance qu’il veut établir avec son peuple. Inutile donc d’y chercher des réponses toutes faites. Le livre de la Parole de Dieu est au rendez-vous, offert gratuitement afin que, du contact entre les lecteurs et le livre, s’éveille la Vie par la foi au Dieu Vivant.

« Qu'est-ce qu'un événement historique ?

Je vous invite à consulter le livre fort apprécié d’Étienne Carpentier Pour lire l’Ancien Testament,Cerf, Paris 1981, page 32. On y lit ceci : « Avant de chercher à voir ce qui s'est passé lors de l'Exode, il faut préciser ce qu'est un événe­ment historique ».

À cette question, la réponse paraît évidente : ce sont les faits qu'on peut ou qu'on a pu voir. Il faut pourtant apporter bien des nuances. Il n'existe pas de faits « bruts », des faits dont on pourrait rendre compte de façon objective : il n'y a que des « faits interprétés ». Deux personnes racontent le même événement : elles le font de deux façons différentes, c'est-à-dire qu'elles ne rapportent pas le fait en soi, mais « le fait tel qu'elles l'ont vu » par exemple le même geste apparaîtra comme une moquerie  pour l’une et pour l'autre comme un encouragement...

Et c'est précisément parce qu'on interprète les faits en leur reconnaissant un sens, qu'ils sont historiques. Il y a des faits qu'on oublie aussitôt qu’ils se sont passés parce qu'ils n'ont pas de signification : ils sont « dans l'histoire », mais ils ne sont pas « historiques ». J'ouvre la porte, je prends un crayon... ces faits existent, mais n'ont pas de sens particulier. Un événement est historique quand il « laisse une trace dans la mémoire » d'une personne ou d'un groupe, un fait qui dure dans l'histoire, « parce qu'on y a découvert un sens ».

Mais ce sens, ce n'est qu'après coup, et parfois longtemps après, qu'on le perçoit. En voyant l'ère nouvelle qui s'est ouverte pour l'Église catholique, on découvre l'importance de la décision de Jean XXIII de lancer un concile. Pensons à la Déclaration des Droits de l'homme qui a été suscitée par la Révolution française. C'est en parcourant l'histoire et en voyant ce que tel fait a engendré au long des âges, que l'on commence vraiment à en saisir toute l’importance.

Il arrive parfois que certains événements, en apparence anodine, sont devenus le symbole de tout un ensemble. Prenons un exemple bien connu : le fait que des insurgés soient entrés dans la Bastille pour libérer deux ou trois prisonniers gardés par quelques soldats débonnaires. C’est un fait bien modeste en comparaison d'autres événements dramatiques ou glorieux. Quand ce fait est-il devenu « historique » : est-ce le 14 juillet 1789 ? Ou bien lorsque la Révolution ayant réussi, il en est devenu le symbole ?... Les deux ensemble ! C'est parce qu'il y a eu réellement un fait ce jour-là qu'on a pu en faire un symbole, mais c'est en prenant valeur de symbole qu'il est devenu historique.

Avec cet exemple, nous sommes bien près de l'épopée. Dans un récit épique, les faits se mêlent, des événements différents sont rapprochés, enjolivés, interprétés. On ne saurait affirmer que tous les détails sont rigoureusement exacts, et pourtant, à partir de faits réels et autour de la personnalité de quelques hommes, ils expriment quelque chose de très vrai : c’est la connaissance profonde de ce qu’un peuple a découvert de ses origines, de ses valeurs, de son identité.

Pour votre réflexion...

En quoi ces propros vous ont-t-ils éclairé sur les événements que l’on qualifie d’historiques? Que diriez-vous à des gens qui argumentent que la Bible est ou n’est pas une histoire?

 

 

Chronique précédente :
La figure de Moïse (6/6)