Ascension du Christ. Francisco Camilo, 1651. Huile sur toile, 207 x 137 cm. Musée national d’Art de Catalogne, Barcelone (Wikimedia).

Hommage au Roi des cieux : Psaume 47 (46)

Jean GrouJean Grou | 23 mai 2022

Lire le psaume (version liturgique)

Dans un article que j’ai parcouru récemment, un théologien soutenait que l’humilité est une caractéristique intrinsèque de Dieu. S’il en est bien ainsi, il doit être assez mal à l’aise lorsqu’on chante ou récite le Psaume 47 (46). Celui-ci, en effet, ne tarit pas d’éloge à l’endroit du Seigneur. Du premier au dernier verset, c’est la louange! C’est que Dieu est ici célébré en tant que roi, et pas n’importe lequel : il règne « sur toute la terre » (v. 3), il « s’élève au-dessus de tous » (v. 10). Sa grandeur et sa majesté suscitent l’admiration et provoquent le recours aux superlatifs.

Il faut se rappeler ici que ce psaume provient d’un peuple, Israël, qui fut, durant la majeure partie de son histoire, sous la domination de nations étrangères. Dans ce contexte, chanter que Dieu est « celui qui nous soumet des nations, qui tient des peuples sous nos pieds » a quelque chose de subversif. Un peu comme Marie qui, dans son Magnificat, proclame que Dieu « renverse les puissants de leurs trônes [et] élève les humbles » (Luc 1,52). Une façon d’exprimer le refus que les grands de ce monde aient le dernier mot et d’affirmer que la flamme de l’espoir continue de briller contre vents et marées.

Dans une autre optique, la liturgie catholique a retenu le Psaume 47 (46) pour la solennité de l’Ascension. Ce choix s’explique notamment par ces mots du verset 6 : « Dieu s’élève parmi les ovations. » Du même souffle, l’Église proclame qu’en montant aux cieux le jour de son ascension, le Christ réalise l’espérance qui retentit dans le psaume. Plus encore, il est ce roi qui règne « au-dessus de tous » (v. 10).

Il faut cependant reconnaître qu’il ne va pas de soi d’appliquer à Jésus certaines expressions du Psaume 47 (46) : « le redoutable », « celui qui nous soumet des nations, qui tient des peuples sous nos pieds », il « est assis sur son trône sacré », etc. Il convient ici de garder à l’esprit que ces paroles proviennent d’un contexte social et religieux spécifique et éviter de les prendre à la lettre. Ce qu’il vaut mieux retenir de ce psaume, ce sont ses appels insistants à célébrer dans la joie, et même bruyamment, le Seigneur qui demande à régner avec bienveillance sur nos vies et nous assurer sa protection et son soutien.

Jean Grou est bibliste et rédacteur en chef de Vie liturgique et Prions en Église.

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Psaumes et cantiques

Trésors de la prière juive et chrétienne, les psaumes n'en demeurent pas moins des textes qui demandent parfois d'être apprivoisés. Cette chronique propose une initiation aux psaumes et à la prière avec les psaumes.