chronique du 18 avril 2008 |
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Jésus, source de violence?Les détracteurs du Nouveau Testament citent le passage qui suit, pour asseoir l'idée d'une violence intrinsèque au christianisme : Croyez-vous que je sois venu apporter la paix en ce monde? Non. Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le poignard. Je suis venu diviser le fils et le père, la fille et la mère, la bru et la belle-mère. Et l'homme verra les siens se retourner contre lui. Qui aime son père et sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. Et qui ne marche pas sur mes traces, chargé de sa croix, n'est pas digne de moi non plus. Ce passage mérite une explication que j'ai du mal à trouver. Jésus est-il source de violence? (Jean-Sébastien) Ce texte se trouve dans le chapitre 10 sur l'envoi des disciples. La persécution qu'ils connaîtront en prêchant le royaume du Père leur est annoncée en reprenant des thèmes prophétiques d'Ézéchiel (38, 21) et de Michée (7,6). Jésus annonce que sa personne tranchera comme une arme blanche, divisera la famille. Il faudra choisir entre l'honneur de sa famille et la loyauté à Jésus. On perçoit que dans la communauté à laquelle Matthieu s'adresse, il y a de fortes divisions. Le christianisme primitif était très radical; on vendait tout, on partait à la suite de Jésus sans argent et sans biens. Mais quelques générations plus tard, on retrouve dans les communautés de riches propriétaires et des pauvres, une contradiction face à l'Évangile! Matthieu fait face à cette réalité avec courage. La maison patriarcale dirigée par l'homme le plus puissant de la famille et auquel étaient soumis les fils, l'épouse, les filles et aussi les esclaves et les résidents-clients, cette maison était l'unité de production dans l'empire romain. Or un fils ou une fille devait d'abord « honorer » son père et sa mère, ne pas être une cause de déshonneur pour sa famille. Mais Jésus a remis en question ces relations inégalitaires de domination et cette loyauté. Les liens avec la famille sont relativisés : ses disciples forment une famille reconstituée sur les bases de l'égalité. Il a proposé l'agapè, la rencontre où tous et toutes sont assis à la même table, esclaves, femmes, enfants et hommes. Un signe allant à contre-courant des « bonnes mœurs » de l'époque. Il est certain que cela bouleversait l'ordre établi et a causé d'énormes persécutions. C'étaient les fondements de la société qui étaient secoués. Il n'en est plus ainsi aujourd'hui où nos messes sont des rituels étriqués qui ont perdu toute leur force de contestation d'un système capitaliste inégalitaire et producteur de pauvreté. On a évacué de l'Église de Jésus le conflit social qui divise si cruellement nos sociétés et notre monde, avec le résultat que le christianisme est devenu trop souvent un sel sans saveur, tout bon à être jeté et foulé aux pieds. Mais bien mal avisé serait quiconque voudrait faire de ce texte une justification de la violence armée. L'épée (ou ici le poignard) indique que la Parole de Dieu tranche dans le vif et ne permet aucune concession. On est pour lui ou contre lui. Il n'y a pas de place pour la tiédeur.Chronique précédente : |
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