chronique du 13 juin 2008
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Éléona, ou l’église du PaterL’empereur Constantin, au lendemain de sa conversion au christianisme, chargea sa mère Hélène, vers 325, de veiller à la construction d’églises en Palestine, pour traduire visiblement et officiellement la foi chrétienne comme religion d’État. Eusèbe, alors évêque de Césarée et témoin oculaire de ces événements, nous laissa le rapport suivant : « Choisissant dans cette contrée trois grottes mystiques, Constantin les orna de riches constructions, attribuant à la grotte de la première apparition de Dieu la vénération qui lui était due, honorant dans l’autre sur les sommets la mémoire de la dernière Ascension, exaltant dans la grotte intermédiaire les victoires dont le Sauveur couronna tout son combat. » On reconnaît facilement la référence, dans l’ordre, aux églises de Bethléem, du mont des Oliviers et du Saint-Sépulcre; les fouilles pratiquées aux trois endroits ont mis à jour ces travaux constantiniens, qui sont les premiers grands monuments chrétiens de Palestine. En 333, ils étaient déjà utilisés pour le culte, puisque le Pèlerin de Bordeaux a pu les fréquenter. Plan de l’église L’église construite sur le mont des Oliviers présente le plan classique de l’architecture byzantine, et elle est vraiment la sœur jumelle de celle de Bethléem. La basilique elle-même est un vaisseau à trois nefs de 30 par 18,60 m; contre le mur est, on aménagea une absidiole dont le sol était surélevé car c’est en-dessous d’elle que se trouvait la grotte vénérée. Devant la basilique, on bâtit un bel atrium (cour à ciel ouvert), avec une colonnade sur les quatre côtés; on y accédait par un magnifique portique, qui devait être orné de mosaïques. Plan de la place de la grotte La grotte vénérée ici était située sous l’abside, comme celle de la nativité à Bethléem. Les architectes avaient dû l’agrandir et en régulariser les contours afin de permettre aux fidèles de la visiter sans trop d’encombres; et comme à Bethléem, deux escaliers y donnaient accès, sans doute l’un pour y descendre et l’autre pour en remonter. Ils rencontrèrent un problème inattendu dans cet aménagement, puisqu’ils défoncèrent soudainement dans une des salles d’une tombe des IIe et IIIe siècles; ils en murèrent donc l’accès. Le plus ancien nom connu de cette église remonte au témoignage de la grande pèlerine espagnole, Ethérie, en 384. Elle raconte que la nuit du mardi saint, les fidèles se rendent à l’église de l’Eléona, qui recouvre la grotte où le Seigneur avait coutume d’instruire ses disciples; là, debout devant les fidèles, l’évêque lit le discours de Jésus sur les événements de la fin (Mt 24-25). Le terme « eléona » n’est que la déformation araméenne du mot grec elaion, quisignifie « olivier »; Eléona n’est donc que l’église du mont des « Oliviers ». Non loin de celle-ci, Ethérie nous dit qu’une deuxième église existe appelée « Imbomon », déformation grecque de l’araméen bâmâ (« hauteur »), qui commémore le lieu de l’ascension du Seigneur. Mais selon Eusèbe, ce départ du Seigneur ressuscité était évoqué à l’Eléona, dans la grotte des instructions du Seigneur! Nous nous imaginons facilement que la représentation de la montée de Jésus à son Père s’ajustait mal dans le lieu fermé d’une grotte! On a donc construit une autre église dont le plan laissait libre le passage vers les cieux.Au Carmel du Pater Noster, le Notre Père est reproduit en plusieurs langues. Ces églises furent détruites par les Perses de Chosroês en 614. Les ruines furent réparées sommairement et c’est dans cet état lamentable que les Croisés trouvèrent ces lieux saints. Mais l’église de l’Eléona ne commémorait plus seulement les dernières instructions de Jésus à ses apôtres, mais aussi le « Pater », prière qu’il leur avait enseignée (Lc 11), et même le « Credo » dit des apôtres, sorte de catalogue simple des faits fondamentaux de la foi chrétienne. Depuis le VIIe siècle donc, la tradition rattachée à l’Eléona s’était sensiblement enrichie. Et de nos jours, la foi populaire ne garde guère plus que le souvenir du Pater comme motif à célébrer en ce lieu. Les murs du monastère des Carmélites sont recouverts de mosaïques qui présentent le texte du « Pater » en plusieurs dizaines de langues. L’archéologie nous rappelle, toutefois, que l’Ascension du Seigneur et ses derniers discours à ses apôtres ont été au centre des liturgies célébrées dans ses murs, dès le IVe siècle. Il est aussi intéressant de noter que c’est dans cette église que les évêques de Jérusalem étaient ensevelis, depuis 350 environ, dont le célèbre Cyrille de Jérusalem, mort en 386. Ses catéchèses aux nouveaux chrétiens restent des monuments de la pensée chrétienne.Source : Parabole ix/1 (1986).
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