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chronique du 11 décembre 2007
 

L'affrontement du mal 4/6

Le récit de Caïn et Abel : une interprétation (suite)

Plus que l'histoire de Caïn, Genèse 4 rapporte les paroles que Dieu adresses à un être tenté et submergé par sa propre violence : Caïn.

Première parole : la bonne nouvelle de la responsabilité1

  Quand la colère monte en Caïn, Dieu vient vers lui et lui parle.

  Dieu, le Vivant, adresse à Caïn une parole difficile à comprendre. Il lui demande de se redresser! Caïn s’entête. Dieu, pour une raison inconnue, a ignoré son offrande. Caïn répond à la frustration par la colère et la violence.

  Cette parole de Dieu évoque aussi une ouverture. Caïn est sur le point de passer un seuil vers ce qu’il ne connaît pas ou plutôt vers quelque chose, peut-être quelqu’un : le « péché », est couché sur le seuil de Caïn. Qu’est-ce que le péché ? Le mot apparaît ici pour la première fois dans la bible. Il est notablement absent du récit du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, récit pourtant dit du « péché originel ». Caïn est comme la porte par où le péché peut entrer dans le monde et avec lui la violence et la mort. Puisque nous sommes en présence d’un récit des origines, Caïn représente chacun d’entre nous. Ne serions-nous pas nous aussi la porte par laquelle le péché, la violence et la mort entrent et viennent dans le monde ?

  Le récit présente le péché comme une bête tapie à la porte de Caïn. Dieu se pose la question si Caïn pourra la dominer, ou maîtriser la bête. Sans doute est-il capable, mais rien n’est décidé d’avance.

  Caïn n’est pas prédestiné à faire le mal. Avant même qu’il n’ait agi, Caïn entend une parole de Dieu pour lui dire sa capacité de dominer le péché.

Deuxième parole : la nécessité de l’aveu

  Alors que Caïn s’est laissé submerger par le péché, Dieu revient. Caïn se cache et se tait. Il fait comme celui qui ne sait pas. C’est vrai qu’il ne sait pas. Il ignore la souffrance de l’autre et refuse de la reconnaître. Caïn préfère peut-être ne pas savoir et du coup ne sait pas. Ce qu’il dit est vrai, même si tout est faux. « Suis-je gardien de mon frère?» Mauvaise réponse mais bonne question. Nous ne sommes pas gardiens des uns et des autres. Nous ne saurions être responsables de ce qui se passe en Chine, en Birmanie, au Rwanda, au Soudan, etc. Nous ne sommes pas gardiens des uns et des autres, mais nous sommes frères et sœurs des uns et des autres. Nous savons que nous pourrions savoir davantage. Nous savons que parfois, il n’est pas bon d’apprendre ce qui arrive à tous ces frères et sœurs dont nous ne sommes pas les gardiens.

  Dieu sait le mal dont Caïn est capable. Il entend le cri du sang qui monte de la terre. Alors Il annonce la conséquence inéluctable de l’irruption de la violence par la porte ouverte par Caïn. La terre a bu le sang d’Abel. Elle refusera désormais de porter du fruit pour son meurtrier. Celui-ci ne pourra plus se mettre au service du sol en tant que cultivateur. Il devra errer et trouver une autre ma-nière de se nourrir.

Troisième parole : vivre autrement après la peine

  Quand Caïn entend l’annonce de son errance, il se reconnaît comme un être à part et désormais menacé par autrui. Puisque la violence est entrée dans le monde, n’importe qui peut la subir ou la provoquer. Pour que Caïn ne soit pas la victime toute désignée de cet éventuel déchaînement de violence, Dieu revient et met un signe sur lui. On ne précise pas quel est ce signe, mais il agit comme une mise en garde contre l’instinct de vengeance qui guette les humains et qui engendre la spirale de la violence. À Dieu seul la vraie justice, celle qui tiendra compte de tous les paramètres, celle qui ne débouche pas nécessairement sur une nouvelle injustice ou n’appelle pas à la vendetta infiniment renouvelée. Le signe de Caïn signifie que le coupable appartient à Dieu qui l’a marqué. Il échappe ainsi aux velléités des vengeurs occasionnels. Il n’est pas innocenté pour autant, mais il n’est pas destiné à être la victime.  

  • Caïn est alors un peu notre père et notre frère à la fois. Il est notre frère quand nous avons peur de sa violence réelle ou fabriquée, quand le simple fait de nous trouver dans le même champ que lui nous fait craindre - à tort le plus souvent - le pire. Mais il est notre père quand, comme lui, nous sentons que le péché nous guette comme un fauve sur le seuil, quand l’injure est sur le bord de nos lèvres, prête à jaillir. Le Dieu de Genèse 4 s’adresse alors toujours à nous pour nous dire la bonne nouvelle d’un possible renoncement à la violence, d’une possible continuation au delà de nos échecs à aimer.

 

Chronique précédente :
L'affrontement du mal 3/6