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Comprendre la Bible
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chronique du 15 avril 1999

 

La famille des temps bibliques

Parler de la famille aux temps bibliques c'est essayer de faire tenir ensemble des informations s'étalant sur une période de plus de mille ans provenant de sociétés très différentes les unes des autres. En effet, qu'y a-t-il de commun entre la société nomade qu'on connue les ancêtres des Hébreux avant leur fixation en Terre Promise et la société gréco-romaine fortement urbanisée dans laquelle ont vécu Paul et les autres missionnaires de l'Évangile?

Famille et familles

     Il est assez remarquable que ni l'hébreu ni le grec ne possèdent de mot pour exprimer exactement notre idée de famille. Dans l'une et l'autre langue, ce qui s'en rapproche le plus, c'est le mot maison ou maisonnée. Le commandement sur l'observance du Sabbat illustre bien la composition d'une famille israélite typique à l'époque de la rédaction du Deutéronome (VIIe siècle A.T.) : « Tu ne feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âme ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes » (Deutéronome 5,14). (On notera évidemment que l'épouse n'est pas mentionnée explicitement : on pourrait comprendre qu'elle est incluse dans le « tu » auquel s'adresse l'auteur).

     Cette unité familiale est définie d'abord comme une communauté d'habitation : il s'agit des personnes libres ou esclaves -- et des bêtes de somme -- qui partagent le même toit. Avec quelques variantes, c'est encore ce modèle qui prévaudra à l'époque du Nouveau Testament; on le retrouve à l'arrière plan de paraboles comme celle du père et ses deux fils (Luc 15,11-32) ou l'ami importun (Luc 11,5-8). Et même dans le monde grec, les premiers missionnaires rencontreront des cellules familiales organisées d'une manière semblable (voir par exemple: Actes 16,15; Lydie et tous les siens; 16,32-35 : le gardien de prison et tous ceux de sa maison).

     Mais la famille ou maison ne se réduit pas à la communauté d'habitation. Dans l'ancien Israël, appartiennent à la famille tous les fils, même mariés, tant que leur père vit, les brus, les petits enfants et leurs dépendants de tout rang (serviteurs et servantes, esclaves, clients, etc.). Le récit de la Genèse raconte comment Jacob descendit en Égypte avec tous les siens, en tout soixante-dix personnes (Genèse 46,1-27).

     La famille fait partie d'un clan qui regroupe tous les descendants d'un même ancêtre (Nombres 1,17-19,26). Plusieurs clans forment une tribu. En Israël, elles étaient douze et longtemps après que leur rôle comme unité sociale et politique eut cessé, elles gardèrent une valeur symbolique importante. Même loin de la Terre Promise, les Juifs continuent à s'identifier à la tribu de leurs ancêtres : Paul, par exemple, est un Benjaminite (voir Philippiens 3,5) et les Douze Tribus continuent à représenter la totalité du peuple de Dieu (voir Luc 22,30; Jacques 1,1; Apocalypse 7,4).

La famille lieu d'éducation et de croissance

     La famille est le lieu normal de l'éducation. Non seulement l'enfant y apprend les connaissances de base, mais il y acquerra le plus souvent le métier qui sera le sien. Cela est toujours vrai pour les filles qui apprennent auprès de leur mère à devenir à leur tour bonne épouse et bonne mère. Cela est vrai la plupart du temps aussi pour les garçons car les métiers sont transmis de père en fils souvent pendant de nombreuses générations (voir par exemple : Matthieu 4,21).

     La famille est aussi le lieu de l'apprentissage des traditions nationales et de la vie dans l'Alliance. La tradition deutéronomique fait une obligation au chef de famille d'enseigner à ses enfants à garder les commandements (Exode 13,14; Deutéronome 4,9-10; 6,20-21; 11,19, etc.).

     C'est dans sa famille que le jeune israélite apprend aussi la sagesse, c'est-à-dire l'art de bien vivre, de bien s'adapter aux circonstances dans lesquelles il se trouve. Le livre des Proverbes par exemple, se présente comme une instruction donnée par un père à son f ils (voir entre autres Proverbes 1,4.8-12; 2,1; 3,1-12; etc.) et Ben Sirach insiste dans son livre sur la responsabilité qui incombe aux parents de veiller sur la bonne éducation de leurs enfants (voir par exemple Sirach 7,22-25; 22,3-6; 30,1-13). Évidemment, ce que nous appellerions les méthodes pédagogiques n'étaient pas ce qu'elles sont aujourd'hui et les châtiments corporels y occupaient une place importante (voir par exemple Proverbes 13,24; 22,15; 23,13).

     Le Nouveau Testament développe très peu les questions relatives aux enfants et à leur éducation. Luc, dans l'évangile de l'enfance, rappelle à deux reprises que Jésus grandissait et se fortifiait: et la grâce de Dieu était sur lui (Luc 2,40); il redescendit alors avec eux (Joseph et Marie) et revint à Nazareth et leur était soumis (...) il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes (Luc 2,51-52). La scène de Jésus au temple (Luc 2,46-47) suppose qu'il avait déjà reçu une bonne formation puisqu'il fait l'admiration des docteurs par la pertinence de ses remarques. Cependant l'évangile est muet sur la manière dont Jésus a acquis ces connaissances.

     Les deux textes parallèles de Éphésiens 6,4 et Colossiens 3,20 conseillent aux parents de s'occuper de leurs enfants avec douceur et modération, ce qui contraste avec les conseils des Sages de l'Ancien Testament et aussi avec la pratique courante du monde romain où l'enfant était traité durement. Cependant le peu de place accordé à cette question laisse supposer que les auteurs du Nouveau Testament se sont accommodés en général, des pratiques en vigueur de leur temps, quitte à dénoncer les abus qui pouvaient surgir.

Jérôme Longtin

Source : Le Feuillet biblique, no 1431 et 1433.

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Est-ce que la résurrection est la reprise du «corps physique»?