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chronique du 19 février 2008
 

À mi-chemin, faisons le point... 2/2

 

Dans les précédentes chroniques, nous avons exploré des textes de la Genèse qui tentent de cerner la notion de péché et la liberté de choix qu’a l’être humain de rompre l’Alliance avec Dieu. Nous avons parcouru les récits de la chute (Genèse 3, 1-19), de Caïn et Abel (Gn 4, 1-7) et du déluge (Gn 6, 5 - 8, 22).

  II y a cinquante ans, j'ai reçu une catéchèse sur le péché originel, qui rejetait sur Adam et Ève toute la culpabilité du genre humain, y compris la mienne, par rapport à notre relation à Dieu. Est-ce le début de la sagesse de mes soixante ans ? Toujours est-il qu’en déblayant le terrain de mon vécu, je réalise que le péché originel n'est pas uniquement de l'ordre du passé, mais du présent, de mon quotidien le plus concret. Le péché, je l'expérimente dans ma chair et dans mon esprit, dans mon histoire d'homme. Ma responsabilité est en cause. Le récit des origines vient éclairer ma foi, mais il n'en demeure pas moins que c'est moi, ici et maintenant, qui expérimente le mal et le péché.

Le péché, parlons-en encore !

  Le péché, c’est refuser ma condition humaine, c’est ne pas m’accepter comme un être ayant une durée historique et un devenir à bâtir. C’est arrêter le mouvement de la vie parce que je n’accepte pas de bâtir chaque jour mon devenir. C’est refuser le don gratuit de la vie. Chers lecteurs, comment est-ce que vous vous situez par rapport à ces affirmations ?

  Le contraire du péché serait de valoriser ce que je suis, et de reconnaître ainsi que Dieu a bien fait les choses en me créant. Comment se fait-il que je suis si peu porté à rendre grâces à Dieu pour la vie reçue ? Comment puis-je dans ma vie développer « ce langage du don » ? Et pour vous, qu’en est-il ?

  Toute la Bible me parle de la dignité de la personne humaine. Dans cette perspective, me valoriser, valoriser la personne humaine, c’est accepter l’Alliance de Vie que Dieu veut faire avec moi. « La Gloire de Dieu, c'est l'homme vivant », disait Irénée de Lyon. J’avoue que passer d'un Dieu lointain et plutôt philosophique au Dieu personnel et relationnel de la Bible ne va pas toujours de soi. En cheminement, je passe souvent d'un registre à l'autre. Ma conversion consiste à passer d'une conception individualiste du salut (mon Bon Dieu à moi !) à une vision beaucoup plus relationnelle, responsable et communautaire (le « Viens et vois » de Jésus). Qu’en est-il pour vous, chers lecteurs ?

Réflexions sur le devenir

  Enfant, j'ai vécu globalement dans un monde où les choses étaient bien casées d'avance et où les personnes avaient des rôles déterminés. Dans la religion, la société, les institutions, les rôles étaient plutôt statiques. Ce qui apparaissait comme dynamique et porteur de changement était qualifié d’hérétique, de révolutionnaire ou de farfelu.

  Une des grandes richesses que j'ai découverte durant mes premiers soixante ans de vie est la dynamique du devenir. Développer une relation vivante et en devenir avec Dieu, m’apparaît aujourd’hui comme une nécessaire conversion, une voie obligée d’actualisation de mon baptême.

  Comme croyant adulte et engagé, et à l’occasion de la rédaction de cette chronique, j’ai le privilège de relire mon histoire en lien avec celle du Peuple de Dieu. Par exemple, Abraham, « père de la foi », est présenté dans les récits de la Genèse (en particulier Gn 12, 1-4) comme étant essentiellement un pèlerin. L'homme de foi est celui qui quitte tout et se laisse désinstaller; qui marche de l'avant, qui est en croissance.

  Par la foi, il vint séjourner dans la Terre promise comme en un pays étranger, y vivant sous des tentes... C'est qu'il attendait la ville pourvue de fondations dont Dieu est l'architecte et le constructeur...À cause de la promesse de Dieu... (cf. Hébreux 11, 8-12).

  Essentiellement, ce texte nous présente la foi comme une certitude au cœur de l'incertitude. Cette foi est présente chez tous les personnages « bibliques ». Les personnes de foi sont présentées comme des êtres en cheminement, des pèlerins; au creux de leur quotidien, ils étaient tendus vers un au-delà qu'ils ne percevaient que confusément. Pour eux, la foi, c'est espérer en une histoire en devenir. C'est être prêt à se faire errant pour aller vers la Terre promise. Et après avoir cherché et écouté Dieu, c’est avoir la conviction qu’il est un interlocuteur valable et un ami de notre humanité!

  • Dans les prochaines chroniques, nous aborderons le monde des Patriarches. Nous nous mettrons à l’écoute du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Comment peuvent-ils, encore aujourd’hui, éclairer notre marche vers Dieu?

 

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À mi-chemin, faisons le point... 1/2