chronique du 1er mars 2002 |
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Le Dieu d'Abraham et les nations« À propos du texte de la vocation d'Abraham (Genèse 12). Je comprends bien les premiers versets. Mais pourquoi Dieu va-t-il maudire les autres nations? » (L. Lagacé) Je ne vois pas comment, dans ce texte, Dieu maudirait les nations (Genèse 12,1-3). En fait, le texte dit justement le contraire. Si vous lisez attentivement, vous verrez que le salut est offert à toutes les familles de la terre. La préhistoire - ou le cycle des Origines (Gn 1-11) - finit par la description de la grande confusion parmi les peuples, la brisure de l'harmonie entre Dieu et les hommes, et des hommes entre eux. Le récit de la Tour de Babel l'illustre d'une manière remarquable (Gn 11,1-9). Les constructeurs se disent : « Faisons-nous un nom afin de ne pas être dispersés sur toute la surface de la terre. » (v. 4). Le résultat est désastreux ; les gens finissent par ne plus se comprendre. En somme, ce texte raconte ce que l'on constate autour de nous, ce que l'on lit dans les journaux, et ce que l'on voit à la télévision : le chaos dans le monde. Dieu aurait pu laisser l'humanité dans cette situation, mais il en a décidé autrement. Il a voulu lui donner une nouvelle chance. Pour restaurer cette brisure d'harmonie, Dieu a décidé de passer par un homme : Abraham. Il l'a appelé à une mission remarquable (Gn 12,1-3). Dans cet appel, on trouve une série de promesses. La première est : « Je ferai de toi une grande nation » (v.2). Abraham sera le père d'une grande nation, Israël. Mais Dieu ajoute : « Je rendrai grand ton nom. » (v. 2). Rappelez-vous les mots du récit de la Tour de Babel : « Faisons-nous un nom ... » (v. 4). Le contraste entre les deux affirmations saute aux yeux. Là où les constructeurs avaient voulu faire leur propre nom, Dieu promet que LUI fera un nom d'Abraham. Et ce ne sera pas pour n'importe quoi : « Tu seras une bénédiction pour les autres. » (BFC, v. 2). En d'autres mots, le projet divin concernant Abraham est en vue d'autres. Et qui seront ces autres? Continuons la lecture :
Partout, dans tous les courants de la Bible, on affirme explicitement que chacun décide de son propre avenir. Lisez par exemple les listes des bénédictions et des malédictions dans le livre du Lévitique (26) ou dans le livre du Deutéronome (28). Ces textes disent bien qu'elles dépendent du libre choix de l'homme : « Si tu écoutes vraiment la voix du SEIGNEUR ... » (Dt 28,1), « mais si tu n'écoutes pas la voix du SEIGNEUR ton Dieu ... » (Dt 28,15). Ou encore, « Vois : je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, ...» (Dt 30,15). Mais ce n'est pas tout. Le même enseignement se retrouve dans le Nouveau Testament. Lisez par exemple comment le Christ jugera chacun de nous (Mt 25,31-46). Le texte de la vocation d'Abraham affirme la même chose. Dieu a choisi Abraham pour commencer par lui l'histoire du salut. Tous ceux qui veulent entrer dans ce projet en suivant les pas d'Abraham seront bénis, mais le contraire est vrai aussi. Remarquez cependant que dans le texte hébreu il y a une différence notable : « Je bénirai ceux qui te béniront, » - donc ils seront nombreux - mais celui « qui te bafouera, je le maudirai » (au singulier). Ceux qui ne veulent pas faire partie du plan de salut seront moins nombreux que ceux qui voudront y adhérer. Et le texte de la vocation d'Abraham conclut : « ... en toi seront bénies toutes les familles de la terre ». La bénédiction d'Abraham est pour tout le monde. Le texte de la vocation d'Abraham, plutôt que de maudire les nations, constitue la pierre d'ancrage pour présenter le thème de l'élection d'Israël et, en même temps, le thème de l'universalisme. Il s'agit donc d'un texte central pour comprendre le salut offert à tout le monde par le biais du peuple de Dieu. Article précédent
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