De tout mon cœur, je veux te louer : Psaume 9
1 Du répertoire du chef de chorale. Accompagnement à l'aigu. Psaume appartenant au recueil de David.
2 De tout mon cœur, je veux te louer, Seigneur,
et raconter toutes tes merveilles.
3 Je veux chanter victoire à cause de toi,
et te célébrer par mes chants, Dieu très-haut.
4 Mes ennemis ont fait demi-tour,
ils ont trébuché, ils ont succombé devant toi.
5 Tu m'as fait droit, tu m'as rendu justice ;
sur ton trône, tu sièges en juste juge.
6 Tu menaces ces païens, tu fais succomber ces infidèles,
tu effaces leur nom pour toujours.
7 L'ennemi est réduit à rien, définitivement ruiné :
tu as dépeuplé ses villes, il ne reste d'elles aucun souvenir.
8 Le Seigneur siège sur son trône éternel,
qu'il a dressé pour le jugement.
9 C'est lui qui juge le monde avec justice,
qui arbitre impartialement entre les peuples.
10 Le Seigneur est un refuge pour l'opprimé,
un refuge dans les temps de détresse.
11 Qu'ils comptent sur toi, ceux qui savent qui tu es !
Car tu n'abandonnes pas ceux qui se tournent vers toi, Seigneur.
12 Célébrez par vos chants le Seigneur qui a son trône à Sion ;
parmi les peuples, proclamez ses exploits,
13 car il demande des comptes aux meurtriers,
il se souvient de leurs victimes,
il n'oublie pas les pauvres qui crient vers lui.
14 Accorde-moi ton appui, Seigneur ;
considère la misère que j'endure
par la faute de ceux qui m'en veulent,
toi qui m'arraches aux griffes de la mort.
15 Alors je répéterai tous les motifs que j'ai de te louer.
Dans la communauté de Sion,
je crierai ma joie de t'avoir comme sauveur.
Commentaire
Dans plusieurs Bibles, le Psaume 9 est rattaché au Psaume 10 pour la plus grande confusion des lecteurs qui cherchent une référence dans le livre des psaumes! Ainsi, dans la Bible de Jérusalem, on a collé les psaumes 9 et 10. Par la suite, on obtient la nomenclature suivante : Psaume 10(11), Psaume 11(12) etc. Pourquoi donc ce collage?
Il faut savoir que dans la Bible hébraïque, ces deux psaumes sont indépendants et alphabétiques (chaque verset commence par une lettre de l’alphabet hébraïque : Alef, Beth, etc). Or, cette liste alphabétique commencée dans le Psaume 9 se termine dans le Psaume 10. Les deux créent une unité naturelle si bien qu’on présume, qu’à une certaine époque, il n’y avait qu’un seul psaume. Plus tard, la Septante (version grecque) et la Vulgate (version latine) ont réuni ces deux psaumes pour n’en faire qu’un seul : le Psaume 9-10.
Ce n’est pas la seule surprise que nous réserve le Psaume 9 (selon la version hébraïque). Dès la première lecture, on remarque deux parties distinctes : une action de grâces et une supplication. Il s’agit d’un psaume mixte, mais dans un ordre inhabituel car, en général, on commence par supplier avant de rendre grâce. Ça ressemble un peu à un film dramatique dont on connaît le dénouement dès les premières images… Ajoutons encore que ce psaume est attribué à David, mais on ne connaît pas le contexte historique. Il semble préexilique puisque l’Éternel réside toujours à Sion, ce qui laisse supposer que le Temple n’est pas encore détruit.
2 De tout mon coeur, je veux te louer, Seigneur,
et raconter toutes tes merveilles.
Chaque fois qu’il est question des « merveilles » de Dieu dans la liturgie juive, on réfère d’abord aux « merveilles » qu’il a accomplies lors de la sortie d’Égypte. Le Psaume 106 va détailler ces merveilles opérées par le Seigneur au temps de Moïse. Elles sont évoquées dans un chant célèbre utilisé lors du Seder pascal : Dayenou (Cela aurait suffit…)
Voici ces prodiges opérés par le Seigneur « à main forte et à bras étendu » :
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Châtiment contre les Égyptiens
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Châtiment contre leurs dieux
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Châtiment contre les premiers-nés (tuer le mal dans la racine)
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Dépossession de leurs richesses…. Passés entre les mains des Israélites
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Avoir fendu la Mer Rouge en deux parts
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Avoir traversé à pied sec
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Avoir noyé ses oppresseurs
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Avoir pourvu à leurs besoins dans le désert (cailles & manne)
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Avoir donné le shabbat (pour le repos)
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Avoir conduit le peuple au Mont Sinaï
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Avoir donné la Loi
- Avoir conduit le peuple jusque dans la Terre Promise.
10 Le Seigneur est un refuge pour l'opprimé,
un refuge dans les temps de détresse.
Des merveilles, le Seigneur en accomplit encore maintenant car il offre un « refuge » à l’opprimé. Le mot « refuge » a une connotation particulière pour David : lorsqu’il a fui devant Saül qui voulait le tuer par jalousie, il a trouvé refuge dans les rochers calcaires d’En-Gaddi, sur les bords de la mer Morte. C’est dans ces rochers criblés de grottes et d’abris naturels que David a pu se cacher.
Le thème du Seigneur-Rocher trouve ainsi son origine à la source d’En-Gaddi. Plus tard, le Rocher évoquera également le Mont Sion, sur lequel Salomon construisit le Temple de Jérusalem. Il avait placé l’arche d’Alliance dans le Saint des Saints, signe de la présence divine parmi son peuple. Vu sous cet angle, le Seigneur-Rocher devient davantage un signe de « solidité » plutôt qu’un signe de protection. « Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes » (Ps 117,8).
7 L'ennemi est réduit à rien, définitivement ruiné (…)
13 car il demande des comptes aux meurtriers,
il se souvient de leurs victimes,
il n'oublie pas les pauvres qui crient vers lui.
Selon le dualisme bien connu dans la Bible, il y a les bons et les méchants. Les méchants sont écrasés et les bons sont exaltés À défaut d’être complet, ce schéma est clair. Israël est sans cesse placé devant un choix : la bénédiction ou la malédiction. La voie du juste mène à la bénédiction; la voie du méchant mène à la malédiction. Israël est invité à marcher dans le droit chemin et à mettre sa confiance dans le Seigneur.
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Que ton nom est magnifique : Psaume 8
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