Le mont Sinaï
2. Le monastère Sainte-Catherine
(lithographie de David Roberts)
Début de la série : 1. Le Djebel Musa, site du Sinaï?
Aux pieds du Djebel Musa, se trouve l’un des plus anciens monastères du monde, et le plus vieux à avoir été occupé sans interruption depuis sa construction. C’est Hélène, mère de Constantin, qui avait eu l’idée de faire construire un monastère ici. Il faudra cependant attendre Justinien pour qu’il soit érigé, entre 548 et 565. L’enceinte d’époque byzantine est restée presque intacte depuis le VIe siècle. Ses hautes murailles (jusqu’à 60 m de haut), l’absence de porte (jusqu’à il y a quelques années la seule façon d’accéder à l’intérieur était de s’asseoir dans une nacelle et de se laisser monter à 10 mètres du sol où se trouvait la porte) et l’isolement, ont assuré la pérennité à ce lieu saint. Ce sont aujourd’hui des moines grecs orthodoxes qui en ont la garde, remplaçant les Russes orthodoxes depuis 1918. Le monastère ressemble un peu à une forteresse. Les assauts qui ont pu y être menés au cours des siècles n’ont pas altéré l’essentiel des constructions. On retrouve d’ailleurs encore des poutres du toit qui conservent le nom original de Justinien.
Un symbole de paix
Il est possible que le monastère ait été protégé par les nomades de la région qui ont, semble-t-il, toujours été en bon terme avec les moines. Cette bonne entente se reflète d’ailleurs par la présence d’une mosquée à l’intérieur de l’enceinte. Cette mosquée fut construite au Xe siècle pour accommoder les musulmans de la région. Le minaret (la tour blanche sur la photo) côtoie aujourd’hui le clocher, signe que l’entente peut exister entre chrétiens et musulmans. Une particularité de cette mosquée : elle est orientée en direction de Jérusalem plutôt que vers la Mecque.
Le codex Sinaïticus
Des manuscrits importants
Le monastère renferme des trésors artistiques d’une très grande valeur, dont une collection d’enluminures, d’icônes et de mosaïques dont certaines remontent à l’époque byzantine. On a mis au jour également une impressionnante bibliothèque contenant des manuscrits anciens très précieux.
On a découvert ici en 1859, le codex Sinaïticus, un important manuscrit du IVe siècle qui transmet l’Ancien et le Nouveau Testament. Il est l'un des deux plus anciens manuscrits, avec le Codex Vaticanus, qui reprennent l'ensemble du canon biblique. Constantin von Tischendorf l’a subtilisé du monastère, et il se retrouve aujourd’hui au British Museum. D’autres manuscrits ont été découverts par hasard en 1975 lors d’un incendie. Ceux-ci se trouvaient dans un mur dont personne ne s’était douté qu’il pouvait contenir des objets d’aussi grande valeur.
Une décoration particulière
Dans l’enceinte du monastère, on retrouve une chapelle (celle où se trouve le clocher) qui commémore l’épisode du buisson ardent (Ex 3). On nous montre même le buisson ardent en branches et en feuilles, qui s’est conservé intact depuis plus de 3000 ans! La collection d’icônes de la chapelle est absolument magnifique, même si certaines ont besoin d’une bonne restauration, question de les débarrasser des couches de suie qui les recouvrent. Les peintures murales, dont certaines remontent à l’époque byzantine, sont aussi très bien conservées. L’endroit est sobre, quoique décoré à la manière des églises orthodoxes (beaucoup de lampes et de chandelles).
Dans une crypte adjacente au monastère, près des cyprès à droite, on conserve les crânes et les ossements des moines qui ont habité le monastère. C’est une rencontre assez inusitée qui nous attend quand on entre dans cette crypte. De voir tous ces crânes, immobiles bien sûr, qui vous dévisagent, les plus récents arrivés trônant au-dessus de la pile! Ceux qui craignent les squelettes, s’abstenir.
Suite de la série :
3. L’ascension de la montagne
Article précédent :
Qumrân : un système ingénieux de canalisation
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