chronique
du 17 octobre 2003
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L'archéologie,
la Bible et l'histoire
Un livre tout récent soulève des discussions nombreuses et passionnées, parfois à la limite de l'objectivité attendue. Il s'agit de l'ouvrage de Finkelstein paru en anglais à New York en 2001 (The Bible Unearthed) et traduit en français sous le titre : La Bible dévoilée, Les nouvelles révélations de l'archéologie. Ce titre français, volontairement, met en relief la contribution de l'archéologie pour une lecture nouvelle de la Bible écrite, étant elle-même une quasi Bible parallèle plus fiable pour l'histoire d'Israël, qui nous est enfin révélée en toute vérité. En effet, l'auteur, un archéologue israélien, n'hésite pas à défendre sa thèse centrale, que l'on peut formuler en ces termes-ci : les découvertes archéologiques nous forcent à croire que la Bible écrite n'a pris forme que sous le roi Josias (640-609 av. J.-C.); du coup, nous ne pouvons l'utiliser avec confiance pour écrire l'histoire de l'Israël ancien avant cette dernière moitié du VIIe siècle. Voilà pourquoi l'archéologie est la seule Bible crédible pour toutes les périodes antérieures à cette date. Une telle lecture de la Bible écrite révèle à la fois une bien mauvaise méthode historique et une méconnaissance étonnante de l'origine et du développement des livres dits historiques de l'Ancien Testament. Tout peuple ancien nous est connu à travers deux sources indépendantes et complémentaires; les textes et le matériel archéologique. La Bible est une texte fort ancien, même si elle n'est pas sortie des sables! Son histoire est unique, car l'existence ininterrompue de son peuple porteur l'a toujours maintenue vivante hors de ces ruines étagées. Ainsi, pour faire une lecture critique et juste de ces vieux textes hébreux, il faut être à la fois un linguiste chevronné et un connaisseur éprouvé des différents genres littéraires. Les langues et les modes d'expression littéraire ont évolué, tout comme les cruches du potier et les styles des maçons-architectes. Nous pouvons détecter, par de fines analyses de vocabulaire et de formules littéraires, les couches diverses de composition d'un livre, d'un chapitre, d'un récit. Ce travail minutieux de l'exégète est aussi vieux et aussi précis que celui de l'archéologue, car il sont presque jumeaux. Voilà pourquoi il est devenu nécessaire que les résultats de tous ces travaux soient toujours et intimement confrontés. Avouons qu'il est difficile pour une même personne de maîtriser ces différentes sciences; la collaboration de l'exégète et de l'archéologue est donc une exigence absolue. De toute évidence, Finkelstein l'auteur de La Bible dévoilée ignore les problèmes linguistiques et littéraires d'une part, et il ignore les travaux des exégètes, d'autre part. Une telle négligence a pour conséquence que son livre est une bien mauvaise contribution à l'écriture de l'histoire ancienne d'Israël Qu'en est-il de son travail d'archéologue? Certes, son livre nous présente une bonne synthèse de l'évolution de la culture matérielle de l'ancien Israël. Toutefois, il faut souligner que sa datation des différentes phases de cette évolution lui est souvent propre, et est loin de faire l'unanimité; au contraire, une forte majorité d'archéologues ne peuvent le suivre sur plus d'un point. Sa chronologie fait disparaître le Xe siècle qui est, par hasard, celui de David et Salomon! On sait que des historiens, aussi, doutent de leur historicité. Et pourtant, une inscription récemment découverte (1993-94) mentionne bien le « roi de la maison de David »! Vraiment, nul ne peut prétendre à écrire seul une histoire équilibrée! Monuments et documents sont inséparables dans l'étude des peuples anciens, dont fait partie Israël. Guy Couturier, CSC Source : Bulletin Har'el, automne 2003. Lire aussi : Article précédent
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