Vue de Tel Gézer (photo : Wikipedia)
Gézer, un site stratégique
Robert David | 9 avril 2018
Le site de Gézer (prononcer Guézer) compte parmi l’un des plus importants de l’ancien Israël tant par sa superficie (33 acres) que par sa position stratégique. Elle fut également, tout au long des trois millénaires avant notre ère, l’une des six plus importantes cités du pays.
L’identification du site ne pose aucun problème. L’arabe a conservé le nom Tell Jazari, et l’archéologue C. Clermont-Ganneau a découvert en 1873, dans les environs du site, des bornes de l’époque hérodienne sur lesquelles était inscrit : « frontières de Gézer ».
Quand on approche du site, on a l’impression qu’il n’est pas très imposant. Pourtant, une fois sur le sommet, on est étonné du point de vue qui s’offre à nous. Le tell est situé à la limite des montagnes de Judée et de Samarie, là où elles se fondent avec la plaine de la Shephélah. Il est cependant dégagé des montagnes, offrant à son sommet (225 m) une vue extraordinaire sur 360 degrés. Par temps clair, on couvre du regard la plaine de la Shephélah depuis la région d'Ashdod au Sud jusque pratiquement aux montagnes du Carmel au Nord. Pas étonnant alors que ce site fut tant convoité dans l’Antiquité.
Sa position stratégique à la croisée de la Via Maris (axe Nord-Sud) et de la vallée d’Ayyalon (axe Ouest-Est, qui conduit vers Jérusalem) en fait un site de choix pour quiconque désire contrôler les déplacements dans le pays et vers l’extérieur. N’importe quelle armée qui se présentait dans la plaine, venant du Nord ou du Sud, ne pouvait échapper à la vigilance des gardiens des lieux. Le site est également bien situé sur le plan économique si l’on considère les vallées fertiles qui l’entourent.
Les fouilles
Le site a été fouillé à plusieurs reprises. R.A.S. Macalister y déploya ses énergies de 1902 à 1909 pour le compte de la Palestine Exploration Fund, menant la plus importante campagne de fouilles de la région. Il fouilla systématiquement le site par le biais de tranchées (certaines atteignant une profondeur de 13 m). Malheureusement, les techniques de datation en étaient à leurs débuts et plusieurs de ses associations chronologiques sont trop vagues pour être utiles aujourd’hui.
Une nouvelle campagne s’ouvre en 1934 (A. Rowe) et révèle 26 niveaux d’occupation allant de l’époque chalcolithique (strate XXVI) à la période hérodienne (strate I). D’autres campagnes se sont déroulées entre les années 1960 et 1990 par divers archéologues et les plus récentes (2006-2017) ont été conduites par S. Oritz.
Nous ne passerons pas en revue l’ensemble des découvertes ni tous les niveaux d’occupation. Je voudrais attirer votre attention sur deux éléments significatifs qui caractérisent Gézer et qui seront présentés dans la suite de cette série : le haut lieu et ses pierres dressées et la porte à tenailles dont la datation divise les chercheurs.
Robert David est professeur honoraire de l’Université de Montréal. Il a enseigné l’exégèse de l’Ancien Testament et l’hébreu biblique à la Faculté de théologie et de sciences des religions de 1988 à 2015.