chronique du 10 décembre 2010
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La divination par le foieLes peuples du Proche-Orient ancien ont utilisé diverses techniques de divination pour tenter de connaître la volonté des dieux. Parmi ces techniques, signalons l’observation du vol des oiseaux, celle des marques faites par l’huile jetée sur une nappe d’eau, l’interprétation des tares apparaissant à la naissance d’un animal ou d’un humain. Parmi toutes ces techniques, une retenait surtout l’attention : l’observation des foies d’animaux sacrifiés, ou hépatoscopie. Le livre du prophète Ézéchiel fait référence à ce type de divination : « Le roi de Babel se tient à la naissance du chemin, à la tête de deux chemins, pour recourir à la divination; il a secoué les flèches, interrogé les teraphim, examiné le foie. » (Ez 21,26) Des documents retrouvés en Mésopotamie signalent que l’hépatoscopie était pratiquée par le barû, sorte de devin ou d’inspecteur des foies, travaillant pour le compte du roi, ce qui n’exclut pas la possibilité qu’un homme ordinaire puisse faire appel au savoir du barû. On consultait les foies pour diverses raisons, principalement pour ce qui concernait la guerre, les traités à signer avec les autres nations, la pertinence ou non de construire un temple à telle ou telle divinité, ou pour savoir de quelle maladie était atteinte une personne chère. On sait que le foie est l’organe qui possède la plus haute teneur en sang de tout l’organisme. Or, le sang étant le symbole de la vie (Lv 17,11), et la vie étant donnée par les dieux, les Mésopotamiens en étaient venus à identifier le foie avec la divinité, celle-ci passant par cet organe pour dire aux hommes ses volontés. Voici en quoi consistait le cérémonial accompagnant la lecture du foie. Le barû se purifiait en se lavant le corps, il se oignait d’huile et s’habillait de vêtements sans taches. Il prononçait ensuite une prière dans le style de celle-ci : « Shamash, Seigneur du jugement, Adad, Seigneur de la divination, je vous apporte, je vous dédie une agnelle d’un an qu’aucun bélier n’ai saillie, dans le sein de qui l’insémination de Shakkan (dieu du bétail) n’est pas tombée. Elle mange de l’herbe dans le plat pays, elle ne boit que les eaux de bassins purs; l’agneau a été éloigné d’elle. Je vous dédie cette agnelle, je mets à la bouche de cette agnelle du cèdre pur en nœuds, copeaux et bonne résine. Shamash et Adad, venez en cette agnelle et à ce que je dis, à ma main levée, à tout ce que je fais, à la demande d’oracle que je prononce, qu’il y ait une réponse sans ambiguïté. » Le barû sacrifiait ensuite l’animal et en observait le foie. L’organe était divisé en plusieurs sections, chacune portant un nom pré-établi (doigt, bouche, corridor, fœtus, etc.). La photo nous montre un foie reproduit sur de l’argile, divisé en plus de quarante sections, dans chacune desquelles le barû a inscrit la signification qu’il y décelait. Il disposait pour cela d’une sorte de catalogue qui lui indiquait le sens à donner quand telle ou telle chose était à un endroit précis du foie (un peu comme nos techniques de lecture de feuilles de thé au fond des tasses). Une fois l’organe examiné et reproduit sur l’argile, le barû faisait parvenir la réponse des dieux au roi ou à la personne concernée. Cette dernière savait alors à quoi s’en tenir puisqu’elle n’avait qu’à accomplir la volonté des dieux. On disait que le roi avait reçu un « omen ». On a retrouvé plusieurs omens de différentes époques sur divers sites du Proche-Orient ancien, de la Mésopotamie jusqu’en Palestine. On peut en conclure qu’il s’agissait d’une technique très répandue anciennement. Notons que les Romains pratiquaient encore l’hépatoscopie au début de notre ère. Catalogue permettant au barû d'expliquer son observation. Voici quelques exemples donnant une idée du contenu des omens : « Si une partie du foie est comme un arc, le courage fondra sur l’armée peu nombreuse du roi et il battra l’armée nombreuse de l’ennemi. » « Si la bile est manquante, c’est favorable. » « Si, sur la tête du foie se trouve une croix, cela signifie la défaite du prince. » « Si le fœtus est comme une brique, le malheur saisira le pays et la mesure de grain tombera. » « Si la bile est tournée, si le fœtus est foncé et noir, si le diaphragme est brisé, l’ennemi prendra le trône, la peur tombera sur l’armée, l’homme périra, la pluie et une ondée pleuveront, le lion attaquera la caravane… » La Bible ne dit jamais que ce type de divination était pratiqué en Israël, mais des archéologues ont retrouvé des foies sur des sites en Palestine, ce qui laisse croire qu’une partie de la population avait recours à cette technique pour consulter ses dieux. Source : Parabole vi/3, 1984. Article précédent :
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