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Les Psaumes

 

David
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chronique du 19 octobre 2007
 

Le Seigneur élève les humbles : le cantique d’Anne

L’enfance du prophète Samuel est racontée dans le premier des livres qui portent son nom. Ce récit permet au lecteur de la Bible de connaître Anne, une figure de femme et de mère parmi les plus intéressante de toutes les Écritures. Elle est décrite comme une femme de foi. Son mari Elcana a deux femmes : Anne et Pennina. La présence de la deuxième épouse s’explique peut-être par le fait que Anne ne donnant pas d’enfant à son mari, il aurait pris une seconde épouse afin d’obtenir une descendance, comme l’avaient fait avant lui Abraham et Jacob. Anne a fait une prière ardente dans un pèlerinage  annuel à Silo : elle a demandé à Dieu de faire que sa stérilité soit guérie. Sa douleur de ne pas être mère était d’autant plus grande que Peninna avait plusieurs enfants et ne se privait pas de sarcasmes envers la première épouse.

     La prière de Anne a été une prière digne de mention car elle a été une prière silencieuse. Le prêtre Héli, le desservant du sanctuaire de Silo, observait Anne dont les lèvres bougeaient, et il croyait qu’elle était ivre. À une époque où la prière était toujours dite à voix haute, la prière personnelle et privée de Anne était donc une innovation. Elle était vue avec scepticisme par le prêtre, mais Anne priait visiblement avec la conviction que Dieu écoutait la prière d’une pauvre femme, même si elle ne priait pas selon les schèmes d’action habituels de son temps contrôlés par l’autorité compétente. Sa manière de faire paraissait une anticipation de la parole des prophètes qui ont remis en question le formalisme du culte d’Israël. Anne unit son action de grâces à celle des guerriers qui ont conquis la Terre sainte pour Israël. La traduction vient d’une version du XVIIe siècle par Le Maître de Sacy.

1 Mon coeur a tressailli d’allégresse dans le Seigneur,
Et mon Dieu a relevé ma gloire
Ma bouche s’est ouverte pour répondre à mes ennemis,
parce que je me suis réjouie dans le salut que j’ai reçu de vous

2 Nul n’est saint comme le Seigneur,
car il n’y a point , Seigneur, d’autre que vous,
Et nul n’est fort comme notre Dieu

3 Cessez donc à l’avenir de vous glorifier avec des paroles insolentes
Que votre ancien langage ne sorte plus de votre bouche,
parce que le Seigneur est le Dieu de toute connaissance,
Et qu’il pénètre le fond des pensées

4 L’arc des forts a été brisé, et les faibles ont été remplis de force

5 Ceux qui étaient auparavant comblés de biens, se sont loués pour avoir du pain,
Et ceux qui étaient pressés de la faim, ont été rassasiés
Celle qui était stérile est devenue mère de beaucoup d’enfants
Et celle qui avait beaucoup d’enfants est tombée dans l’impuissance d’en avoir

6 C’est le Seigneur qui ôte et qui donne la vie,
Qui conduit aux enfers et qui en retire

7 C’est le Seigneur qui fait le pauvre et qui fait le riche,
C’est lui qui abaisse et qui élève

8 Il tire le pauvre de la poussière et l’indigent du fumier,
pour le faire asseoir entre les princes,
et lui donner un trône de gloire.
C’est au Seigneur qu’appartiennent les fondements de la terre
Et il a posé le monde sur eux

9 Il gardera les pieds de ses saints,
Et les impies seront réduits au silence dans leurs ténèbres,
parce que l’homme ne sera point affermi par sa propre force.

10 Les ennemis du Seigneur trembleront devant lui; il tonnera sur eux du haut des cieux.
Le Seigneur jugera toute la terre;
il donnera l’empire à celui qu’il a fait roi:
et il comblera de gloire le règne de son Christ.

     La prière de Anne comme mère résume la suite des événements. Dieu a répondu à sa demande d’être délivrée de la stérilité. L’union de Elcana et Anne a finalement donné la vie à celui que Anne a nommé Samuel. Elle a fait acte d’autorité en donnant son nom à l’enfant, ce que son mari a accepté de bonne grâce, semble-t-il. Il acceptera de la même façon la réalisation du voeu que sa femme a professé, celui de consacrer l’enfant à Dieu pour le service du sanctuaire. Elle avait fait part de son intention en disant à Elcana : Quand l’enfant sera sevré, je l’emmènerai : il sera présenté au Seigneur, et il restera là pour toujours.

     Anne n’a pas voulu participer au pèlerinage annuel tant que Samuel n’a pas été sevré. Ceci a sans doute été une mesure de prudence pour qu’on n’eut pas à trouver une nourrice. Le premier livre de Samuel raconte le voyage de Anne, de Elcana et de l’enfant à Silo.  On met en relief la grande valeur du sacrifice d’action de grâce qui a été offert puisqu’il s’agissait d’un taureau de trois ans, d’un sac de farine et d’une outre de vin. Le couple a démontré ainsi sa reconnaissance envers le Seigneur. Surtout, l’offrande de Samuel enfant pour le service du sanctuaire a fait la preuve d’une exceptionnelle sincérité dans la prière de Anne, comme de la communion de pensée de Elcana sur ce point de leur vie conjugale.

     Aujourd’hui quoi conclure? Consacrer un enfant à Dieu pour toute sa vie, renoncer à le voir grandir près de soi et ne le rencontrer que rarement, n’est pas une mince affaire. Bien que les parents de Samuel aient certainement eu beaucoup confiance en Héli, le prêtre, comme éducateur de Samuel, on devine que la décision du couple d’accomplir le voeu de Anne  a été difficile. On peut admirer le dialogue du couple dans la décision commune touchant leur enfant. Un fonds solide de foi dans le Seigneur a sans doute aidé le projet du couple. Voilà une leçon très actuelle. On peut ajouter que la prière de cette mère a fourni des mots pour le Magnificat de Marie mère de Jésus.

Pierre Bougie, PSS

 

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Le Psaume 109 (110) et l’amour de dilection pour un fils