QUMRÂN (1/3) | |||||
Qumrân : une secte et des manuscrits PAR FRANCIS DAOUST*
La formule « manuscrits de la mer Morte »
désigne un ensemble de textes découverts dans la région
du désert de Judée. Cet ensemble comprend les papyrus de
Wadi el-Daliyeh (IVe siècle av. J.-C.), les documents de Massada
(antérieurs à 73 ap. J.-C.), les textes de Bar Kokhba (révolte
de 132 à 135 ap. J.-C.) et les documents plus récents, rédigés
en grec, en araméen et en arabe, découverts à Khirbet
Mird et qui datent de l'époque byzantine. L'ensemble comprend finalement
les manuscrits de Qumrân. Ce sont ces manuscrits qui sont habituellement
désignés, de façon exclusive, par la formule « manuscrits
de la mer Morte ». Bien que l'ensemble de ces découvertes
soit d'un grand intérêt, l'article qui suit traitera uniquement
des manuscrits trouvés à Qumrân. L'une des grottes dans la falaise à Qumrân. Les manuscrits de Qumrân furent découverts entre 1947 et 1952 au nord-ouest de la mer Morte, dans onze grottes situées à proximité du site de Khirbet Qumrân. En arabe, khirbet signifie « ruine ». La ruine tient simplement son nom du wadi Qumrân, un torrent saisonnier avoisinant. La première grotte fut découverte par un berger bédouin qui, cherchant une brebis égarée, lança une pierre dans une grotte et entendit un bruit de poterie se fracassant. Dans cette première grotte, les bédouins trouvèrent sept manuscrits enroulés dans du tissu et placés dans des urnes. Ces sept manuscrits, presque intacts, sont: deux rouleaux du livre biblique d'Isaïe, les Hymnes d'action de grâce, le Rouleau de la guerre, la Règle de la communauté, le Pesher d'Habaquq et la Genèse Apocryphe. Suite à ces découvertes, le site de Khirbet Qumrân fut fouillé en 1950 par des chercheurs du Département des antiquités de Jordanie et de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem. Cette fouille produisit bon nombre de morceaux de poterie et de pièces de monnaie qui permirent de dater la principale période d'habitation de Khirbet Qumrân allant du IIe siècle av. J.-C. jusqu'en 68 ap. J.-C. Cette datation permit d'associer le site de Qumrân aux manuscrits des onze grottes voisines. En 1952, les bédouins firent l'importante découverte de la grotte 4, ignorée par les archéologues et pourtant située à seulement quelques minutes de marche de Khirbet Qumrân. Contrairement aux dix autres grottes, la grotte 4 est de fabrication humaine. Sur les murs sont creusés à intervalle régulier de petits trous dans lesquelles étaient vraisemblablement introduits des tiges de bois qui servaient à soutenir les tablettes sur lesquelles se trouvaient les manuscrits. Avec le temps, ces tiges se sont détériorées et les tablettes se sont effondrées, projetant ainsi les manuscrits sur le sol et les laissant à la proie des animaux et des intempéries. Cet effondrement explique l'état très fragmentaires des manuscrits pourtant très nombreux récupérés dans cette grotte. On y recensa des fragments d'environs 550 manuscrits. Les archéologues s'entendent habituellement pour affirmer que la grotte 4, en raison de sa proximité de Khirbet Qumrân et de la grande quantité de documents qui y furent découverts, servait probablement de bibliothèque aux habitants de la communauté de Qumrân. Ce sont ces fragments de la grotte 4 qui provoquèrent la controverse autour de la découverte de l'ensemble des manuscrits. L'équipe originale chargée de reconstituer cet impressionnant casse-tête n'était composée que de sept membres. Le travail monumental de description, d'assemblage, d'analyse de ces innombrables fragments représentait une tâche démesurée pour une si petite équipe. Bien que les manuscrits des autres grottes furent publiés dans des délais raisonnables, le retard dans la publication des manuscrits de la grotte 4 provoqua la suspicion de la presse populaire. Sachant que ces manuscrits dataient des débuts de l'ère chrétienne, on croyait qu'ils comportaient des éléments gênants, voire compromettants, pour l'Église chrétienne et que le Vatican cherchait à cacher leur contenu. Bien que ces allégations se soient révélées être fausses, elles contribuèrent cependant, avec le mécontentement grandissant des chercheurs dans le domaine, à l'affranchissement et l'accélération de la publication de ces textes. En 1990, l'équipe éditoriale officielle fut élargie à une trentaine de chercheurs et l'accès aux photographies des textes fut donné à d'autres chercheurs. Aujourd'hui, l'édition officielle des textes est pratiquement complétée. * Francis Daoust est étudiant au doctorat à la Faculté de théologie de l'Université de Montréal. Le contenu des manuscrits Article précédent
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