LE SAINT-SÉPULCRE (1/8) |
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Le Saint-Sépulcre ou le tombeau de JésusQuelques jours avant Pâques, un éminent historien de Jésus m'apostrophe au téléphone: « Couturier, qu'attends-tu donc pour consacrer une de tes chroniques au Saint-Sépulcre? » Le sujet est immense à tous points de vue. Il implique la foi et la théologie. Une tradition fort complexe l'entoure. Le Saint-Sépulcre se trouve en plein cur de la vieille ville de Jérusalem : des constructions diverses l'enserrent de tous côtés. J'ai donc beaucoup réfléchi. Pour aborder les aspects essentiels de cet important sujet, plusieurs chroniques seront nécessaires. Au départ, il nous faut recueillir toutes les données évangéliques sur le lieu du supplice, situé tout près du tombeau où on a déposé le corps de Jésus. L'endroit se trouve hors des murs de la ville (Jn 19,20); une porte de ville l'avoisine (Hb 13,12) et, bien sûr, il est situé au bord d'une route (Mt 27,39). Le lieu de la crucifixion est surélevé: il ressemble à un « crâne » (golgotha en araméen: Mc 15,22); les témoins sont unanimes sur ce point. Dans ce même lieu, on voit des jardins et des tombes creusées dans le roc (Jn 19,41); celle où fut déposé le corps de Jésus se trouve tout près du Golgotha. Situons ces données par rapport à un plan de Jérusalem (fig. 1). On s'étonne de voir le tombeau de Jésus creusé à l'intérieur même de la ville, ce qui est contraire à la coutume juive. Mais la ligne nord des remparts de Jérusalem a connu une longue histoire. En fait, c'est de ce côté seulement que la ville a pu connaître une expansion, car elle est construite au bord de profondes vallées au sud, à l'est et à l'ouest. Hors de la villeL'archéologie nous montre que la ville a connu trois développements « nord » qui ont donné lieu à autant de remparts successifs. Ces remparts étaient encore bien visibles en l'an 70 de notre ère. Flavius Josèphe, un témoin direct, les décrit avec précision. Le premier rempart fut construit par le roi Ezéchias, à la fin du VIIIe siècle avant J.-C. Le second est l'oeuvre des Asmonéens dans la deuxième moitié du IIe siècle avant J.-C. Quant au troisième rempart, il fut érigé en partie par Hérode Agrippa I, autour de l'an 44 de notre ère, donc après la mort de Jésus. Ainsi le Saint-Sépulcre se trouve bien à l'extérieur des remparts, au temps de Jésus. L'archéologie confirme ce fait depuis assez longtemps: le Saint-Sépulcre est bien à l'extérieur des premier et deuxième remparts. Toute la région où il est situé a été exploitée comme carrières, depuis le VIIIe siècle avant J.-C., fournissant la pierre pour bâtir Jérusalem. On extrait les blocs de pierre par paliers. Dans les parties abandonnées de la carrière, on creuse des tombeaux. Récemment, les archéologues ont découvert les montants d'une porte de ville (fig. 1, C) à la jonction des remparts 1 et 2. Voilà donc autant de données archéologiques qui correspondent aux témoignages des évangiles. Au temps de Jésus, les tombes se multipliaient autour de Jérusalem. Elles sont de deux types, disposées autour d'une salle rectangulaire dont une pierre ronde, en forme de meule de moulin, ferme l'entrée.
Un premier type (fig. 2) est creusé perpendiculairement aux parois de la salle. Le tombeau est peu élevé et, en raison de la largeur, on ne peut y déposer qu'un seul corps; il présente ainsi la forme d'un « four » (kok en hébreu). Le deuxième type est tout à fait différent (fig. 3): sur la paroi de la salle, à l'horizontale, on creuse une tablette que l'on surmonte d'un arc voûté ou arcosolium (« arc et sol »). Si on se réfère aux données évangéliques, c'est un tombeau de ce deuxième type qui a dû recevoir le corps de Jésus puisque deux anges (ou peut-être un seul) sont assis, l'un à la tête, l'autre, au pied du sépulcre (Mc 16,5; Jn 20,12).
Nous voici prêts à étudier ce monument par excellence de la chrétienté. Depuis sa construction au temps de Constantin, les Orientaux l'ont toujours appelé l'Agia Anastasis (« Sainte Résurrection »), alors que les Occidentaux s'obstinent à le désigner du nom de Saint-Sépulcre! Sur ce point votre chroniqueur est résolument oriental: « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts? Il n'est pas ici; mais il est ressuscité. » (Lc 24,5-6) Source : Parabole, septembre-octobre 1997, vol. XX numéro 1
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