chronique du 14 avril 2017

Au sommet du Tabor

Le mont Tabor offre une vue sur la plaine de Yzréel. Cette montagne unique, en plus de nous faire bénéficier de prises de vue exceptionnelles, se veut le lieu où l’on garde le souvenir de quelques événements historiques ou bibliques.

Le Tabor dans la Bible

On y situe le lieu de rassemblement des troupes qui affronteront Sisera (Jg 4), aux condamnations d’Osée 5,1 « Les filets tendus sur le Tabor, c’est encore vous » ou à sa symbolisation chez Jérémie (46,18).

Mais c’est surtout de l’épisode de la Transfiguration (Lc 9,28-36) que le Tabor tire sa plus grande renommée. Il faut admettre qu’une certaine fluctuation a marqué les premières années de la période byzantine. Comme le texte biblique ne précise pas le nom de la montagne (qui est plus une montagne « théologique » que géographique), Eusèbe (vers 340) hésitait entre le Tabor et l’Hermon. C’est Cyrille de Jérusalem qui finit par opter pour le Tabor (vers 348), suivi en cela de Jérôme. La tradition devait ensuite maintenir ce choix.

Durant son histoire, le mont Tabor a rarement été occupé. La montagne a servi de refuge à diverses armées au cours des âges. Que l’on pense aux Égyptiens qui s’y étaient installés et qui furent battus par Antiochus III en 218. Ou encore aux Juifs de la première révolte qui, en 67, sous la gouverne de Flavius Josèphe, furent défaits par les Romains.

Les églises du Tabor

La tradition y place la Transfiguration de Jésus au Tabor a gagné suffisamment de force pour qu’au cours des siècles on érige, au sommet, des édifices religieux. Sur la photo (ci-haut) on peut voir l’église de la Transfiguration au sommet du Tabor.

Comme ils l’ont fait à maints endroits en Palestine, les Byzantins ont érigé une basilique pour commémorer l’événement relaté dans l’évangile selon Luc. On ne dispose pas d’informations précises quant à la date de la première construction, mais on sait par le récit qu’en fait un pèlerin qu’une basilique est déjà construite en 570.

Les Croisés installent une communauté de moines bénédictins en 1099, sur l’emplacement de la basilique byzantine, mais les Turcs les anéantiront en 1113. La construction des Croisés qui remplacera la byzantine restera debout jusqu’à la défaite des Latins aux Cornes de Hattin. Les musulmans y installeront une forteresse, ce qui servit de prétexte à la cinquième croisade, les chrétiens ne pouvant accepter de voir une présence musulmane sur l’emplacement du site de la Transfiguration. Les Croisés ne purent reprendre la forteresse, mais, devant le danger qu’elle représentait, les musulmans décidèrent de la détruire en 1218.

Aujourd’hui, le sommet est occupé par des édifices religieux appartenant aux catholiques et aux Grecs orthodoxes. Comme c’est leur habitude, la cohabitation n’est pas leur lot le plus précieux, chaque communauté étant installée sur une portion différente de la montagne, une haute muraille de pierres témoignant de leurs relations.

L’église de la Transfiguration

L’église de la Transfiguration fut construite en 1924, sur les ruines de chapelles byzantines et médiévales attribuées à Moïse et à Élie. L’architecture, plutôt austère, pourrait rappeler le style des basiliques byzantines.

L’intérieur de l’église de la Transfiguration ne brille pas par son style (pas plus que l’extérieur d’ailleurs). Comme la plupart des basiliques, elle se divise en trois parties (nef centrale, ailes latérales) auxquelles sont associés trois autels, un pour Moïse, un pour Élie et un pour Jésus. Le décor à l’intérieur est à peu près inexistant sauf les mosaïques qui ornent l’abside centrale et par lesquelles on représente la scène de la Transfiguration.

Sous l’abside centrale, on peut voir un demi-arc de cercle. Un large escalier mène à une petite crypte où se trouvent les restes de constructions de l’époque byzantine (quelques pierres) et croisée (l’autel?). C’est dans cette chapelle que les pèlerins célèbrent habituellement l’office religieux.

Que ce site soit le lieu de la transfiguration ou non, c’est un des endroits les plus agréables pour se promener dans la nature dans ce coin de pays.

Robert David

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