chronique
du 26 octobre 2001
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Un sceau et
son énigme Il contemple l'objet insolite... Son authenticité est assurée mais, évidemment, le lieu de la découverte, inconnu. Nous sommes au début des années 60, chez un antiquaire de Jérusalem, et le riche touriste se trouve en présence d'un sceau, unique en son genre, dont il s'empresse de faire l'acquisition. Le sceau (dessous et profil) La pièce a la forme d'un scarabée, comme la majorité des sceaux anciens; elle a été taillée dans une cornaline rouge veinée de blanc. Son état de conservation serait parfait, sans cette petite cassure au coin droit. L'inscription du nom du propriétaire est très claire et se lit LcZRYW HGBH, ce qui signifie À cAzaryô HGBH, le dernier mot étant laissé intraduit, car c'est là une partie de l'énigme! Sous le nom, on a incisé avec beaucoup de précision l'image d'une sauterelle, ce qui complète l'énigme! Seule la forme des lettres permet de dater ce sceau, vu que nous ne connaissons pas le contexte de la trouvaille; sur ce point, il ne fait pas de doute qu'il remonte à la fin du VIIIe siècle avant J.-C.
Reproduction de l'empreinte du sceau Le nom du propriétaire est cAzaryô, ce qui signifie « Yahvé a aidé ». Ce nom est fréquent dans toute l'histoire d'Israël, jusqu'au seuil du Nouveau Testament, puisque le nom de « Lazare » en est l'évolution directe. Sa forme la plus commune est cAzaryahu; ces deux façons différentes d'abréger le nom de Yahvé présentent un intérêt pour l'historien, car la forme -yahu est la seule connue en Juda, au sud, alors que la forme -yô se rencontre souvent dans le royaume du nord, Israël. Une telle particularité linguistique, propre à l'un des royaumes, donne à penser que les divergences culturelles expliquent, au moins en partie, leur schisme à la mort de Salomon en 931 avant J.-C. Cette séparation politique a marqué le reste de l'histoire du peuple de Yahvé. Le deuxième nom inscrit est pour le moins mystérieux : HGBH. D'après la formule classique de ces inscriptions sur sceaux, ce mot doit correspondre au nom du père du propriétaire; on écrit parfois le mot ben (fils) devant ce deuxième nom, mais on l'omet tout aussi souvent. Dans le cas présent, ce mot ne peut représenter un nom propre de personne, car il comporte l'article défini H (le/la); le substantif étant défini (GBH) peut alors référer soit à une fonction, soit à un quelconque qualificatif du personnage. L'idée que GBH puisse correspondre à une fonction n'est pas retenue, car aucun sens de la racine du mot ne permet une telle hypothèse. On se tourne donc vers l'idée d'un qualificatif d'cAzaryô. En lisant le mot comme ha-gôbâh « le grand », on suppose alors que le personnage était de taille imposante! Mais pourquoi alors utiliser un adjectif très rare pour désigner le concept de grandeur? On est donc hésitant à proposer une telle solution au problème. Il semble donc qu'il nous faille songer à y voir l'expression d'un surnom, pour les raisons suivantes. Tout d'abord, pourquoi le propriétaire du sceau a-t-il voulu y faire inciser ce joli motif de sauterelle, qui ne figure que très rarement sur ce genre d'objet? On peut y voir là une intention calculée. En effet, un des mots pour désigner la sauterelle est gôbay (hébreu) et gôbâ (araméen) : d'après les lois de la langue hébraïque, on pourrait aussi bien avoir un gôbâh, qui ne serait qu'une différence dialectique, entre le sud (Juda) et le nord (Israël); n'est-ce pas sur le nord que l'influence de l'araméen a été la plus forte? Ajoutons qu'au IVe siècle avant .J-C. des judéens portent justement le nom de Gôbâ, au temps où la langue araméenne est omniprésente en Syrie-Palestine (Esd 2,45-46; Ne 7,48; etc.). Ainsi, il est proposé de voir dans cette « sauterelle », à la fois sous sa forme écrite et sous sa forme graphique, le surnom d'cAzaryô, pour une raison que l'énigme continuera à nous cacher. Ne serait-il pas possible d'y voir tout simplement un nom de famille? La tentation est forte de le proposer, mais à une date si éloignée cette coutume n'est pas encore connue. Pour l'heure, contentons-nous de l'hypothèse d'un surnom, que le propriétaire a, de plus, choisi comme emblème personnel! L'énigme n'est donc levée que partiellement. Source: Parabole xvii/1 (1994) 20.
Le puits de Jacob
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